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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Supertramp

Crime Of The Century

LabelA&M
styleRock Progressif
formatAlbum
paysAngleterre
sortiejanvier 1974
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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Cette pochette vous parle, vous rappelle une pub ou des souvenirs d'enfant. Avouez que ses deux mains venant de nulle part agrippées aux barreaux d'une fenêtre flottant dans le vide interstallaire a marqué les esprits. A commencer par moi qui pourtant n'ai aucune accoutumance particulière avec le groupe. Quand je songe à Supertramp, je me rappelle d'un pub, il y a bien quinze ans où on voyait la pochette qui m'avait fasciné quand j'étais gamin. Il a quand même fallu de longues années pour que je retombe dessus et un peu par hasard : Un conseil de ma mère. Oui, c'est bien ma mère, qui écoute le dernier album de Gérard Lenorman, Téléphone et qui a eu un faible pour les Poetic Lovers fut un temps, qui m'a précipité vers Supertramp car « à la vue de mes goûts, je devrais aimer ». C'est bien la première fois, qu'elle me donne un conseil judicieux en matière musical car j'ai aimé ce que j'ai entendu et comme 87 n'a pas le monopole des insultes, j'ai décidé de vous faire profiter de ma vision de cet album.

Ce qui est drôle, c'est que je n'ai jamais vu un groupe se vanter d'avoir Supertramp alors que c'est un groupe qui a donné naissance à certaines des plus belles perles du Rock Progressif. Oui, car Supertramp - contrairement à ce que beaucoup pourraient penser – ne jouait pas de la Pop à deux balles mais bien, du Rock Progressif. C'était, certes un peu particulier pour l'époque dans le sens où c'était un des rares groupes à ne pas sombrer dans les morceaux longs à outrance (comme un Yes une année auparavant, par exemple). Supertramp en 1974, c'est une volonté faire rimer richesse avec accroche, à l'instar d'un Queen plus tard. Ce qu'il l'aide, c'est sa formation classique particulière aussi polyvalente que talentueuse et pour la première fois réunie avec cette réalisation. Derrière ce groupe, ce sont déjà deux noms : Rick Davies (clavier, piano, Harmonica et chant) ainsi que Roger Hodgson (qui possède la guitare, le piano, la basse, le chant et le violoncelle à son bagage de musicien). A coté d'eux, on retrouve un bassiste (Dougie Thomson), un batteur (Bob Siebenberg) et plus étonnant, un saxophoniste (John Helliwell).

Crime Of The Century est le troisième album d'un groupe qui a mis les moyens pour obtenir un résultat des plus intéressants. Le son est, pour l'époque, plutôt grandiose et chacun des instruments est à sa place. Cela doit être un régal de l'écouter en vinyles. Malheureusement, ce n'est qu'une version cd (très ancienne) que ma môman d'amour m'a prêté. Avec les moyens qu'avait le groupe, il n'est pas anormal que trente-cinq ans plus tard, certains airs soient devenus des classiques que TOUT LE MONDE a eu dans la tête à commencer par « Dreamer », tube incontournable du groupe qu'on a pas mal bouffé ou encore le début de « Bloody Well Right » que tout fan de Vache Qui Rit doit connaître puisque c'était la musique de la pub (un peu comme Allianz avec le « Owner Of A Lonely Heart » de Yes). Que vous le vouliez où non, vous avez forcément déjà entendu un de ses deux titres, ce qui n'est pourtant pas la crème de l'album.

Multi-instrumentiste, la paire Davies – Hodgson ne met pas en avant un instrument plus qu'un autre. Ce qui est un peu désarçonnant avec Crime Of The Century, c'est la place donner aux guitares qui ne sont qu'un instrument parmi d'autres et qui font rarement parti des moments clefs de l'album. Je reproche quand même à Supertramp d'en avoir un peu trop fait ici. En effet, malgré des durées courtes, les morceaux n'ont pas la structure classique du refrain couplet (sauf exceptions comme « Asylum » par exemple) et malgré des écoutes incessantes de l'album, trois morceaux sur huit, rentrent par une oreille et ressortent aussitôt par l'autre car ils sont trop fouillés et manquent d'accroche et d'âme. Il s'agit de « Hide In Your Shell », « Ruby » et « If Everyone Was Listening » qui porte bien son nom tant elle est faible par rapport au reste. Après, il y a le problème « Dreamer » qui, malgré ses airs à la Yes (La voix d'Hodgson fait on ne peut plus penser à celle de Jon Anderson), souffre du syndrome du trop entendu depuis que je suis petit. Même les jeux entre les chants de Davies et d'Hodgson deviennent éreintants à force.

Ensuite, on a les deux très bons morceaux que sont « Bloody Well Right » très heavy à la manière d'un Queen et un jeu de rôle entre les voix succulents et « Asylum » où je jurerais entendre Elton John sur le refrain (ce n'est que Rick Davies). Les jeux entre les deux membres légendaires prennent une place très importante dans la Musique du groupe mais pour moi, ce n'est pas ça qui va faire la grandeur de cet album.

Crime Of The Century est un album culte non pas parce qu'il est parfait - au contraire, il est plus humain que divin – mais bien parce qu'il contient deux titres archi-cultes dans l'Histoire du Rock. Ce n'est pas moi qui vais contredire cette vérité absolue, ni vous quand vous aurez écouté chacune des extrémités de l'album. C'est peut être ça aussi le défaut de Crime Of The Century, contenir certains morceaux tellement divins que le reste ne fait office que de faire valoir. Bref, venons en à ces deux morceaux.

L'album s'ouvre avec « School » sur un Rick Davies qui se la joue Enio Morricone avec son harmonica (un passage culte pour les connaisseurs) qui devait en dresser des poils pendant les concerts de l'époque. Puis vient un couplet avec des accents Funky (notamment la guitare) laissant planer un climat de mal être et ensuite... L'instant de grâce entre Rick et son piano. C'est exquis, merveilleux, *placé les expressions les plus dithyrambiques qui soient ici *... Cela me rend toute chose rien que d'en parler, ce qui n'est pas peu dire. Franchement je comparerais ce passage aux plus grands moments de Pink Floyd (qui n'auraient pas sorti un certain « Another Brick In The Wall » portant également sur l'éducation quelques années plus tard ?), de Yes, de Black Sabbath ou encore au « Stairway To Heaven » de Led Zeppelin sans hésiter.

Et ça serait la même chose pour « Crime Of The Century » (le morceau cette fois-ci) et ce final absolument grandiose en guise d'apothéose orgasmique et lacrymal qui nous condamne à la peine de mort. Avant cela, Roger Hodgson nous délivre un superbe et déchirant solo de guitare (qui sont rares sur cet album). Et puis , la doublette Hodgson-Davies nous accompagne à la potence avant que John Helliwell et son saxophone viennent nous achever doucement, délicatement, sensuellement mais surement.

Je suis en train de me dire que la fin de ma chronique ne sera jamais à la hauteur de la cheville de ce morceau et pourtant, je me dois de le faire. Que devrais-je dire ? Que Supertramp vaut infiniment mieux qu'une blague sur Bertrand Cantat ? C'est certains. Que je suis déçu de ne pas avoir été les voir lors de leur reformation en 2011 alors que Roger Hudgson n'était pourtant pas de la partie ? C'est un euphémisme. Je rêve d'entendre un jour ces deux titres en live et si c'est possible avec la paire Hudgson – Davies. Bref Crime Of The Century malgré cette note quelque peu basse, est un album culte et vous vous devez de l'écouter.

1. School
2. Bloody Well Right
3. Hide In Your Shell
4. Asylum
5. Dreamer
6. Ruby
7. If Everyone Was Listening
8. Crime Of The Century