Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Primal Age

The Gearwheels of Time

LabelDeadlight Entertainment
styleEdge Metal
formatAlbum
paysFrance
sortieseptembre 2010
La note de
U-Zine
9.5/10


U-Zine

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Dans le petit monde du Hardcore Français, l'année 2007 a marqué le retour d'un groupe important de la fin des années 90 : les Ebroïciens (Évreux, pour les cruches) de Primal Age. Formé en 1997, le groupe a sorti deux ans plus tard un MCD tueur intitulé The Light to purify, dont les titres, lorsqu'ils sont joués en live aujourd'hui, n'ont rien perdu de leur rage et de leur énergie Edge Metal. Mais après ce MCD et une palanquée de concerts en Europe, Primal Age s'est fait plus silencieux.
Pour expliquer cette longue absence, je me dois de citer ici un autre groupe (que vous vous devez d'aller écouter illico) : Absone. En gros, Absone c'est on prend les mêmes et on recommence. Plusieurs des membres actuels de Primal Age ont pris part à ce projet pour accoucher en 2001 d'un disque brutal et surpuissant, A Last Kiss Before. L'accueil dithyrambique de ce dernier a poussé les membres du groupe à poursuivre l'aventure Absone. Mais je digresse...
Retour en 2007 donc, depuis deux années Primal Age a refait surface avec la réédition du MCD et pas mal de dates en France, mais surtout la composition d'un nouvel album : A Hell Romance. Une galette sortie chez Customcore qui semble avoir fortement marqué les esprits par son mélange furieux et dosé de Metal et de Hardcore, une voix puissante, des musiciens solides et un son massif. Fort de ce retour très bien accueilli, le groupe s'est remis à composer et est entré en studio à l'été 2009 sous la houlette de Thomas Tiberi pour une sortie un an plus tard, en septembre 2010.


The Gearwheels Of Time, voilà le nom de la bête. Une horloge que l'on remonte et les premières notes d'A Fire consumes my heart déferlent pour prouver que le temps n'a pas d'effet sur cette locomotive du Hardcore hexagonal. Riff implacable dès le début, batterie sèche, tempo rapide comme il faut et breaks plus qu'efficaces : en route pour quarante minute de moulinets et de démontage de cervicales. Un premier titre qui annonce parfaitement la couleur de l'album.
L'intensité ne faiblira pas sur les deux titres suivants, bien au contraire. Genetically Murderer Organism est même l'un des temps forts de ce disque, varié et énergique à souhait avec un plan venu d'un autre monde, plus que jouissif, mais je vous laisse la surprise.
Le style est le même que sur l'album précédent, à peu de choses près, à savoir un Metal Hardcore qui n'y va pas par quatre chemins, direct et incisif, mais en (encore) mieux. J'aime beaucoup A Hell Romance (Kiss sentence for your funeral quoi!), mais il me semble moins facile d'accès et manque un peu de limpidité. A Hell Romance avait peut-être un côté plus démonstratif et plus chargé techniquement. Ce à quoi je préfère l'aspect « retour aux sources », épuré, de ce nouveau carnage.

La voix de xDidierx, assez particulière, n'a rien perdu de sa hargne, au contraire, on note une progression assez flagrante dans la puissance et l'utilisation du chant par rapport aux précédentes sorties du groupe... Sur certains plans on a le sentiment que, porté par ses textes engagés et militants (le groupe est fervent défenseur de la cause animale, notamment), il pousse sa voix quasiment jusqu'à la rupture. Ajoutez à cela quelques growls et les indispensables chœurs (Nothing to lose, Opposite Forces, etc.) et vous aurez une idée du dynamisme vocal de cet album.
Les musiciens ne sont pas en reste, on sent que ça commence à faire pas mal de temps qu'ils jouent ensemble car le tout est d'une cohérence assez nette. Mehdi, le batteur, s'en donne à cœur joie dans des styles différents, tantôt Hardcore, tantôt Metal : blasts, double pédale, rythmique martiale sur le début de What makes us submit ourselves, etc. Tout y passe. Je ne vais pas m'étaler sur la qualité des riffs et mélodies de cet album mais le degré d'efficacité que les gratteux ont atteint sur certaines compositions est assez impressionnant.
Le tout est servi par un son excellent, pas surproduit, sans effets de styles qui auraient pu nuire à la qualité intrinsèque des morceaux. Chaque élément est parfaitement audible et le mix me paraît tout à fait juste.

Afin d'aérer l'ensemble, le groupe a judicieusement placé deux incursions instrumentales plus posées rythmiquement et dont l'ambiance se révèle assez sombre : Symphony Of Dreams, où seule la basse est présente, et le très mélancolique The Dead Shell. Le titre Underworld reprend aussi ce thème un peu triste, désillusionné, mais à la sauce Hardcore Metal cette fois-ci, et c'est au moins aussi efficace.

Les titres s'enchainent et s'ils s'inscrivent tous dans ce registre Edge Metal (qui peut faire légèrement penser à All Out War pour la lourdeur de certains breaks, à Sentence, voire aux premiers Maroon), on n'est loin d'être face à un monolithe indigeste. Les compositions sont suffisamment variées et travaillées pour ne pas susciter l'ennui ou l'impression de redite. Certains passages sont même de véritables menaces pour votre santé mentale (le début d'Opposite Forces, autre grand moment de l'album, l'enchainement Nothing to.../My Dear Freedom, The Eternal Struggle, etc.) et peuvent causer des lésions irréversibles, voire un sentiment de manque si les écoutes sont trop espacées.

Même si la patte Primal Age est désormais clairement imprimée, les deux influences majeures, et ce n'est pas un secret, restent Morning Again et Arkangel. Il y a pire non? On pense au premier pour l'aspect mélodique de certains arpèges, pour l'énergie et la sincérité déployées dans la voix, et au second pour son riffing Metal incisif et possédé ainsi que ses rythmiques folles. Et pour couronner le tout, The Gearwheels of time se clôt sur une reprise plus que réussie des Floridiens, Dictation Of Beauty, en featuring avec l'impressionnante chanteuse du groupe Tears Of Pride, Mélanie.


Sincèrement je n'ai rien à redire sur cet album, qui est pour moi le disque de l'année 2010. The Gearwheels Of Time, par sa filiation affirmée avec le Metal Hardcore des années 90, sa rage et sa détermination ainsi que cette facette plus lisible et aussi moins technique de prime abord, se démarque de son petit frère A Hell Romance, auquel j'aurais mis deux points de moins si j'en avais rédigé la chronique. Treize titres pour presque autant de claques dans la gueule et de douleurs articulaires. Et pour avoir eu l'occasion de constater plusieurs fois l'efficacité de ces titres en live je ne peux que vous ordonner d'aller les voir si ces gars-là passent par chez vous. Un album intelligent qui tabasse comme il faut mais qui installe aussi une atmosphère particulière assez rare dans ce type de Hardcore. A conseiller à tous les amateurs d'Edge Metal, une oeuvre musclée et maîtrisée d'un bout à l'autre.
Un sacré coup de maître.


1.A fire Consumes My Heart
2.Eyes But No Sight of Bleeding
3.Genetically Murderer Organism
4.Symphony of Dreams
5.Nothing to...
6.My Dear Freedom
7.What Makes Us Submit Ourselves
8.Underworld
9.Opposite Forces
10.The Dead Shell
11.Hand of Hope
12.The Eternal Struggle
13.Dictation of Beauty