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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Eating Shit

Bon Appétit

LabelAutoproduit
styleGrindcore
formatAlbum
paysFrance
sortiejuin 2011
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Parfois j'ai honte de moi. Parfois j'ai honte des écrits que j'ai osé vous pondre, souvent même. Parfois j'ai honte d'avoir suivi un concert d'un œil à peine éveillé pour vous vomir un point de vue à peine avisé. Et parfois j'ai honte de mes confrères. J'ai honte de vous. J'ai honte de vous quand le lecteur lambda me dit : « c'est à se demander si le chroniqueur il a écouté notre cd ». J'ai honte de vous quand vous crachez votre frustration de metaleux débile qui s'est découvert une passion pour le Black Metal à 15 ans parce-que la meuf qu'il voulait tringler ne voulait pas de lui, parce-que elle, elle avait du goût. J'ai autant honte de vous quand après avoir laissés pousser vos cheveux deux ans jusqu'à la nuque (quelle performance) vous vous rasez la tête car ça vous fait trop une tête de cul. Épris de passion pour le troisième Reich soit pour un nouveau pti cul soit par frustration encore plus grande d'un monde qui vous dépasse, et surtout intellectuellement, vous voilà construits, du moins c'est ce que vous pensez. Ca y est, j'écoute du metal depuis deux ans, chuis un chaud. Je sais tout, je connais tout. J'ai lu trois paroles débiles d'un groupe dépressif à chier qui cite Verlaine et je suis un érudit saturnien. Tu ne peux pas test' ma culture. Jusqu'au jour où je rentrerai enfin à mon école de commerce et que je me prendrai ma première bite dans le cul. Jusqu'au jour où je me ferai humilier par une pauvre gamine passionnée de lettres anciennes devant tous mes copains. Mais en attendant, je me dois d'utiliser mes quelques années de gloire au plus vite pour cracher ma haine préfabriquée et faire semblant de briller en société, ma torche bien profondément carrée dans le cul.

Je dédie cette chronique à une autre personne qui s'est amusée au même jeu que moi, c'est à dire chroniquer le dernier Eating Shit. Sa chronique est une honte. Non pas parce-qu'il n'a pas aimé l'album, ma mère a également trouvé ça ignoble (véridique). Seulement parce-qu'aveuglé par sa propre vanité, il n'a pas daigné faire son travail correctement. Voyageur aprioriste, voguant de clichés les plus désespérants les uns que les autres, il est passé à côté de quelque-chose d'essentiel en tant qu'appréciateur de la musique ; tout simplement en parler. T'as juste rien compris au skeud que t'avais dans les mains gros. A mon tour de tirer la chasse sur ton torchon. On est tous la merde d'autrui, n'est-ce pas ?

Après avoir chier cette bouse d'introduction, on va parler plus en détail du dernier Eating Shit, restons dans le ton.

Eating Shit est un groupe de Grindcore à BAR qui rentre dans le lard à 666km/h. Le Grindcore est une très vaste famille qu'il faudrait commencer à sérieusement diviser. Lorsque que je vois que certains peuvent se permettre de comparer Gronibard et Ultra Vomit avec le dernier Eating Shit. mes yeux me piquent. J'aurais raconté le même genre de conneries il y a quelques années en soirée mondaine, mais c'est inacceptable venant de la part d'un gars qui est censé avoir du recul sur la musique et conseiller les gens. Loin de l'humour potache des deux autres groupes précités, Eating Shit cache derrière sa violence musicale ou sa mise en forme enjouée, des messages bien loin d'être marrants (encore faut-il comprendre l'anglais et / ou le second degré). Tendances consuméristes, spécisme ou encore éthique animale et humaine sont tant de sujets relevés par le groupe qui couvriront la plus grande partie de la galette. Mais bordel, si ma chronique prend un ton rabat-joie c’est juste à cause d'une baltringue, je me dois quand même de noter les quelques conneries, quoique très sensiblement, éparpillées tout au long de la galette. En voilà du préjugé du « Grindcore = lol », même si mieux vaut rire qu'en pleurer, mieux vaut vomir qu'en manger. T'aimes ça la merde !

« Bon appétit », titre hautement intellectuel de ce nouvel album, est une belle galette de 17 merdes servies sur un plateau doré que vous prendrez sans aucune délicatesse directement dans la gueule. En effet, le groupe se fait fi d'épargner vos douces oreilles pour balancer le tempo à 666BPM dans vos tronches de pucelles. Programmée sous Music 3000 sur Playstation 2 (non vous ne rêvez absolument pas!), la BAR va à donf de chez à donf pratiquement non stop. Le peu de vacances auditives qu'elle pourrait vous lâcher sont soit pour un simili Hard Tech soit pour un puka bien placé. Faut bien laisser une place pour la danse. Le son est tellement synthétique qu'on a très souvent l'impression d'écouter un morceau de The Berzerker. Et perso, j'irais pas m'en plaindre ! Après une intro mal accentuée à mon goût, vous aurez un mur du son à briser d'un coup de tête. Vous voilà prévenus. Quelques nuances pour des passages plus Hardcore ou autres samples viendront un peu adoucir l'écoute, mais quitte à me répéter, c'est principalement de la violence qui vous attend. Eating Shit, 100% blast.

S'il y a des musiciens dans l'assemblée... je les plains. Inutile de s'attendre à une technicité de ouf chez Eating Shit, tout est accentué pour répondre à un soucis de vitesse, pas à un soucis de faire un truc à la mode en polyrythmie chiante de mes couilles. Si t'es réfractaire à t'en prendre plein la gueule tu te casses tout de suite. Les riffs ne sont donc pas super profonds, pas super riches et pas super variés même. Et en vrai on s'en bat franchement les burnes. Ils sont incisifs et répondent à la boite à rythme. J'verrais pas l'intérêt des gratteux de Meshuggah dans un album de Mortician perso. Plein d'effets un peu chelou seront permis tout au creux de la galette. La prod' ultra électronique du skeud s'y prête de toutes façons très agréablement. Ainsi faut pas s'étonner si les guitares sonnent comme une télé qui a du mal à capter la TNT (si je compare avec un lapin qui se fait électrocuter dans un grille-pain je vais me faire engueuler). Je parle même pas du chant gerbé qui parfois tapine du clair pour se faire comprendre... mais que pendant les passages pas intellectuels (ce serait trop facile sinon). Bref, comme moi vous retiendrez « Bière-Vodka-Bière » en refrain qu'on chantonnera tous amoureusement lors de leur prochain live. Ouai non parce-que les zicos osent quand même se produire sur scène. C'est une honte. En plus Ultra Vomit le fait déjà. Vous avez pas l'impression de tout repomper les gars ?

Vous l'aurez compris, ce skeud est un truc de déjantés fait pour les déjantés. Si vous avez l'ouïe fine, cassez-vous ; si vous aimez pas la violence déraisonnable et exubérante, cassez-vous ; si vous êtes prompt de la prod' polonaise, prenez vous en à Mulk ; si vous aimez l'art et les jolies pochettes photoshop, insultez-moi en allemand ; si vous êtes kéblo du metal comme les 3/4 des grignous qui vont au Wacken, bref vous avez pigé. Cet album est une ode au malpropre, ça chie de la merde et ne tire même pas la chasse en partant. Ca vous enfume le crane et même ça, ça le fait mal, rien que pour vous emmerder un peu plus. Ayant des goûts de merde et un penchant pour l'antimusique, si je devais me prononcer un peu plus subjectivement encore à ce moment précis je ne dirai qu'un truc : putain comment c'est gratuit, j'adore !

« Des goûts et des couleurs on ne discute pas... Mais nous ne faisons que cela» - Friedrich Nietzsche.

Nietzsche tu dois connaître, je t'ai vu devant la fnac mercredi après-midi dernier avec un livre de lui tenu à l'envers dans tes mains. Tu peux aller vérifier sur wikipedia si son nom s'écrit bien comme ça, on ne sait jamais.

PS : Ultra Vomit ce n'est pas du Grindcore.

1. Intro
2. Bon Appetit
3. Bioman
4. ES 49
5. Green Green
6. The Return of Bioman's Vengeance
7. Kurt
8. Between the Buckethead and You
9. Hung(a)ry True Colors
10. Bluefin Tuna
11. Fast Blood
12. Kiki et la Mayo
13. We Are the Vegans
14. Puke Me I'm Famous
15. Ile Flottante
16. Outro
17. Digestif: Bethléem Remix