Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Yes

Fly From Here

LabelFrontiers Records
styleRock Progressif
formatAlbum
paysAngleterre
sortiejuillet 2011
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Yes, en voilà un groupe oublié. Quand on parle à une personne d'un age avancé et qu'on lui dit qu'on aime Yes, il répond aussitôt « oui Yes c'est bien mais ils ont pas du sortir beaucoup d'albums »... Trop de gens pensent que la formation britannique n'a sorti qu'un album, 90125, et son fameux tube « Owner Of A Lonely » qu'on peut entendre un peu partout en tant que génériques d'émissions (Rires & Chansons, M6, etc...). Comme c'est souvent le cas avec des gros hits, ils ne sont absolument pas représentatifs du reste de la carrière du groupe. Voila un long paragraphe pour vous montrer qu'écouter Yes, c'est n'est pas aussi « in », pas aussi « cool » à cause de choix préjudiciables que d'écouter Pink Floyd, Genesis ou King Crimson mais c'est un passage obligé pour tous les Progueux dans l'âme.

C'est pour quoi la sortie du vingt-et-unième (!) album de la bande de Chris Squire est un événement. Enfin, tout est relatif, malgré une tournée française en fin d'année 2009 dont un concert mémorable pour moi au Zénith de Rouen devant un comité restreint (Steve Howe et Chris Squire a un mètre de moi, ça n'a pas de prix), Fly From Here n'a pas eu l'impact médiatique qu'un nom aussi mythique aurait du obtenir. Peu importe, il est là devant mon nez et cette superbe pochette, toujours signée Roger Dean, me fait de l'œil, il est, part conséquent, temps de poser son oreille sur l'album sans vraiment sourciller.

Mais d'abord, il faut rappeler le contexte de la sortie de Fly From Here. Cet album est composé du morceau titre durant près de vingt-quatre minutes découpé en six parties. Ce titre ne sort pas de nulle part, il a été composé par le groupe au lendemain de la sortie de Drama en 1980 et a même été joué en concert à cette époque sauf qu'il n'a jamais enregistré en studio. La possibilité d'un enregistrement est resté dans le coin de la tête de Chris Squire. Et finalement trente ans plus tard en profitant du fait que ni Rick Wakeman, ni Jon Anderson ne sont encore membres de Yes il est allé revoir le producteur Trevor Horn et pour finaliser le projet. En effet, l'ancien chanteur de Yes ainsi que de The Buggles n'est autre que l'un des auteurs de cette fable. La vie faisant bien les choses, Oliver Wakeman (le fils de Rick) a quitté le groupe durant l'enregistrement et c'est Geoff Downes, ancien claviériste de Yes sur Drama et de The Buggles qui est revenu aux affaires comme, il y a trente ans. Ce qui change, cette fois, c'est que ni Jon Anderson, ni Trevor Horn ne seront derrière le micro. Ce sera ce coup-ci Benoit David, l'ancien chanteur de Mistery qui avait participé aux dernières tournées du groupe. Vous vous rappelez surement de son joli accent québécois lors de la tournée française. Il aura donc la lourde charge de passer derrière Jon Anderson...

Nous avons donc tous les éléments en main pour nous jeter dans la gueule du loup et apprécier ce qu'on entend. Et que c'est bon de retrouver ce son. Certains - Jon Anderson, le premier - s'en plaindront mais moi, directement, j'ai accroché à ce son. Ce son kitsch, aérien et chaleureux avec pleins de claviers. Ce son tellement ensoleillé qu'il t'illumine les pensées. Ce son qui te fait un bien fou au moral. Bref, du Yes, j'en ai bouffé et pas qu'un peu et à chaque fois, même dans les albums les plus ennuyeux, j'ai toujours aimé ce son. Je ne vous raconte pas ma joie à la première écoute de Fly From Here quand tout me semblait beau, sans fausse note. Putain c'est Yes quoi! J'étais redevenu cet enfant qui venait de recevoir son tout nouvel Action Man (Oui, je deviens vieux) à ajouter à sa collection, le redécouvrant comme si c'était le premier qu'il n'avait jamais eu avec ses charmes et ses faiblesses.

Bien sur, j'ai beau être un jeune fan de la formation, je ne suis pas complètement borné et je reconnais que ce Fly From Here, qui arrive dix ans après Magnification, est un bon album mais est bien loin des classiques du groupe malgré une volonté de tous les instants. J'aime beaucoup le morceau titre, par exemple, mais j'ai connu Yes bien plus fluide dans ses enchainements. Les parties n'ont pas toujours de passerelles entre elles et je me demande même ce que vient faire la rigolote « Bumpy Ride » au milieu de tout cela. Chose dommageable car ce morceau est parsemé d'excellents passages rappelant « Machine Messiah ». Les claviers sont présents, voire trop au point de laisser le génie de Steve Howe de coté. Le guitariste n'est pas aux abonnées absents si l'on tend l'oreille mais il n'est pas mis en valeur par le travail de Trevor Horn. Il faut écouter les versions live des morceaux pour se rendre compte que monsieur Steve a fait du bon boulot sur ce Fly From Here alors que d'un autre coté, Chris Squire m'a pas mal déçu. Le légendaire bassiste assure un strict « minimum » (avec talent) et ne cherche pas à faire vrombir sa basse comme à la grande époque. Son style reste reconnaissable mais il joue sans virtuosité et c'est ce qui me chagrine de la part d'un des bassistes que j'admire le plus au Monde.

Je ne suis pas mauvaise langue, Fly From Here possède du charme. Il en a même plus qu'il a de défauts. Déjà, il est jonché de passages canons comme la partie centrale du morceau titre. On repense aux grandes heures du groupe et pas forcément qu'à Drama. J'y vois aussi des sonorités et des enchainements qui pourraient valoir la folie d'un « Siberian Khatru ». De même, la très jolie « Hour Of Need » a de faux airs de « And You And I ». Mais, pour moi, le meilleur morceau reste « Into The Storm » - sur laquelle Chris Squire se lâche un peu plus - et notamment ce pont avec cette mélodie vocale excellente. Benoit David est, par ailleurs, le gros élément de satisfaction et Jon Anderson est, aussi, le premier à le reconnaître, ce n'est pas rien. Il a su faire oublier Jon, comme Trevor Horn en sont temps, l'instant d'un album. Il possède une voix aiguë qui sait se marier parfaitement à la Musique de Yes.

Fly From Here est donc le bon album de Progressif que j'attendais cette année. On sent de la nostalgie dans ce groupe qui n'avance pas vraiment. Toutefois, Yes a encore les pieds sur Terre et reste malgré tout ce qu'on voudra en dire, un groupe offrant beaucoup plus de garanties que le Dream Theater d'aujourd'hui, profondément exaspérant.

01. Fly From Here - Overture
02. Fly From Here - Pt. I - We Can Fly
03. Fly From Here - Pt. II - Sad Night At The Airfield
04. Fly From Here - Pt. III - Madman At The Screens
05. Fly From Here - Pt. IV - Bumpy Ride
06. Fly From Here - Pt. V - We Can Fly
07. The Man You Always Wanted Me To Be
08. Life On A Film Set
09. Hour Of Need
10. Solitaire
11. Into The Storm

Les autres chroniques