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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Electrocution 250

Electric Cartoon Music From Hell

LabelLiquid Note Records
styleCartoon metal
formatAlbum
paysUSA
sortiejanvier 2004
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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Il est toujours agréable de s’autoriser de petites entorses à ses propres convictions. Cela permet de justifier l’adage selon lequel l’exception confirme la règle et de s’ouvrir à de nouvelles choses, de nouveaux horizons.

Car, pour être honnête, la branlette de manche, le déballage gratos de technique de gratte, de drums, ou de basse, cette espèce de concours de bites visant à scander à la face du monde ‘t’as vu comment j’ai descendu ma gamme ‘achement plus vite que toi ?’, ça me fait copieusement chier. L’aspect purement musical est écarté au profit d’une exécution vive et certes impressionnante, négligeant à l’occasion tout sentiment, toute immersion. L’auditeur devient plutôt spectateur, et c’est tout le contraire de ce que j’attends de la musique. Et a fortiori du metal.
Pourtant, me voilà enclin, et avec grand plaisir, à chroniquer Electrocution 250 afin que vous puissiez, je l’espère, le découvrir et l’apprécier autant que j’ai pu le faire lorsque je l’ai découvert.

Electrocution 250, c’est un projet ricain complètement allumé, mis sur pieds par Lale Larson aux claviers, Todd Duane à la gratte et à la basse et Peter Wildoer derrière les fûts et n’affiche au compteur depuis 2004 que cet Electric Cartoon Music From Hell.
Avec un titre et une pochette pareille, on ne peut pas trop savoir à quoi s’attendre, et Fletcher the Mouse entonne ses premières et confortables notes de claviers. Mélodie amusante et douce, renvoyant directement à nos plus chers épisodes de Tom & Jerry, nul n’aurait pu prévoir à quel point la suite atomise la tronche de l’auditeur. En une poignée de seconde, ce morceau introductif fixe le décor : ça shredde à bloc et de tous les côtés, la rapidité des notes de gratte presque sursaturées évoquent Le Vol du Bourdon toujours composé dans une optique cartoon du meilleur effet, un Looney Tunes passé à la sauce metal , gavé de subtilités, de pauses inattendues, enfantines et mélodieuses, malines et malicieuses.

Les instruments fusionnent littéralement, la technique reste impressionnante, Electrocution 250 reste un projet de techniciens, mais de techniciens qui n’auraient pas oublié que la technique peut aussi être mise au service du fun, du pur divertissement et de l’originalité. Le reste de cet atypique Electric Cartoon Music from Hell ne me fera pas mentir. La ligne directrice est maintenue d’un bout à l’autre, et en définitive, la rondelle est un mix de metal extrême, de jazz, de funk et de candeur enfantine.
Chacun s’exprime d’une manière différente, la gratte se ballade à son aise, les solos de claviers, pour une fois pas (trop) ridicules appuient une section rythmique pertinente et parfaitement complémentaire. Une dose d’absurde sera glissée ici et là (vous devriez vite reconnaître un riff légendaire mais inattendu sur Fletcher the Mouse) pour parfaire la fraîcheur de l’opus.
Alors certes, nous ne pourrons pas esquiver les cases ‘solo’, qu’ils soient de guitare, de batterie ou de piano, constituant d’ailleurs selon moi (cf. plus haut) les parties les plus soporifiques de l’album car trois morceaux leur sont dédiés, mais fort heureusement, là n’est pas le principal atout de cet opus.

Electric Cartoon Music from Hell est en définitive l’album du metalleux qui contemple avec un soupçon de nostalgie, mais toujours le sourire aux lèvres, les cartoons de son enfance, la musique des Tex Avery, les vacheries sans fin d’un Tom & Jerry, les quêtes jamais achevées de l’acharné Coyote voulant croquer les plumes de Bip-Bip.
Au lieu de nous servir un album chiant et démonstratif, les zicos d’Electrocution 250 ont prouvé que l’on pouvait être un shredder, composer un album dans cette optique sans pour autant devenir fondamentalement chiant.
Bon, ok, 37 minutes de déluge de notes à faire retourner dans sa tombe Miles Davis, ça devient étourdissant, même si les morceaux sont diversifiés, tantôt funky (le bien nommé Funky Lyzard), tantôt jazz, souvent metal (Brainscraper), l’overdose pointe le bout de son nez pour qui – comme moi – est réfractaire à la technique outrancière à ce fameux concours de celui qui pissera le plus loin.
Mais Electric Cartoon Music from Hell restera un plaisir ponctuel. Une sorte d’escapade vers un monde déjanté, un dessin-animé sous acides, une ballade qui force l’imagination.

Un album à découvrir ? Assurément, ni plus, ni moins, mais c’est déjà beaucoup.

1. Fletcher the Mouse
2. Funky Lizard
3. Gee-Wiz - Guitar Solo
4. Brainscraper
5. Dr. Fluffels
6. Exploding Head - Drum Solo
7. Ridiculosous
8. Nincompoop Scuttle
9. Looney Tune - Piano Solo
10. Mr. Scruffen McFluff