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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Anas Abid

A Neverending Pain Of A Betrayed Man

LabelAuto-produit
styleMetal Intrumental
formatAlbum
paysTunisie
sortieseptembre 2011
La note de
U-Zine
6/10


U-Zine

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Que fait un musicien quand il est pétri de talent et qu'il a envie de le montrer au monde sans pour autant s'encombrer d'un travail de DRH en recrutant des musiciens avec lesquels il faut composer (au propre comme au figuré) ? Et bien il monte son projet solo ! Que ce soit sous le nom de Schleub Project ou sous son propre nom, Anas Abid, ce jeune guitariste nous donne là à écouter six titres regroupés sous le nom de A Neverending Pain Of A Betrayed Man (titre qui me semble douteux au niveau de l'anglais, mais il faudrait l'explication du créateur pour en être sûr). On sent dès le premier contact visuel que Anas Abid cherche à produire un travail proche du professionnel tout en ne rentrant pas dans le côté ronflant que peuvent développer les artistes en recherche d'égo trip.

On ne fera qu'une très légère mention des origines de l'artiste, qui est Tunisien, car le rappeler c'est ouvrir la porte à des commentaires, à mon avis, oiseux sur le rapport musique-actualité voire même à des comparaisons avec d'autres groupes du crû, simplement parce qu'ils partagent la même nationalité. Anas Abid bosse en quasi solo et exception faite des parties de violoncelle sur Run Away Part II, de la basse sur Feel My Hate et de la programmation de la batterie, il s'exprime sans intervention extérieure. Ce qui renforce le côté personnel de sa musique et ce qui en fait en même temps une carte de visite unique et représentative. Du coup, les erreurs ne sont pas partagées et les reproches qui lui sont faits ne s'adressent qu'à l'artiste. Si l'on veut être optimiste, on peut penser que lorsque ces critiques (bonne sou mauvaises) seront intégrées, ce sera le meilleur moyen d'évoluer et de proposer un produit encore plus abouti.

La pochette est sobre mais l'illustration semble porteuse de symboles. Ici pas de mise en scène particulière du musicien, ce qui est un bon point, mais une recherche afin d'accrocher le regard de l'auditeur. Les titres sont plutôt équilibrés au niveau des durées et on oscille autour des cinq minutes sauf pour deux qui dépassent la barre des huit minutes. En sachant que l'on s'attaque à de l'instrumental pur et dur, on est évidemment curieux de savoir comment l'artiste va nous tenir en haleine sur la distance.

Et la première mission est de créer des ambiances et de ce côté l'ensemble est plutôt homogène. Plutôt son disto en accompagnement sauf sur Run Away Part II et quelques arpèges posés par-ci par-là. On pourra noter la présence du clavier assez discret puisqu'il passe en troisième plan derrière le soliste et la guitare rythmique, on l'entendra un peu plus sur On The Edge... And Life Goes On, le dernier morceau de ce mini album. D'ailleurs, on remarque que les rythmiques sont assez proches, on sent que l'atmosphère générale de chaque titre repose en priorité sur les soli. Dommage car lorsque l'on prend un peu de recul, on peine un peu à distinguer par exemple les deux premiers morceaux et les mêmes thèmes reviendront à la fin. On remarque cependant qu'Anas Abid a utilisé des sons plutôt rock comme base avec un peu de heavy avec des touches orientales sur Feel My Hate autant dans la guitare que dans la batterie, ou bien groovy sur Fading Away.

La différence majeure se fait bien sûr sur la partie démonstration et là il est incontestable qu'Anas Abid a un talent à exploiter. On pourrait reprocher un son de guitare qui reste toujours le même, on n'entend guère d'effets novateurs ou même originaux comme on pourrait trouver chez Bumblefoot ou IA Eklundh par exemple. Ici il s'agit surtout de faire démonstration d'une vraie virtuosité. D'ailleurs le format avec six titres est plutôt adapté à ce genre d'exercice puisque plus long serait synonyme d'ennui pour l'auditeur. De même, la technique se limite, en apparence tout du moins, au seuls soli, le reste n'étant seulement là que pour sublimer la guitare. On pourrait voir dans ce petit défaut un détail à revoir dans le futur tant on aimerait que la machine avance plus ensemble comme sur Feel My Hate qui ressort du lot.

En conclusion, on sent que ce mini cd, A Neverending Pain Of A Betrayed Man, est celui d'un artiste en progression et qui pour le moment est encore un peu « vert ». L'auditeur a un peu de mal à s'emballer tant il ne propose pas quelque chose qui se détache du lot, les expérimentations ne semblent pas être le fond de commerce d'Anas Abid, mais du coup il passe un peu inaperçu et on n'arrive guère à trouver le titre ou le moment qui va être déterminant pour cet album. On aimerait surtout qu'il passe pourquoi pas dans une formation classique où son talent pourra être mêlé à celui d'autres et du coup briller encore plus. Pour le moment, on se souviendra de son nom et nous attendrons patiemment la suite.

1.Trust?
2.Run Away...
3.Fading Away
4.Feel My hate
5.Run Away Part II
6.On The Edge