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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Polkadot Cadaver

Sex Offender

LabelRotten Records
styleMetal alternatif
formatAlbum
paysUSA
sortiemai 2011
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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En ces temps troublés d'ex-directeur du FMI faisant des avances à des femmes de chambre ou encore de père d'accueil s'intéressant d'un peu trop près à ses protégées, le titre du second album des Américains de Polkadot Cadaver va sans doute marquer les esprits. Déjà que leur nom évoque des images colorées : « polkadot » est un motif à base de points disposés de manières plus ou moins erratique qui, lorsqu'il est allié au mot « cadaver » fait penser aux images de malades de la peste ou autres afflictions dégueulasses dont se ravissent les groupes de grind pour leurs pochettes. Mais là on est bien loin de l'univers archi brutal et médico-ragoutant de ces derniers. D'ailleurs, on a un peu de mal à classifier Polkadot Cadaver tant on surfe sur plusieurs registres.

Et c'est sûrement là que réside la force du groupe. Enveloppés par un son incisif et agressif, les dix titres de Sex Offender oscille entre riffs qui pètent à la face et moments complètement délirants. Car si le groupe se détache du lot c'est pour son aspect loufoque à grands coups d'effets très aigus comme sur Slaughterhouse Striptease et ses mélodies de carnaval. Une autre façon de retransmettre le groove de leur musique. Et soit ils en mettent des tonnes, comme sur le titre cité précédemment et là on se croirait dans une discothèque pour freaks, soit ils savent être plus discrets et mettre quelques petits effets qui vont percer l'oreille de l'auditeur comme sur la première partie de Bloodsucker, chanson peu sérieuse sur les vampires.

Parce que si l'on a bien l'impression que les Américains sont là pour déconner, il ne faut pas oublier qu'ils sont là pour distiller du gros son aussi. Les riffs sont puissants et la majeure partie de l'album oscille entre métal moderne et son très légèrement core presque punky sur Mongaloid. En gros, on a là une belle représentation d'un son à l'américaine avec des changements de rythmes, du son clair comme sur Sea Grave qui est un mix de rentre-dedans avec des passages bien plus mélodiques en clair et une fin groovy histoire de montrer toutes les facettes de ce qui va vous attendre puisqu'il s'agit du premier morceau de Sex Offender.

Ces passages groovy sont le petit goût de miel de l'album, qui font qu'il passe comme une lettre à la poste. On pourrait rajouter le titre Bloodsucker pour étayer cette théorie puisqu'il s'agit presque d'un tube jusqu'au moment où tout part en cacahuète avec un piano dissonant et un gros son qui reprend le dessus. On trouve à la fin Forever And A Day qui est la seule chanson pacifique de l'ensemble, histoire de ne pas se quitter sur un coup de poing dans la face. Pour ça, vous avez le reste de l'album. Cela dit, on ne peut s'empêcher de se dire que s'ils ont abaissé le tempo et qu'ils se la jouent calme c'est pour faire passer un message super cynique et en décalage total avec l'impression véhiculée par la mélodie.

Alors on pourra éventuellement arguer que ce mélange sucré / épicé a déjà été visité par System Of A Down, avec une similitude supplémentaire : le talent du chanteur, capable d'évoluer du registre chuchoté jusqu'à hurler à s'en râper les cordes vocales sur des thèmes comme la religion sur Starlight Requiem (exemple choisi pour son rapprochement indiscutable avec le groupe cité précédemment). De plus, les structures des chansons et certains riffs sont tellement typiques du métal « moderne » américain que l'on aurait presque l'impression lancinante d'avoir déjà entendu ces parties ailleurs. Mais c'est à ce moment que Polkadot Cadaver se rattrape en faisant partir le morceau suivant en sucette avec un passage funky comme sur Cake and Eat It Too ou complètement gogol sur Slaughterhouse Striptease.

Si l'on cherche une certaine unité à cette album, on n'aura aucun mal à trouver l'homogénéité que Polkadot Cadaver a mis dans l'écriture de ses morceaux. Les changements de rythme, les passages calmes et bien sûr, sa marque de fabrique, les pétages de plombs. Nul doute que Sex Offender ne ressemble à aucun autre album du moment et même s'il contient un certain nombre de passages assez bateau, ils sont largement compensés par un autre nombre qui eux sont inoubliables. Album largement recommandé pour au moins une fois le trip !

1. "Opus Dei" – :52
2. "Seagrave" – 4:31
3. "Bloodsucker" – 3:57
4. "Starlight Requiem" – 4:02
5. "Stronger than Weak" – 3:38
6. "Slaughterhouse Striptease" – 3:34
7. "Sex Offender" – 4:31
8. "Cake & Eat It Too" – 5:05
9. "Mongoloid" – 4:47
10. "Forever & A Day" – 5:31