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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Decapitated

Carnival Is Forever

LabelNuclear Blast
styleDeath technique
formatAlbum
paysPologne
sortiejuillet 2011
La note de
U-Zine
3.5/10


U-Zine

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Le 2 novembre 2007 à Moscou, le destin joua un bien vilain tour aux Polonais de Decapitated : le batteur Witold Kiełtyka, alias « Vitek » , mourut de ses blessures suite à un accident de la circulation quelques jours plus tôt. Je ne sais pas où vous avez appris la nouvelle, personnellement c’est de la bouche de Julien Truchan (Benighted) que je l’ai su, en plein « Terrorize The Sick Tour », et ça m’avait foutu les glandes pendant le reste de la soirée, et au-delà également je dois bien l’avouer. De plus, ce soir-là, Decapitated n’avait pas perdu que son batteur, puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes le vocaliste Adrian Kowanek, alias « Covan » , n’est toujours pas totalement remis de cet accident.
S’en suivit un hiatus de deux ans qui fut l’occasion de constater la solidarité du milieu metal vis-à-vis de cette perte. Une solidarité qui a du faire chaud au cœur au frère de Vitek, « Vogg » , et qui a sans doute poussé le seul membre fondateur rescapé de cette tragédie à continuer l’aventure Decapitated avec de nouveaux congénères (Marcin Rygiel, le bassiste, a préféré quitter le navire). Arrivèrent donc au sein du combo Kerim Lechner alias « Krimh » en lieu et place de Vitek derrière les fûts, ainsi que Rafal Piotrowski au chant, Filip Halucha (Vesania entre autres) étant le bassiste jouant sur « Carnival Is Forever ». Après avoir traversé cette dure épreuve, Decapitated va-t-il se relever et nous foutre une mandale, ou au contraire nous décevoir ?

Tout d’abord, si vous faites partie des fans de Decapitated qui n’ont pas supporté le tournant du groupe sur « Organic Hallucinosis »… Partez. Partez loin, avant que vos pauvres oreilles sensibles ne saignent encore à l’écoute de ce nouvel opus. Car à quelques éléments près, ce cinquième album des Polonais reprend la recette qui a fait le succès (ou pas) du précédent volet. Les influences old school des débuts sont désormais très lointaines, et le combo ne semble visiblement pas avoir envie d’y revenir ! Les autres qui ont apprécié « Organic Hallucinosis » (ce qui est mon cas), restez… mais ne vous emballez pas pour autant.

Car le Decapitated cru 2011 nous amène une réalité cruelle dès le premier morceau, « The Knife » : pas ou peu d’inspiration dans les riffs, recherche musicale minimale, morceau plat, chiant, peu de changements de rythme… et en plus de ça, ils en sont venus à user assez régulièrement de polyrythmie à la Meshuggah. Oui, vous avez bien lu, quand on écoute ce titre d’ouverture, on pense au groupe Suédois (en un peu plus vénère quand même) ! On peut ajouter à cela un vocaliste, Rafal Piotrowski, totalement inadapté à Decapitated. Pas forcément mauvais, car il est assez puissant vocalement, d’ailleurs certains de ses cris déchirants (qu’il tient assez longtemps) apportent un truc aux compos (la toute fin de « Pest »)… Sur « Organic Hallucinosis » (puisque vous l’aurez compris, c’est avec cet opus qu’il faut comparer) j’avais trouvé le choix de Covan surprenant, mais finalement très bon, car ce dernier avait une tonalité assez grave et un coffre assez impressionnant… Mais là, non, la plupart du temps Piotrowski est juste insupportable. Une fois de plus je ne peux m’empêcher d’ajouter : il est loin le temps des vocaux bien plus death de Sauron

L’écoute de cet album nous impose un ascenseur émotif permanent (jusqu’à atteindre le point où vous n’en aurez plus rien à foutre), puisqu’après avoir été déçus par « The Knife », voilà « United », probablement le meilleur morceau de l’album et qui se rapproche déjà un peu plus de ce qu’on attend de Decapitated : du blast (mais pas trop), du riffing un peu plus intéressant, ce côté « défouraille tout » propre au groupe, de la technicité, un chouïa de mélodie, un solo qui sera probablement le seul bon solo de l’album et quelques passages groovy. Decapitated reprend des couleurs, et tout y serait s’il n’y avait pas cette putain de voix ! A ce titre, Krimh même s’il ne parvient pas à faire oublier Vitek, s’en sort avec les honneurs et tient parfaitement sa place dans un groupe comme Decapitated, délivrant quelques passages mémorables (car il y en a tout de même) notamment sur le morceau éponyme « Carnival Is Forever » ou « Homo Sum ».

Le problème, c’est que ces embellies ne durent jamais bien longtemps. « Carnival Is Forever » impressionne de par sa lourdeur au premier abord, mais finit par devenir chiant tellement le rythme varie peu en 9 minutes. Enfin si y’a une variation… On arrête la musique, on écoute des bruits (et trois notes acoustiques) et on reprend sur le même rythme. Ça vous donne une idée de l’inventivité du truc là. « 404 » à l’instar de « The Knife » lorgne dangereusement sur Meshuggah. « A View From a Hole » fait magnifiquement monter la sauce avec une intro modèle du genre, pour déboucher vers une composition insipide de plus. « Pest » nous propose un début inspiré totalement saccagé par un break simpliste digne d’un Suicide Silence, et termine l’album sur une frustration supplémentaire. Quoi, y’a encore une piste après ? « Silence », un instrumental inintéressant qui comme son nom l’indique, ne mérite pas d’être écouté. Et le pire, c’est que la plupart des compos ont hérité du même défaut que le précédent album : trop de longueurs qui finissent par ennuyer l’auditeur. Alors après tout ça, il reste quoi ? Quelques bons passages, une production béton rappelant celle d’ « Organic Hallucinosis », et puis c’est tout.

Après Morbid Angel, voici ma seconde énorme déception de l’année. Un disque qui sent le manque d’ambition, un disque où les mêmes riffs, les mêmes plans nous sont inlassablement resservis, là où un « Organic Hallucinosis » se renouvelait quasiment à chaque composition et nous proposait des moments inoubliables (« Post( ?) Organic ». On dirait presque qu’ils ont fait exprès de se tirer une balle dans le pied à chaque fois qu’il y avait le début du commencement d’une bonne idée ! Les Polonais ont certes des circonstances atténuantes, et il s’agit peut-être d’un accident de parcours… Mais il faudra se reprendre pour ne pas finir éternellement en groupe de seconde zone.

1. The Knife
2. United
3. Carnival Is Forever
4. Homo Sum
5. 404
6. A View from a Hole
7. Pest
8. Silence

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