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Chroniquer du Forest dans ces pages peut s’avérer délicat, reconnaissons le. Pour celles et ceux qui n’auraient pas eu la chance de croiser le chemin de la formation Russe, sachez simplement que pour apprécier pleinement les qualités de celle-ci, il vous faudra, comme souvent, bien distinguer les principes véhiculés par ce qui entoure le groupe de son art à proprement parler. Forest, pour le rapide tour d’horizon qui s’impose, fait donc partie de plusieurs cercles d’activistes black metalliques, du Pagan Front pour la partie web et du célèbre Blazebirth Hall, qui accueille en son sein toute une tripotée de formations NSBM (National Socialist Black Metal). Partons du postulat suivant : Le Blazebirth Hall est une organisation aux propos très largement discutables, au cœur de laquelle plusieurs groupes de qualité variables sont réunies, point barre. Ainsi cette chronique ne s’intéressera qu’à la musique et rien d’autre, car dans ma cave, je me suis dit qu’il serait bien préjudiciable pour vous, amis lecteurs en mal de Black Metal habité, de passer à côté de cet opus de Forest.
As a Song in the Harvest of Grief est le quatrième album de la formation Russe, qui, depuis 1994 ne s’est pas noyée sous pléthore de démos, mais qui a préféré sortir avec la régularité d’un métronome 3 albums, un par année et ce, dès 1996. Le successeur de l’excellent Foredooming the Hope for Eternity est-il du même acabit ?
Aux premiers échos du morceau d’ouverture, nous arpentons des territoires déjà bien connus, les guitares ravageuses, distordues à l’excès noient la mélodie de la manière la plus caractéristique possible. L’atmosphère agressive et possédée de Forest se développe à nouveau, les relents Burzumiens surgissent et explosent, bref c’est dans le mode confortable que semble évoluer Forest, redevenu un one-man band à l’occasion de cette sortie, mené tambour battant par l’inénarrable Kaldrad soit dit en passant.
Passée la vaporeuse et lente introduction, By the Flame in Our Vein insère la rythmique dans l’opus, la boite à rythme, martèle les riffs, étouffée par le mix des guitares, qui prédominent largement l’opus, mais ajoute cette dualité bien branlée entre black metal ambiant et vision raw de l’Art Noir, que ne renieraient pas les premières salves de Darkthrone. Du minimalisme et de l’hypnotique, de la constance, d’un morceau à l’autre, voilà en somme ce que vous trouverez sur cet As a Song in the Harvest of Grief. Les vocaux sinistres de Kaldrad s’égosillent loin derrière, résonnent plus qu’ils ne se manifestent franchement, accentuant de ce fait la dimension glaciale de l’œuvre de Forest, aussi gelée que des plaines Sibériennes.
Finalement plus difficile d’accès qu’un Burzum, bien que le traitement sonore y rende manifestement hommage, votre rapport à l’heure ténébreuse et l’énergie tellurique assénée par Forest sera proportionnelle à la capacité d’adaptation de vos oreilles à des sons si dégoulinants et grésillants.
Si vous êtes friands de riffs à fendre l’âme par leur intrinsèque beauté (To the Spirit Fire) ainsi qu’aux albums raw, longs et lancinents, vous ne manquerez pas d’être happés par la splendeur hypnotique d’As a Song in the Harvest of Grief, qui est néanmoins très sensiblement en deçà de la qualité de Foredooming the Hope for Eternity, qui faisait montre de plus de diversité, sans pour autant négliger la construction d’une atmosphère palpable, bien au contraire.
En somme, ce quatrième album de Forest n’est peut-être pas le plus abouti de son géniteur, mais demeure une livraison d’excellente facture, que tout amateur de true black metal devrait avoir fièrement dans sa discothèque, bien confortablement calé entre vos Burzum et vos premiers Darkthone.
1. Into the Mouth of Breath
2. By the Flame in Our Veins
3. To the Spirits Fire
4. Where the Truth is One...
5. Spilt Be, the Scum of Blood
6. As a Song in the Harvest of Grief
7. Storm Till the Ocean's Heart
8. Untitled