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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Vintersorg

Jordpuls

LabelNapalm records
styleFolk metal
formatAlbum
paysSuède
sortiemars 2011
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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Tous les métalleux avec une connaissance même minime de la carrière de Vintersorg s'étaient accordés à dire que la parenthèse Visions From The Spiral Generator et The focusing Blur s'était éloignée de ce que l'on attendait de ce chantre du folk métal suédois pur jus. Ainsi après le retour vers une « suéditude » plus prononcée avec Solens Roetter, tous se sont sentis revenir à la maison, ne serait-ce que dans l'utilisation de l'idiome principal du compositeur, qui n'est autre que sa langue maternelle. Avec Jordpuls, l'écart est complètement laissé de côté au profit d'un retour aux sources initié avec l'album précédent. Abandonnées les stars du métal qui servent de caution à une musique plus audacieuse, abandonné le recours à l'anglais, langue qui fait plus mainstream et vendeur et enfin abandonnés les thèmes scientifique et parfois abscons pour le commun des mortels.

La formule duo est retenue encore une fois pour cet album : Vintersorg d'un côté et Mattias Marklund (aux guitares) de l'autre. Quant aux thèmes, il suffit de se référer au titre de l'album et à la pochette. La nature revient en force, l'écolo-métalleux reprend du terrain. Jordpuls signifie « le pouls de la Terre » et la pochette se la joue forêt embrumée, atmosphère mystique. En jouant les observateurs, on remarque que les thèmes ronds ou ovales dans les artworks ont disparu et on retourne à des lignes horizontales et des couleurs froides, plus embrumées qui font immédiatement penser à Odemarkens Son.

Si l'on se penche sur les notes laissées par l'artiste lui-même, on se rend compte que les textes sont tournés vers un constat très discuté ces temps-ci : du fragile équilibre de la Terre et de la Nature, avec par exemple Skogen Sover, chanson presque planante malgré son côté métal, qui a pour sujet la forêt endormie ou Vindögat qui disserte sur les différents types de vent. Parfois on se dit qu'il ne vaut en effet mieux rien comprendre.

En se penchant sur la musique, on retrouve l'équilibre entre les deux chants très caractéristiques de Mr V. Si on prend Klippor Och Skär, le chant doublé donne un côté grandiloquent pas désagréable. Le refrain du premier titre, Världsalltets Fanfar, lui aussi rentre bien, et l'on reconnaît là une certaine marque de fabrique, ce côté mélodique et plus facile à digérer dans la musique de Vintersorg. On ne passe quasi jamais dans une dimension sombre ou mélancolique. La majeure partie des chansons dégage une certaine énergie, que ce soit avec quelques petits blasts pour soutenir un thème moins réjouissant comme dans Mörk Nebulosa (nébuleuse sombre) ou avec la rythmique imposante de Vindögat, martelée par la guitare comme le vent qui secoue les arbres ou fait claquer les volets.

Mais on ne reste jamais sur cette pente plutôt black métal du duo. Il recherche, comme dans la nature, un équilibre. Alors si l'on passe par la brutalité très maîtrisée, on passe aussi par une certaine technique. Certes depuis le passage des superstars DiGiorgio ou Mickaelson dans ce groupe, on peut trouver les passages plus progressifs un peu légers ou dérisoires mais ils ont le mérite d'exister pour apporter une pierre de plus à l'édifice Jordpuls. Vintersorg est un compositeur touche-à-tout et avec son groupe phare, il n'hésite pas à synthétiser tout ce qu'il sait faire. J'en veux pour preuve les passages de batterie de Till Danet Av Forsar Och Fall, tout en syncope, qui guident les guitares vers des rythmiques un peu désarticulées à certains moments, mais toujours liées par le chant et les instruments plus folk.

Car la raison d'être de Vintersorg est d'apporter une touche d'instrument moins représentés dans le métal et d'en tirer parti pour mettre en exergue son identité scandinave, cette suéditude dont je parlais plus haut. Alors, on peut trouver certains passages bien laids, comme les sons qui ouvrent le dernier morceau, Eld Och Lagor, entre les cordes et le Bontempi, on peut aussi parler de certains sons de flûtes qui sonnent assez artificiels. Par contre, la guitare acoustique, les effets de voix comme sur Stärndyrkan, ou la majeure parties de passages au clavier nous projettent un peu plus hors du métal classique et dans le monde si reconnaissable de Vintersorg.

Il est donc difficile avec ce constat de s'étendre dans les grandes longueurs sur un album de Vintersorg, car Jordpuls contient tous les éléments qui font que l'on reconnaitra son géniteur entre milles. Avec cet inconvénient majeur du manque quasi-total de surprise. Oui on prend plaisir à écouter cet album et on n'attend presque pas plus de la part du talentueux musicien suédois, mais lorsque l'on connait ses capacités, son imagination et le gratin du métal extrême qui gravite autour de lui, on se dit qu'on aimerait parfois un peu d'inattendu. On peut donc penser que de projet principal dans sa carrière, Vintersorg en est juste devenu le côté métal / folk. Juste un côté. Mais impossible de passer outre.

1- Världsalltets fanfar
2- Klippor och skär
3- Till dånet av forsar och fall
4- Mörk nebulosa
5- Stjärndyrkan
6- Skogen sover
7- Vindögat
8- Palissader
9- Eld och lågor

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