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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Pantera

Cowboys From Hell

LabelAtco Records
stylePower Metal US
formatAlbum
paysUSA
sortiejuillet 1990
La note de
U-Zine
10/10


U-Zine

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Au moment où j’écris cette chronique, il se trouve qu’une effervescente actualité surgit de part et d’autre des medias. 14 février 2011, un évènement désespérément surmédiatisé est manifestement centre névralgique de toute préoccupation.
C’est la Saint Valentin. Faisons donc contre mauvaise fortune bon cœur, et retournons-en à nos premières amours métalliques.

Ces premiers émois ont pris forme au début des années 1990, sous la configuration d’un quatuor Texan uniquement connu pour ses fringues mode ‘poutre apparente’, ses bandanas flashies, et sa musique embourbée dans le plus clichéesque des glam-metal depuis 81 (Project in the jungle, I am the Night…) , jusqu’au subtil détour de Power Metal où l’intégration d’un Phil Anselmo amorçait sensiblement le renouveau des désormais légendaires quatre Yankees.

L’alchimie se crée, le line-up se consolide, la volonté de transiter vers des sphères plus agressives se manifeste et Pantera, en 1990 abandonne le Glam pour réinventer le power-metal, trouvant de fait sa légitimité.

Pas évident d’évoquer les 12 balles tirées d’un flingue aussi culte et efficace que celui d’un Pantera toutes dents sorties, chargé à bloc, mué par l’intention dévastatrice de dépoussiérer à grand coup de riffs groovies et de rythmiques colossales un metal engourdi par trop d’années de Glam alors que les Four Horsemen et Slayer étaient passés pas là.

Et pourtant, Pantera, loin de se laisser intimider par ses déjà incontournables ainés, ose se renouveler et balance une rondelle sans temps morts, animée par une détermination implacable, que ce soit dans le riffing, la rythmique ou le chant.
Car fort d’un Phil Anselmo ayant enfin trouvé sa voie, le tandem Dimebag Darrell / Vinnie Paul se lâche et intègre l’impact du riff rouleau-compresseur au profond sens du rythme, style qui les caractérisera à l’avenir, non sans écarter un amour profond pour les ballades amplifiées.

Cowboys From Hell, ne serait-ce qu’avec son morceau-titre, est autant une déclaration énamourée au metal que les Texans ont pratiqué jusque là qu’à la nécessité de hisser le genre vers d’autres cieux, mieux agencés, plus vindicatifs, en avance sur leur temps.
Certes, Cowboys From Hell n’exclut pas totalement le glam, Shattered pour ne citer que lui, permet, sur son riff principal fleurant bon les eighties, à Anselmo de s’exprimer à pleins poumons, le lascar tenant la note aiguë comme une provocation assénée aux ténors du heavy sévissant à l’époque.

Mais si le Glam, le vrai, existe sur ce fameux Cowboys From Hell, il ne transparaît qu’en filigrane, échappe parfois à leurs auteurs, se déclare un peu mais se trouve vite bâillonné par les maîtres d’œuvre préférant ici l’architecture sans fioritures d’un metal au service du riff et de l’efficacité.

Cowboys From Hell et ses dansantes rythmiques, Heresy et son final thrashisant et surefficace, tout en cet album exhale l’amour du metal bien branlé et droit dans ses pompes. Ca suinte la guitare orgiaque et cradingue (Primal Concrete Sledge) et respire la subtilité sans obscurcir l’agressivité (le final mécanique de Clash with Reality).
D’un bout à l’autre, Pantera a osé s’affranchir des barrières ténues unissant glam et power, créant de ce fait un Metal qui sait se faire tour à tour festif et rentre dedans (Psycho Holiday) et plus doux (Cemeterary Gates, The Sleep)…

Le Pantera que l’on aime, celui sur lequel des hordes de métalleux de tous poils braillent à s’en déchirer les cordes vocales et bondissent à s’en fendre les dorsaux, même 20 ans après, se trouve sur ce Cowboys From Hell.

Constitué de quelques hymnes incomparables et de compositions d’une indiscutable efficience, Pantera a franchi d’un pas ne souffrant aucune tergiversation la frontière qui le séparait des créateurs de metal salvateur.
Domination, par ses riffs multi-facettes et ses rythmiques à tiroirs incite à l’union des headbangers, tandis qu’un The Art of Shredding et sa construction évolutive est apte à calmer le plus contestataire des fans de glam.

Gavé de hits en puissance, efficace jusqu’au bout du moindre coup de mediator, Pantera a posé le pied dans un terrain qui le conduira vers la carrière qu’on lui connaît, et a accouché d’un skeud unique et profondément fédérateur, tout en accentuant une griffe racée, qui permettra à tout metalhead d’identifier Pantera dans la multitude d’ « ersatz de ».

Véritable pierre angulaire de la carrière de Pantera, les texans sont véritablement nés avec Cowboys From Hell.
Et si une seule des rondelles mises en bacs par le quatuor devait se faire apposer la note d’album culte, n’en déplaise aux contestataires, ce serait celui là.

Tout ceci fait un peu fan-boy, j'en conviens, mais avec un CFH tatoué sur la cuisse, il ne pouvait en être autrement, et j'espère secrètement que quelques aficionados de feu Pantera auront pris plaisir à lire cette chronique, autant que j'en ai eu à l'écrire.

Culte.

1. Cowboys From Hell
2. Primal Concrete Sledge
3. Psycho Holiday
4. Heresy
5. Cemetery Gates
6. Domination
7. Shattered
8. Clash With Reality
9. Medicine Man
10. Message In Blood
11. The Sleep
12. The Art Of Shredding

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