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Album

05 août 2025 - Malice

Yungblud

Idols

LabelLocomotion Recordings
stylePop-rock/Rock alternatif
formatAlbum
paysGrande-Bretagne
sortiejuin 2025
La note de
Malice
7.5/10


Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

Il y a naturellement une bonne part d'opportunisme à présenter sur Horns Up une chronique d'Idols, le dernier album de Yungblud, quelques semaines après que le jeune homme a crevé l'écran lors du Back to the Beginning avec sa reprise phénoménale de « Changes ». L'énorme majorité des fans de metal - du moins la plupart des fans de Black Sabbath, Metallica ou des Guns N' Roses, fossé générationnel oblige - a ouvert de grands yeux devant le talent de ce gamin looké et visiblement très à l'aise sur une grande scène, mais qui, en ce qui les concerne, était un illustre inconnu. 

Sauf que, bien sûr, Yungblud est tout sauf un inconnu et n'avait pas besoin d'un coup de pouce d'Ozzy pour se mettre en lumière. Le soir même, après avoir enflammé le Villa Park, il était tête d'affiche du Rock Werchter, un honneur auquel peu des artistes à l'affiche du Back to the Beginning peuvent prétendre ; Metallica, bien sûr, et on comptera avec politesse les Guns et Black Sabbath, sans conviction, auxquels on ajoute naturellement les invités solo tels que Chad Smith (Red Hot Chili Peppers) ou Ron Wood (Rolling Stones). À moins de 30 ans, Yungblud est déjà dans cette catégorie, même s'il a encore tout à faire pour égaler la carrière de telles légendes. 

Avant de se révéler aux yeux du grand public metal, Yungblud s'était déjà fait connaître des fans de Bring Me The Horizon - probablement plus proches de sa fanbase personnelle - en posant sa voix sur un couplet de « Obey », sur l'excellent Post-Human : Survival Horror (2022). Mais c'est à peu près tout, et ceux qui, après « Changes », ont été jeter une oreille sur ce que fait le kid de Stratford ont dû être particulièrement déboussolés. On navigue, depuis les débuts de Yungblud, entre un pop-punk moderne et adolescent, un rock alternatif très léger et énormément d'éléments influencés par divers artistes principalement british. Surtout, Idols, ce nouvel album, surprendra ceux qui, au vu de l'attitude rock'n'roll du garçon, que je crois honnête, attendaient quelque chose d'énervé, de dangereux. 

***

Idols, en réalité, porte particulièrement bien son nom : il rend hommage, de manière parfois trop appuyée, aux idoles de Dominic Harrison - nom civil de Yungblud. L'intéressé disait lui-même que ce 4ᵉ album contenait probablement "plus de Dom' que de Yungblud" : paradoxalement, c'est certainement vrai, dans le sens où une bonne partie de l'aspect juvénile, provocateur des premiers albums laisse ici place à une pop-rock/britpop apaisée, lumineuse. « Hello Heaven Hello », superbe morceau introductif, est une pièce à tiroirs qui invoque autant la pop-rock (Coldplay quand ils faisaient encore de la musique, Keane, U2) que The Who ou Queen. Yungblud y étale toutes les facettes de sa voix, avec une vraie maestria, avec cette seconde partie beaucoup plus rock et agressive. 

Plus tard, ce sont les mânes d'un David Bowie parfois presque caricaturé par Yungblud sur cet album (« The Greatest Parade », « Supermoon ») qu'on perçoit. « Lovesick Lullaby » est le seul titre où le chant rappé de Harrison fait son retour, rappelant ses débuts plus modernes, avec succès. Le reste semble taillé pour prendre l'ascenseur vers les sommets, comme ce superbe single « Zombie », pas le seul moment évoquant les moments les plus mélodiques de My Chemical Romance - Harrison a clairement des accents à la Gerard Way, déjà présents sur le bien plus rock/alternatif YUNGBLUD (2022). Cette belle ballade confirme un feeling au final très agréable : celui que Yungblud veut rendre ses lettres de noblesse au pop-rock des années 2000, en plus de la britpop (Oasis et Blur ne sont jamais loin). 

Alors, Idols est-il un bon album ? À n'en pas douter, il contient certains des morceaux les mieux composés de la carrière de Yungblud - « Hello Heaven Hello », le splendide « Ghosts » et ses guitares à la U2. Il n'est pour autant pas des plus originaux, ni des plus osés, jusqu'à des textes plus intimistes et donc moins engagés (« All the boys are girls, all the girls are boys », Dom, Indochine l'a faite en 1985... sans parler de Bowie lui-même). Un engagement qui fait partie intégrante de l'identité de Yungblud avec une authenticité indéniable : ses « nouveaux » fans ont vite découvert un garçon d'une sympathie tout bonnement débordante, qui n'a pas non plus peur d'assumer ses aspects les plus queer. 

Par contre, pour tout fan de metal arrivé ici après le Back To The Beginning, un constat s'imposera : Idols n'est ni dangereux, ni vraiment provocateur sur le plan musical, et n'a pas grand-chose permettant au public de Black Sabbath de se raccrocher à un éventuel héritage d'Ozzy Osbourne, pourtant revendiqué fièrement par Yungblud. L'héritage de nombreux autres grands noms étouffe cependant presque Idols, qui a fort tendance à se limiter à un who's who tiré de la playlist du chanteur. Nul doute toutefois que c'est un bon album, mature, qui confirmera le statut de Dominic Harrison... et on mettrait bien une pièce sur sa présence à Clisson en 2026. Même s'il faudrait qu'il muscle solidement sa setlist pour éviter que ça hurle dans les chaumières de ceux qui regrettent l'ouverture du Hellfest au mainstream...

Tracklist :

1. Hello, Heaven, Hello (9:06)
2. Idols pt.1 (3:35)
3. Lovesick Lullaby (2:55)
4. Zombie (4:06)
5. The Greatest Parade (3:55)
6. Change (3:28)
7. Monday Murder (2:54)
8. Ghosts (6:26)
9. Fire (2:32)
10. War (3:50)
11. Idols pt.2 (1:41)
12. Supermoon (3:12)