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Album

18 avril 2024 - Dolorès

Darkestrah

Nomad

LabelOsmose Productions
styleBlack atmosphérique épique
formatAlbum
paysAllemagne
sortiemars 2024
La note de
Dolorès
8/10


Dolorès

Non.

J'écrivais en 2016 que l'album Turan était une petite renaissance de Darkestrah. Ce qui est un peu drôle car, alors que j'ai toujours continué d'écouter The Great Silk Road et Epos de temps à autre, je ne suis jamais trop retournée écouter Turan... Si bien que je n'avais même pas écouté l'EP suivant, Chong Aryk, sorti en 2021.

Je n'avais donc pas forcément suivi l'histoire : Darkestrah a bel et bien repris une chanteuse cette fois. Force est d'avouer que son timbre ressemble un peu plus à celui de Kriegtalith (chanteuse originelle) que le chanteur qui a fait la transition. Et si le line-up a évolué, le groupe reste quand même fidèle à lui-même. Pour récapituler : Darkestrah puise toujours dans la même source. Un black atmosphérique épique, qui fait écho aux origines du groupe au Kirghizistan (en tout cas, le pays d'origine d'Asbath, batteur et fondateur du groupe, avant de déménager en Allemagne). Si le chant clair ne m'avait pas trop plu sur l'album Manas, il est ici une véritable force, sûrement car il n'est pas du tout utilisé de la même manière. Celui-ci me rappelle des groupes comme Arkona (russe) dans le timbre clair et les intonations et il donne ici des accents mémorables aux compositions du groupe : la fin grandiloquente de « Kök-Oy », la bulle d'air de « Nomad »...

Les instruments traditionnels sont toujours bien présents et, c'est vrai qu'en s'intéressant au line-up, on a l'impression que tout le monde pose sa petite pierre à l'édifice avec un sacré nombre de percussions et d'instruments à cordes que je n'ai jamais vu de ma vie (tanbûr, divan, tar...). Sans être omniprésents, ils participent clairement à figer l'atmosphère du groupe (comme sur ces passages instrumentaux de « Nomad » ou sur l'hypnotique « The Dream of Kojojash »). Mais ce qui lie l'ensemble est toujours cette impression de bloc épique qui vogue au gré des vents, constante depuis les débuts du groupe, ici servie par une production profonde qui valorise tout cela. Finalement, le seul titre qui me semble traîner en longueur est « Quest for the Soul ». Cela manque parfois de subtilité sur le son et le jeu de guitare, un point clairement contrebalancé par les pistes mélodieuses et atmosphériques qui forment le mille-feuilles délicat et héroïque de Darkestrah. Dans sa violence, le groupe se permet en effet une forme de délicatesse qui me touche particulièrement. Par exemple, après avoir tout ravagé sur la première partie de « Destroyer of Obstacles », le groupe se permet beaucoup de subtilité. C'est d'ailleurs ce dont on se rend compte lorsqu'on lit les paroles du groupe, des quêtes personnelles et spirituelles à des évocations mythologiques mais aussi tout particulièrement sur « Nomad » qui prône bien plus une vie de liberté et de calme que des élans guerriers.

Après toutes ces années, Darkestrah continue de me toucher et je les remercie pour cela. Il s'agit clairement d'un projet que je serais euphorique de voir en live un jour, mais je crois que leur absolue rareté sur scène aura raison de ce fantasme.


1. Journey through the Blue Nothingness
2. Kök-Oy
3. Nomad
4. Destroyer of Obstacles
5. Quest for the Soul
6. The Dream of Kojojash
7. A Dream that Omens Death

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