"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Il y a deux ans presque tout pile, on vous faisait découvrir les Allemands de Vorga et leur black metal à la fois cosmique et anti-cosmique. Anti-cosmique pour ses influences suédoises à la Dissection, Sacramentum et Necrophobic, cosmique pour son concept et ses visuels. Deux ans après Striving Toward Oblivion, le vaisseau spatial s’apprête donc à décoller de nouveau de Karslruhe, aidé en cela à nouveau par l’entreprise spatiale indienne qu’est Transcending Obscurity. Déjà, à voir la pochette (de Adam Burke - eh oui c'est pas de l'IA même si c'est du metal du turfu) de ce second effort qui sera bien justement nommé Beyond The Palest Star, et à voir les photos promo montrant les musiciens en accoutrements et maquillages plus futuristes que jamais, on comprend vite que Vorga ne va pas du tout dériver de sa route. D’aucuns trouveront ça kitsch, les amateurs de concepts astraux eux se régaleront. Telle une seconde étape d’un voyage interstellaire, une escale sur une autre planète pour reprendre de l’élan, voilà le deuxième album de Vorga. Et, musicalement, un nouvel arrivage d’un black metal moderne mais plus traditionnel qu’il n’y paraît… ou l’inverse ? Après l’excellent début qu’était Striving Toward Oblivion, Vorga a encore des choses à prouver.
Si on avait apprécié Striving Toward Oblivion pour ses quelques hits bien sentis comme « Comet » ou « Disgust », on attendra donc Beyond The Palest Star au tournant. Vorga ne va pas pour autant photocopier la recette gagnante de son premier album mais bien tenter quelques variations, ou au moins affiner sa personnalité. Si son black metal « cosmique » est davantage cosmique par le nom et par les visuels, Vorga fait tout de même ici l’effort d’apporter quelques éléments typiques, comme les intros aux synthés de « Magical Thinking » et « Terminal » ou encore le côté un peu plus sympho d’un « Tragic Humanity ». Mais pour le reste, on est dans un terrain bien purement black metal mélodique, même si certaines mélodies auront forcément une très nette touche astrale, de même que des moments d’ambiance. Vorga va justement un peu rafraîchir son style en laissant parfois plus de place à des passages contemplatifs, sans pour autant virer atmo avec une flopée de breaks. Plus mélodique, plus moderne aussi que son prédécesseur, Beyond The Palest Star est l’affirmation de la singularité de Vorga, s’éloignant finalement des influences suédoises assez évidentes du premier album. On oublie pas l’efficacité pour autant, ce qu’on remarque dès le deuxième morceau qu’est « The Sophist », ultra accrocheur et très inspiré, avec des mélodies splendides tout autant que des riffs dynamiques. C’en est presque un des tubes black metal de ce premier semestre de l’année et on se dit que Vorga peut devenir assez grand.
Si les équilibrages ont évolué, Beyond The Palest Star se déroule sans surprise grandiose pour autant, et se contentera surtout d’égaler Striving Toward Oblivion tout en complétant les capacités de Vorga. Rien à redire sur la production, certes très propre mais qui convient bien pour ce black metal qui assume une certaine modernité ; rien à redire non plus sur le chant parfaitement adapté et qui amène suffisamment de variations entre aigus et graves pour retenir l’attention. « Voideath » (avec sa somptueuse mélodie finale), le bien remuant « The Cataclysm », et le final passionnant qu’est « Terminal » sont les autres morceaux forts de ce Beyond The Palest Star, qui ne sera toutefois pas (encore) l’album parfait qu’on pouvait attendre. Car si Vorga raffine et aère un peu son style, il perd parfois en puissance brute. En allongeant les pistes (quatre sur sept dépassant six minutes), le groupe allemand créé forcément quelques longueurs (« Magical Thinking » malgré ses belles explosions épiques, le trop soutenu « Fractal Cascade ») tout autant qu’il laisse traîner quelques mélodies un peu plus faibles (« Tragic Humanity »). Plus homogène que son prédécesseur, Beyond The Palest Star risque un peu de laisser à quai ceux qui n’aiment pas trop que cosmos rime avec introspection. Mais on ne peut que saluer la qualité de ce black metal mélodique tout de même travaillé et fignolé sur le fond comme sur la forme. Il faudra attendre un troisième album pour mettre tout le monde d’accord et aller plus loin encore, mais ce Beyond The Palest Star complète Striving Toward Oblivion tout en affinant la vision que Vorga a pour son black metal « cosmique ». Pour amateurs de l’Espace uniquement, peut-être, mais Vorga est un groupe de black mélodique différent, et donc à suivre.
Tracklist de Beyond The Palest Star :
1. Voideath (6:34)
2. The Sophist (6:43)
3. Magical Thinking (6:52)
4. The Cataclysm (4:15)
5. Tragic Humanity (4:58)
6. Fractal Cascade (5:53)
7. Terminal (7:46)
