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Album

05 janvier 2024 - S.A.D.E

Leonov

Procession

LabelVinter Records
stylePost-metal / Doom
formatAlbum
paysNorvège
sortienovembre 2023
La note de
S.A.D.E
8/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Alors qu'ils ont déjà deux albums au compteur et qu'ils tapent à peu près le cœur de cible de mes accointances musicales en termes de post-metal, je croise les Norvégiens de Leonov pour la première fois avec la sortie de Procession. Et c'est bien parce que ce troisième opus m'a embarqué que j'ai remonté le fil de la discographie du groupe, découvrant ainsi une pépite cachée dans l'immense caverne des sorties qui nous passent sous le nez.

Nommé d'après le patronyme du premier homme à avoir quitté les rassurantes parois de son module spatial pour faire un rapide tour dans grand vide de l'univers, Leonov explore paradoxalement des terres qui me semblent nettement plus proches de nous, profondément ancrées dans ce que l'expérience humaine a de plus commun : on sent dans cette musique les vertiges des émotions, la description de la quête d'une certaine paix qui passe nécessairement par des règlements de compte internes, intimes. Les Norvégiens travaillent avec une précision admirable leur montée en puissance, leurs constructions, qui nous entrainent le long d'un chemin sinueux tantôt vers la colère brute et ravageuse (avec une première et mémorable occurrence sur la fin d'« Amer »), tantôt vers des conclusions plus lumineuses. Si on prend comme mètre-étalon du post-metal Cult Of Luna, Leonov aurait davantage d'accointance avec le doom (écoutez « Sora » pour vous en convaincre), et une approche moins synthétique que les Suédois, avec une place plus en retrait pour les claviers et autres effets sonores. On trouve quantité de nappes et de petites touches sonores dans tous les morceaux, mais ce sont bien les guitares et la basse (et quelle basse !) qui nous servent de guide, qui déploient les ramifications des titres. Le tout porté par une production qui régale, sachant se faire écrasante le moment venu, planant comme une menace lorsqu'il le faut, s'allégeant lorsque la situation le réclame (« Son »).

Et puis il y a le chant. La voix de Tåran Reindal est tout simplement à tomber. Ses parties claires ouvrent des espaces rêveurs et lascifs, des paysages en noir et blanc que l'on peut croire tristes, mais qui ne le sont qu'en apparence ; quelque chose comme de l'espoir, certes potentiellement déçu, se dégage des lignes de chant, en filigrane. S'il est assez rare (et donc précieux), le chant hurlé vient vous prendre par surprise : à la fin d'« Amer » lorsque, comme déjà mentionné, on se prend la première décharge de l'album, l'explosion est sublimée par une colère intense et compacte dans la voix, en contraste total avec le reste de l'album.

Mélancolique, puissant et sinueux, Procession est un album complet. Si la première écoute donne la sensation d'un groupe de qualité, plusieurs retours sur l'album permettent d'en saisir les subtilités et la finesse de construction, l'apport aussi discret qu'important des effets synthétiques, ainsi que la richesse d'un riffing plus pointilleux qu'il n'y parait. Un album à tiroir qui peut se recevoir de manière immédiate et instinctive, tout comme s'explorer avec minutie et intellect.

Tracklist de Procession :
01.Rem
02.Amer
03.Procession
04.Sora
05.Mesos
06.Oreza
07.Son