
U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Aaah, il se sera fait attendre, ce second album de Domination Through Impurity! Cinq années déjà ont passé depuis la sortie de « Essence of Brutality », premier essai du projet de Joe Payne et Jordan Varela. Quand on connaît les nombreux groupes dans lesquels ont été impliqués les deux comparses, on comprend mieux ce qui les a retenu, jugez plutôt : Divine Heresy, Lecherous Nocturne, Nile pour Joe Payne ; Lividity, Debodified, Epic of Empyrea, Shuriken Cadaveric Entwinement et autres pour Jordan Varela ! On n’a donc pas vraiment affaire à des amateurs, et c’est avec grande impatience que j’attendais ce Masochist.
Je pense ne pas me tromper en affirmant que la volonté du duo avec Domination Through Impurity n’est pas de réinventer le brutal death, mais bel et bien de tout défoncer sur son passage… objectif atteint ! Dès le départ en trombe de l’album avec « Interminable Descent », le ton est donné : Payne et Varela sont de retour, et ils sont sacrément énervés. On a affaire à un brutal death violent, technique mais pas trop… En un mot : efficace.
On pourrait évoquer de nombreux groupes de la scène brutale US à l’écoute de cet album : Origin dans les passages les plus violents, Dying Fetus, Vital Remains, voire Necrophagist ou Psycroptic (oui je sais, ils ne sont pas américains) quand la technicité prend le pas sur la brutalité… la plupart du temps, « Masochist » n’échappe pas au syndrome de « tiens là on dirait (groupe de votre choix) », mais le tout est tellement efficace que notre nuque finit par nous faire souffrir, mais on en redemande. Peut-être que le concept de l’album est là après tout : nous rendre masochiste !
L’expérience des musiciens au CV long comme mon… bras (petits coquins je sais que vous pensiez à autre chose) transparaît dans les compositions de ce second effort, tant on a l’impression que chaque morceau a été étudié au maximum pour exclure toute lassitude de l’auditeur, qui survient dans de nombreux albums de brutal death. Pour nous éviter cette impression de redite, notre duo s’est plié en quatre pour varier les tempos régulièrement, passant ainsi de parties blastées à des tempos extrêmement lourds qui nous donnent l’impression de nous faire écraser par le rouleau compresseur qu’est Domination Through Impurity. Le tout agrémenté par des séquences groovy qui aèrent les compositions de fort belle manière, et évoqueront certainement à tous les auditeurs français… Gorod ! Je n’irai certes pas jusqu’à dire que les Amerloques se sont inspirés de nos Frenchies, mais on croirait certains de ces passages tout droit sortis de « Neurotripsicks » ou « Leading Visions » (par exemple à la fin de « Masochist », ou à 3 :30 de « Path to Righteousness » écoutable sur le myspace du groupe) !
Le tout est servi par la prestation des musiciens, sans faille. Si Jordan Varela derrière ses fûts assure à merveille, que dire de Joe Payne qui a enregistré la basse, les vocaux et les guitares sur l’album ! Si la basse est trop peu mise en avant pour qu’on puisse saluer son jeu avec cet instrument, il signe une performance quasi-parfaite à la guitare : lui et Varela sont rythmiquement impeccables, et le sieur Payne parsème les quarante minutes qui composent ce « Masochist » de quelques solos bien sentis (il se lâchera même un peu plus sur le titre final "Patron Saint of Hate").
Mais c’est aux vocaux que ce dernier est vraiment impressionnant : son growl puissant et parfaitement maîtrisé apporte un cachet supplémentaire aux compos. Il se paie même le luxe d’être parfaitement audible, et parfois à un débit élevé (le final de « Interminable Descent » qui est une vraie tuerie), si bien qu’on se surprend à scander les lyrics du mid-tempo « Path to Righteousness » !
L’album aurait pu être quasi-parfait si la production avait suivi : malheureusement ce n’est qu’à moitié le cas. Cette dernière ne manque heureusement pas de puissance, et le son des grattes (à la fois gras, puissant, mais audible) s’accorde bien avec la musique de Domination Through Impurity. Le problème, pour moi, c’est le son de la batterie, plus précisément de la double-pédale, qui au début me dérangeait un peu. Au fil des écoutes, on finit tout de même par s’y habituer, mais c’est quand même dommage. Autre chose : la basse n’est pas assez mise en avant, et ne fait que suivre le rythme sur tout l’album. Peut-être qu’il serait temps de laisser un bassiste à part entière se mêler à ce projet ?
Il y a aussi un autre petit grain de sable qui vient enrayer la machine DTI : il s’appelle « The Cruel Hand of Fate ». Non mais franchement, qu’est-ce qu’ils ont foutu à mettre un instrumental quasi-acoustique en plein milieu de cette orgie de violence ? Bien loin d’apporter une accalmie salvatrice, je trouve que ce morceau casse le rythme de l’album. Heureusement, la qualité des compositions aidant, on revient vite dans le bain avec le très groovy « Less Than Human ». Vous imaginez, vous, un titre acoustique en plein milieu d’un « Antithesis » ou « Descend Into Depravity » ?
« Masochist », au fond, c’est un peu comme l’osso bucco de ta maman : y’a les meilleurs ingrédients dedans, liés avec amour en un tout savoureux. Certes y’a quelques bouchées qui peuvent te rester sur le palais, mais tu savoures. Sauf que là, par où ça va passer, ça risque de faire mal. Mais tu vas aimer ça, en bon masochiste que tu es.
1. Interminable Descent
2. Masochist
3. Path to Righteousness
4. The Dead Within
5. Recoming One
6. The Cruel Hand of Fate
7. Less Than Human
8. Bleeding the Damned
9. Patron Saint of Hate