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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Deathstars

Decade of Debauchery

LabelNuclear Blast
styleIndus'
formatAlbum
sortieoctobre 2010
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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Il désirait revivre mais il n’eut droit qu’à un sursaut mécanique…il aurait voulu renaître mais ne se matérialisa que dans un corps robotique…il cherchait une âme mais n’existera plus que dans un monde informatique…renaissance artificielle.

La dégénérescence progresse lentement…

Etrange projet auquel se livrent les suédois industriels et psychotiques de Deathstars en cette fin de première année d’une décennie à venir. Suite à un "Night Electric Night" une nouvelle fois controversé mais encore auréolé de succès, que ce soit commercialement ou scéniquement, les psychopathes sous la houlette d’Emil Nödtveit et Whiplasher Bernadotte ont décidé de ne pas faire patienter leurs fans trop longuement. En préparation d’un nouvel opus, ils proposent de manière intermédiaire un disque étrange composé de nombreux remix de leurs morceaux par des artistes autant reconnus qu’anonymes ainsi que des démos de nouveaux titres. Présenté dans un packaging remanié du dernier effort en date ou de façon individuel (sous le nom de "Decade of Debauchery") pour un prix volontairement très accessible (5€ sur le site de Nuclear Blast semblerait-il), il est clair que Deathstars agit pour faire patienter plutôt que pour de quelconques intérêts financiers (cet album ne lui coutant au demeurant rien du tout).

Packaging glacial et cover des plus rudimentaires en font un album (sans être un) visiblement froid et hostile, moins pailleté que le futur proche du groupe. Le constat se confirme avec en ouverture le génial "Opium" (l’un des meilleurs morceaux de "Night Electric Night") remixé par The Kovenant. Une tournure évidemment complètement industriel, aux riffs sous-mixés, froids, brutaux et tranchants, résistant vainement aux appels triturés de samples glauques et malfaisants. Une approche très cinématographique émane de sonorités et de chants féminins tourmentés, à l’instar d’âmes en peine cherchant un chemin pour libérer un esprit en proie à ses démons. Le refrain si percutant originel disparait au profit d’une uniformité malsaine, d’une profonde froideur et d’arrangements tous plus inventifs les uns que les autres, occultant complètement l’aspect métal d’antan. Seule la mélodie vocale ressort d’un morceau au final complètement nouveau…une sorte de démence, de transe émane du morceau, comme une psychose collective d’un esprit d’aliéné, sans pour autant qu’il repose cette fois sur les variations vocale du chef d’orchestre Whiplasher.

Drop, le claviériste de Sybreed, poursuit le chemin de croix avec sa version toute personnelle de "Trinity Fields" (l’un des morceaux les plus glauques de "Termination Bliss"). Perdant peut-être de sa folie pour gagner un aspect plus accessible et electro que réellement indus, Drop accentue l’impact vocale pour transformer le reste de la musicalité en unique sample. Ainsi, on retrouve un refrain à la limite de la techno…intéressant mais parfois un peu hors-sujet.

Néanmoins, si chacun se fera ses propres opinions sur les différents remix inondant l’album, c’est bien du côté de la nouveauté qu’il faudra se pencher.
"Black Medicines" semble un retour en arrière aux débuts de "Synthetic Generation". Les claviers sont omniprésents mais les vocaux évoquent une vision moins riche du panel vocal du si précieux vocaliste, restant ancré dans un registre très grave et finalement relativement stérile. Le riff, sans surprise, n’est pas le plus inventif qui soit mais n’est pas mis en valeur par des sonorités de claviers décevantes. Certes, il ne s’agit que de démo mais rien ne laisse présager une future tuerie. A l’inverse, "Our God the Drugs" reconduit les ambiances atmosphériques, troublantes et dérangeantes si chères aux suédois. Le chant se fait menaçant, presque black, bien plus profond, alternant avec une narration abyssale et brutale, laissant entr’apercevoir au contraire une orientation fondamentalement plus incantatoire, lente et malfaisante. Une apparition féminine, semblable à celle récente de Garm sur le "Gateways" de Dimmu Borgir, surprend avant…un solo ! Fait si rare chez Deathstars qu’il en deviendrait presque évènementiel. Un morceau génial qui, une fois correctement masterisé, devrait gagner encore en impact et en noirceur.

"Division X" prend une fois de plus l’auditeur à contre-pied grâce à des sonorités beaucoup plus précieuses et lumineuses, aux claviers très glam et aux vocaux graves bien plus commerciaux et accessibles, tandis que "Genocide" surprend quand à lui par son minimalisme et sa rugosité inhabituelle (véhiculé par un Whiplasher à la violence salvatrice et à ce riff syncopé jouissif). Un autre élément marquant de ces cinq démos étant la présence quasi continuelle d’un chant féminin, sur quatre morceaux et parfois de manière dominante, inspirant une facette parfois plus gothique de Deathstars. La dualité apparait de plus en plus présente, en même temps que les soli font leur apparition remarqués et que ce cinglé de chanteur s’évertue moins à ses envolées démoniaques mais s’enfonce dans une obscurité des plus intéressantes pour le futur du groupe.

S’il sera probablement érigé au rang de gadget pour les mauvaises langues, notamment pour ses remix parfois inutiles ou bancals, les nouveaux morceaux, encore incomplets et dans des versions non définitives, offrent un panorama alléchant de ce qui parait s’afficher comme l’avenir musical des suédois. Un univers froid mais paradoxalement réconfortant, dans lequel il semble si simple de se plonger, que le piège n’en est que plus pervers une fois refermé. Car l’obscurité, une fois pénétrée par vos pores, ne serait plus enclin à vous quitter…elle fera parti intégrante d’un être dont la dégénérescence psychologique ne sera qu’un début…avant de sombrer inexorablement dans les tréfonds d’une démence humaine collective que l’on ne pourra plus que ralentir, à défaut de pouvoir stopper l’inébranlable et annihilatrice marche du temps…

1. Opium - The God Particle Remix
2. Trinity Fields - Drop's Synthetic Evolution
3. Babylon - Underworld Lounge Remix
4. Chertograd - Junkyard Baby Remix
5. Opium - Nightfuture of Century Remix
6. Babylon - Remix 4
7. Last Ammunition - Xe-None Remix
8. New Dead Nation - Of These Hope
9. The Fuel Ignites - Catronics Child of Light Mix
10. Black Medicines
11. Division X
12. Revolution Exodus
13. Our God The Drugs
14. Genocide
15. The Fuel Ignites - Fuel for Cowboys Remix
16. Chertograd - Necrorock
17. The Fuel Ignites - Phoebus Remix

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