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Album

26 mai 2020 - Matthias

Vermilia

Keskeneräisiä tarinoita

LabelIndépendant
styleAtmospheric Pagan/Black Metal
formatAlbum
paysFinlande
sortiemai 2020
La note de
Matthias
8/10


Matthias

Punkach' renégat hellénophile.

Bien qu'elle avait déjà produit une paire de singles l'année précédente, c'est au début de l'été 2018 que j'ai découvert Vermilia, avec la sortie de Kätkyt. Un album apparu sur le web en toute discrétion, loin des annonces tonitruantes, mais qui a, je pense, marqué tout ceux qui ont eu la curiosité de l'écouter. L'artiste finlandaise nous offrait une alchimie très personnelle entre une instrumentation Black Metal penchant vers l'atmosphérique et sa voix, à la fois chaleureuse et cristalline, tout en étant capable d'un growl profond très convaincant. Les compositions de Vermilia n'étaient pas des plus déroutantes ; elles restaient même très accessibles au profane, tout en évitant les facilités fort présentes dans le Pagan/Folk à voix féminine, fut-il de qualité. Dans un registre musical qui ne laisse pas toujours beaucoup de place à l'introspection, Kätkyt évoquait l'aspect apaisant d'une nature endormie sous son manteau d'hiver, narrée avec la beauté pour nous si étrange d'une langue ouralienne.

J'ai longtemps craint que le projet Vermilia ne se résume à cet album relativement confidentiel avant de s'effacer dans les limbes de Carélie mais, fort heureusement, je me suis trompé, comme je l'ai déjà admis. Après un single en 2019, l'artiste nous dévoile Keskeneräisiä tarinoita qui, bien qu'étant présenté comme un EP, reste assez consistant avec ses quatre pistes pour 22 minutes. Dès "Hauras, kuollut, kaunis" les riffs typiques du Black Metal se font plus discrets que sur Kätkyt, pour laisser plus de place à des mélodies folks sur lesquelles plane, c'est nouveau, un air de violon. La voix de Vermilia, vaporeuse, monte en puissance sur un "Taivas Hiljaa Huutaa" plus tribal avec son magnifique refrain au chant dédoublé en deux tons, l'un clair et aérien tandis que l'autre gronde au plus profond des nuées. Les sonorités Black reviennent durant la seconde moitié de l'EP, pour culminer sur un "Pimeä polku" qui laisse à la chanteuse l'occasion de faire preuve de son talent dans plusieurs registres vocaux tandis que, magie du montage sonore, son double éthéré se cache derrière les chœurs alors que la guitare se fait plus présente pour un final conforme aux incantations communes du Black atmosphérique, mais qui fait preuve d'une véritable puissance évocatrice. Ou invocatrice, je ne saurais trancher.

Pour qui a apprécié le premier album de Vermilia, Keskeneräisiä tarinoita fera l'effet d'une suite logique, composée avec une vraie passion et avec une maîtrise musicale et surtout vocale très impressionnante, pour un projet mené en solitaire. Ces quatre titres raviveront aisément ce sentiment de symbiose avec la nature que suscitait déjà Kätkyt, tout en ébauchant quelques sonorités nouvelles. Mais cette sortie se défait difficilement d'un terrible défaut : sa brièveté. Keskeneräisiä tarinoita est certes volumineux pour un EP, mais il se termine un peu trop brusquement à mon goût. Avec deux piste de plus, c'est à un petit album que nous aurions eu droit ; un peu de temps en plus pour ce voyage onirique dans les forêts boréales.

Setlist:

Hauras, kuollut, kaunis

Taivas hiljaa huutaa

Keskeneräisiä tarinoita

Pimeä polku