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Album

04 mars 2020 - S.A.D.E

Deathmaze

Eau Rouge

LabelThroatruiner Records
stylePost-Punk / Black wave ?
formatAlbum
paysBelgique
sortiefévrier 2020
La note de
S.A.D.E
8.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Dans ses premières années d'existence, Throatruiner Records s'est échiné à dénicher ce qui se faisait de mieux dans le domaine du Hardcore chaotique et/ou à fleur de peau, et son tableau de chasse n'est pas des moindres : Cowards, Birds In Row, As We Draw, Comity ou encore Cortez sont passés par l'écurie de Matthias Jungbluth. Par la suite, des sorties venues d'horizons plus variés ont enrichi le catalogue du label : Black metal (Satan, Imperial Triumphant), Death/Grind (Pyrrhon, Vermin Womb), Doom (Verdun), WTF (Violent Magic Orchestra). Mais, au milieu de toutes ces sorties d'obédience brutale, quelques touches post-Punk ont fait leur apparition, notamment Futures Faces. C'est donc une demi-surprise de voir un groupe comme Deathmaze s'ajouter au roster, ce nouveau projet étant présenté comme un hybride entre Darkthrone et The Cure. Sacré programme me direz-vous.

Une voiture lancée dans la nuit rouge nous est proposée comme porte d'entrée dans l'univers du groupe, et rapidement on s'y retrouve, dans cette voiture, assis aux côtés des deux membres du groupe, Gregory Mertz (Daggers, Necrodancer, King Fu…) et Julien Diels (ex-Cocaine Piss, Vuyvr, Elizabeth), pour une cavale nocturne entre urbanité poisseuse et campagne désolée. Avec ses beats synthétiques et répétitifs, ses ambiances moroses et ses morceaux assez linéaires, Eau Rouge s'encaisse d'une seule traite, sans jamais ralentir. Si l'on revient aux noms cités pour décrire les influences de Deathmaze, Darkthrone et The Cure, il s'avère qu'il y a du vrai dans la fiche promo (et c'est pas systématique, foi de chroniqueur). Les guitares sont lancinantes et hypnotiques, sans trop de fioritures, assez froides, en un mot darkthronienne. Mais le son, lorgnant résolument du côté post/cold des années 80, rappelle quant à lui la bande à Robert Smith, au même titre que la boîte à rythme bien synthétique. Quant au chant, il varie entre un parlé/chanté blafard mais attrayant et des grognement caverneux qui fleurent bon la misanthropie, quelque part entre les vocaux des groupes sus-cités.

Eau Rouge, comme je l'écrivais plus haut, s'écoute d'une seule traite. D'une part parce qu'il est très bon ; d'autre part parce qu'il est très court. Quand on arrive à la fin de Cybercrime et sa ligne de chant aussi hantée qu'entêtante, on reste sur sa faim, le trajet était un peu court et c'est bien le seul reproche que je pourrais faire à l'album. Que se soit l'accueil froid mais imparable de Time Gun (ce riff aussi simple que plaisant !), les passages où suinte en filigrane une colère maitrîsée (The Last Light sur sa dernière partie, Half A Sun) ou bien encore le vraiment désespéré Flames Eternal, chaque titre de l'album réussit à être pertinent tout en s'intégrant aux autres. D'une homogénéité qui sied à merveille au style, Eau Rouge, avec sa fausse monotonie, nous promène dans une nuit unanime dont la fin est loin d'être certaine.

Enregistré seulement six mois après le début du projet, Eau Rouge est une belle réussite. Entre post-Punk, cold-truc et Black-wave (roue libre sur les styles), Deathmaze nous propose un premier album compact mais plein de bonnes idées. Une échappée entre les genres, sans artifice mais pleine de panache.