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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Revamp

Revamp

LabelNuclear Blast
styleMetal symphonique à chanteuse
formatAlbum
paysPays-Bas
sortiemai 2010
La note de
U-Zine
4/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Le roi est mort ! Vive le roi !

Tel le veut le symbole populaire. L’un meurt, un autre renait, plus fort, plus conquérant, plus mature et surtout plus parfait. Simplement meilleur…
Aujourd’hui, une tentative de déviance de la symbolique va être tentée…

After Forever est mort ! Vive ReVamp !

Malheureusement, tout ceci est faux…dramatiquement erroné.

Replongeons-nous dans le passé, dans un temps pas si lointain où After Forever trônait dans les cieux de la hiérarchie metal symphonique aux côté de Nightwish et Within Temptation et, pendant peu de temps, Epica, dont l’épine dorsale fut elle-même un stigmate du After Forever initial (Mark Jansen étant l’un des fondateurs des deux groupes).
Ce fut lorsqu’il était au plus haut de sa flamboyance, à l’orée d’un album éponyme salué comme le summum de leur carrière, que le groupe décida de purement et simplement splitté. La route était arrivée à son terme, After Forever avait, semble-t-il, dit tout ce qu’il avait à dire. Mais que dire de ses membres ? Que penser d’une Floor Jansen se distinguant par un coffre et une voix parmi les plus impressionnantes de la scène, par un Sanders Gommans et un Joost Van Den Broek demeurant des compositeurs de talent. Que penser d’une fin si prématurée… ?

La réponse se nomme ReVamp. Floor et Joost ont décidé qu’il était hors de question d’en rester là et montent un projet ensemble, entouré d’un ensemble de musiciens prenant des allures d’all star band. Matthias Landes de Dark Fortress derrière les futs, Waldemar Sorychta (producteur de Samael, Lacuna Coil, Tiamat, Sentenced….) à la guitare, le bassiste de Drealock, Joost et Floor, peu de monde inconnu donc. Et même si un réel line up pour la tournée est déjà dévoilé, celui ayant participé à la production de l’album est on ne peut plus rodé et convaincant…et on ne peut plus décevant à l’écoute d’un résultat final aussi affligeant.

ReVamp, du haut de son premier opus éponyme, à la pochette au passage relativement laide, n’est finalement qu’un énième ersatz du cliché de base du groupe de metal symphonique actuel. Une impersonnalité flagrante perle sur les treize compositions de ce premier album, un manque total d’ambition et de grandeur, une personnalité si lisse et superficielle qu’elle en deviendrait limpide, une production tellement stérile et policée qu’elle en est ridicule.

"Here's My Hell" pose dès le début le constat. Le son de batterie est synthétique au possible, les symphonies sonnent creuses et maigrelettes (lorsque l’on connait le talent du monsieur derrière son clavier, ça fait mal…), les guitares sont tranchantes et accordées très basses (ça semble être la mode…) tandis que Floor, si elle impressionne toujours autant dans son chant typiquement lyrique (le pré-refrain est un modèle), semble poussive vis-à-vis de son chant plus naturel et metal, très peu à l’aise avec ses lignes vocales. Un break simpliste et attendu arrive sur un coulis de piano basique au possible, sans aucune magie ni âme, avant de se refaire agresser par cette caisse claire toute droite sortie d’un opus de metalcore. Un pseudo chant death ridicule vient poser quelques grunts en fin de morceaux pour mettre dans de bien étranges conditions l’auditeur découvrant ReVamp.

"Head Up High" poursuit le calvaire avec son riff inexistant (quelques lead mélodiques parfois mais aucune trame principale), ses symphonies moyenâgeuses sans impacts (le cliché par excellence) tandis que Floor, certes impressionnante d’un point de vue technique, semble de moins en moins à l’aise sur des compositions paraissant ne pas du tout lui convenir.
Dans cet océan navrant de conformisme, le salut vient d’un duo…

"Sweet Curse", malgré son introduction plagiée sur un certain Within Temptation (flagrant au point de vue du mimétisme vocal entre Floor et Sharon), s’envole à l’aide d’un Russell Allen (Symphony X, Avantasia) décidément très occupé ses derniers temps. sa voix, poignante et incroyablement forte, offre enfin un peu de consistance à une musique en manquant profondément pour un morceau musicalement toujours aussi banal (une symphonie sans intérêt en trame de fond, aucuns riffs marquants, une partie de batterie minimaliste) mais vivant lorsque les deux voix s’entremêlent et parviennent finalement à émouvoir.
L’autre duo intéressant, "In Sickness ‘Till Death Do Us Part: Disdain", voit la charismatique chanteuse partagée le chant avec Björn ‘Speed’ Strid (Soilwork, Coldseed, Disarmonia Mundi) pour des parties vocales plus intenses et arrachées et enfin voir (ou entendre) Waldemar sortir un riff costaud et consistant, presque ethnique, sur lequel des nappes de claviers ésotériques viennent compléter un tableau très agréable, à défaut d’être réellement intéressant.

Si "Million" se rapproche quelque peu du After Forever que l’on aimait tant (notamment sur ce refrain grandiose), on ne retiendra presque rien d’un album aux riffs désespérément plats et sans vie ni inspiration, parfois syncopés (pour annihiler le peu de crédibilité que le groupe pouvait afficher), trouvant son aboutissement de niaiserie sur un "Under My Skin" que la plupart des groupes du genre ne mettraient même pas en face B tant il est proprement interchangeable et passe partout, faussement ambitieux et ridiculement pompeux.

La déception est donc énorme, autant au vue du line que de l'attente que pouvait engendrer ReVamp. Dans le même temps, il n’est presque pas surprenant de s’apercevoir que si Nuclear Blast a signé le groupe (logique après tout…), la promotion le concernant se relève aussi peu étendue qu’une peau de chagrin…
After Forever est mort…bien mort…


1. Here Is My Hell
2. Head up High
3. Sweet Curse
4. Million
5. In Sickness, Till Death Do Us Part 1 : All Goodbyes Are Said
6. Break
7. In Sickness, Till Death Do Us Part 2 : Disdain
8. In Sickness, Till Death Do Us Part 3 : Disgraced
9. Fast Forward
10. Kill Me with Silence
11. The Trial of Monsters
12. Under My Skin
13. I Lost Myself
14. No Honey for the Damned