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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Annihilator

Annihilator

LabelEarache Records
styleThrash metal
formatAlbum
sortiemai 2010
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Annihilator ne devait pas se tromper après la sortie de l’album mitigé Metal, qui était plutôt un « guest album ». En effet, avec un nouveau disque moyen le statut et la réputation de ce groupe vieux de 26 ans serait annihilée… Entre temps, les canadiens ont sorti un très bon DVD, Live At Masters Of Rock, et ont surtout rompu leur contrat avec SPV pour signer chez Earache Records. Comme un symbole, Annihilator a choisi d’intituler son nouveau disque Annihilator. Examinons comment la bande de Jeff Waters tente de redorer son blason cette année :
La pochette de l’album illustrant une « Alice mort vivante » est convaincante. C’est la première fois que le logo d’Annihilator n’est pas mis tel quel. Ici, il est affiché sur le front d’Alice, ensanglanté. On y voit bien sûr un rapprochement avec l’album Alice In Hell, mais aussi à quasiment toutes les illustrations des albums suivant. Voyons justement si ce nouvel album fait référence à ce premier opus datant de 1989 ou bien s’il représente plus que ça ?

Tout d’abord, Annihilator est un album thrash hybride dont aucun titre n’est similaire, à l’image de son premier morceau « The Trend » : comme son nom l’indique, il suit la mode et possède des sons modernes mais, et c’est là l’ambiguïté, avec l’efficacité du thrash qui fait mouche depuis presque trente ans. Ce morceau efficace possède des riffs très thrashy et heavy, mais on pourra lui reprocher d’être un peu synthétique à la batterie. C’est un ennui récurrent chez Annihilator : on a l’impression qu’une boîte à rythme toute simple pourrait faire l’affaire. Mais la brillante astuce de groupe a été de placer un riff faisant immédiatement penser à « Alison Hell » (1988), dans « The Trend ». C’est un clin d’œil qui laisse augurer d’un album riche en bons morceaux.
Et c’est le cas : Jeff Waters, grand maître compositeur du groupe, a suivi sa ligne directrice avec le son d’Annihilator dont il est le seul à connaître la recette (il a produit l’ensemble de ses albums), mais aussi des guitares aux soli très démonstratifs, des transitions soignées entre les morceaux ou encore des écarts rythmiques importants d’un titre à l’autre : on peut ainsi passer du thrash/speed très rapide à la ballade. Des morceaux comme le supersonique à la guitare « Coward », l’expérimental « Death In Your Eyes » ou le très speed de la grande époque « The Other Side » illustrent cette facette agressive qu’a toujours eu Annihilator : C’est son côté « Slayer ». Au passage, quelques petits éléments nouveaux sont apparus dans Annihilator : dans « Death In Your Eyes » on est surpris d’entendre blaster le batteur Ryan Ahoff, mais aussi d’écouter un refrain mélodique à la suédoise ou encore d’avoir des parties toutes en groove et à mosher. Ce sont ces expérimentations du duo Waters / Padden qui font qu’Annihilator a évolué.
Cependant, « Ambush » est là pour prouver le contraire… En effet, Annihilator nous délivre là du thrash classique, sans surprise et même assez répétitif. Dommage d’avoir mis ce morceau dans le disque, il pourra être considéré comme un peu faible dans ce très bon album même s’il renferme des petits soli de guitare sympathiques.
Ensuite, au niveau des morceaux plus posés, on distinguera notamment l’amusant titre « 25 seconds » : basé sur un jeu entre une basse installant une mélodie lente facilement mémorisable et des guitares énervées, il accélère irrésistiblement vers le milieu pour arriver à un hymne au pogo. Finalement, il se termine de la même manière qu’il avait commencé, avec le jeu basse - guitares. On peut penser qu’à la fois l’auditeur et l’auteur prennent du plaisir à l’écouter / le jouer et aucun doute n’est possible sur l’efficacité du morceau s’il est joué en concert. Il en va de même pour « Payback » qui est un autre jeu, mais cette fois-ci entre les instruments très enjoués et la voix.
Puis, en parlant du chant, il est important de souligner les nombreux échanges vocaux entre Dave Padden et Jeff Waters. Leur complicité semble évidente à l’écoute de l’album. Après, il est vrai que le cas Dave Padden pose problème à beaucoup de fans, qui préféraient le précédent chanteur Joe Comeau. Ici, Dave Padden a livré une bonne prestation vocale. Il en va de même à la guitare, où les deux complices peuvent prétendre à figurer dans la liste des meilleurs duos de guitaristes thrash. Les soli de Waters sont toujours aussi incroyables de rapidité, de mélodie, et nombreux dans l’album sont les riffs de guitare qui prennent aux tripes.
Enfin, pour mettre la cerise sur le gâteau, Annihilator a fait une autre innovation : c’est la première fois que nous retrouvons une reprise sur un de leurs albums (hors rééditions avec bonus) : « Romeo Delight » de Van Halen. Jeff Waters rend ici hommage à l’un des plus grands guitaristes de l’histoire en interprétant cette reprise. Ce morceau de hard rock est bien repris, sans grand-chose de neuf, mais c’est plus pour sa symbolique aux yeux de Jeff Waters et la production qui lui donne un bon son rétro qu’il a de la valeur.

En définitive, Annihilator est un très bon album. Le groupe canadien a su oublier son très moyen Metal et repartir sur de bonnes bases : du thrash, du heavy, de la mélodie (« Nowhere To Go » est le meilleur exemple à ce sujet) et des petites expérimentations bienvenues. On en prend plein les oreilles au niveau des soli de guitare : Jeff Waters est un très grand guitariste / compositeur et il le confirme ici.

1. The Trend
2. Coward
3. Ambush
4. Betrayed
5. 25 Seconds
6. Nowhere To Go
7. The Other Side
8. Death In Your Eyes
9. Payback
10. Romeo Delight (Van Halen cover)

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