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jeudi 18 juillet 2019

Rammstein @ Paris

Paris La Defense Arena - Paris

Schifeul

Dans l'équipe car il était là avant.

10 ans après LIFAD, Rammstein ressort enfin un nouvel album et, comme il est de coutume, en profite pour faire une petite tournée. Sauf que là, le groupe voit grand et décide de faire une tournée des stades. Ouais, carrément ! 31 dates dans des lieux allant d’une capacité de 30 000 à 80 000 places, le tout complet très, TRÈS rapidement ! Tellement qu’avec un plantage de site belge, je me retrouve à prendre ma place pour Paris le 29 juin, soit la date rajoutée pour satisfaire les pas rapide à la détente…

Donc direction le stade couvert de La Défense Arena pour assister au retour de Rammstein dans la plus grande salle de concert d’Europe pleine à craquer !

Et donc, qu’est ce que ça donne ? Bha on a eu droit à Richard Krupse en manteau à plumes blanches et brassard rouge qui fait un remix techno de Deutschland pendant que le reste du groupe danse en combinaison bonhomme lumineuse. Voilà, avec cette phrase Kamoulox je pourrais arrêter mon report, le lecteur ayant raté cela comprendrait qu’il faut avoir été présent pour comprendre l’essence de ce concert.

Mais on va quand même creuser un peu plus, pour faire honneur au groupe dont il est plus compliqué de se protéger des spoilers que pour une saison de Game Of Thrones (et au final moins chiant). Ça commence donc avec la première partie le Duo Jatekok qui se présente sur la scène centrale, donnant ainsi lieu à un début de concert où la moitié de la fosse lui tourne le dos sans trop savoir ce qui se passe. Le Duo Jatekok et donc un duo (oui) de pianistes françaises qui vont jouer 8 titres, issus de l’album de reprises de chansons de Rammstein au piano Klavier. On a donc en première partie de Rammstein un groupe qui va reprendre un album de reprises au piano de Rammstein. Bien. Bon après elles essayent de mettre l’ambiance et demandent au public de chanter les paroles, qui s'exécute sans trop se faire prier. Pas la première partie de folie mais au moins ça passe vite et c’est toujours mieux que Deathstars.

Les lumières s’éteignent, et tandis que retentit dans la Défense Arena l’ouverture de Musique for The Royal Firework, un écran vidéo diffusant le logo de Rammstein monte la tour centrale d’une scène envahie de fumée. Comme le concert de ce soir se déroule dans un stade fermé, la tour ne dispose pas de ses éléments les plus hauts, mais on a tout de même ici ce qui est sans doute la plus belle scène jamais utilisée par Rammstein. Même si avec ce toit transparent, on a un petit côté abri-bus, heureusement occulté par une ambiance totalitaire et industrielle, rappelant aussi le visuel de leur DVD Lichtspielhaus. Une fois l’écran en position dominante, Scneinder se présente sur scène et BAM EXPLOSION ! Tout le public sursaute d’un coup (sauf ceux présents la veille quoi) et le groupe profite de cette poussée d’adrénaline générale pour jouer… Was Ich Liebe… Ha. Bon le morceau est pas dégueu quoi, mais je ne suis pas persuadé de la pertinence de cette entrée en matière, surtout que le groupe y va mollo ; les musiciens arrivant un à un pour jouer leur partie avant qu’un Till vêtu d’un ensemble cape costard en serpent ne lance réellement le morceau. C’pas mauvais, mais on arrive pas à rentrer direct dans le truc.. Heureusement on repart rapidement sur de bonnes bases avec Links 2 3 4 qui déboule en même temps que des bannières rouges estampillées du Logo Rammstein n’apparaîssent un peu partout, renforçant un temps ce côté oppression dictatoriale et industrielle de la scène.

Et c’est à partir de là qu’on va se prendre une première partie de concert parfaite, où Rammstein va enchaîner les titres mélangeant ses hits (Sehnsucht, Mein Herz Brennt…) avec les titres de son dernier album qui, comme de coutume sera joué en quasi intégralité et qui se concluera avec une bonne vieillerie en la présence d’Heirate Mich. Parmi les petits nouveaux, on mentionnera Zeig Dich, qui passe très bien en live et montrera les premiers gros effets de pyrotechnie, Rammstein arrivant jusque là à nous en mettre pleins les mirettes uniquement avec son lightshow et ses explosions. Mais surtout Puppe, où l’on voit Till monter sur scène poussant un landau et portant des lunettes à loupe de Verrückter Wissenschaftler. Mais cette loupe est en fait une caméra que Till actionne en tapant dessus pour filmer des images retransmises en direct sur l’écran central. Après avoir filmé de cet oeil-caméra foule et musiciens, dont un Flake qui fait coucou, au moment du refrain Till se tourne d’un coup et regarde directement l'intérieur du landau, révélant ainsi sur l’écran central un bébé mutant dégueulasse et geignard. C’est sous nos yeux ébahis que Rammstein nous sort le concert en réalité augmentée ! Ça a plus de gueule qu’un hologramme de 2pac ou Mélenchon. Puis la poussette prend feu, bébé dedans, Rammstein réalisant le rêve de centaines de milliers de parents se retrouvant avec des enfants moches.

 

Après cette partie de set parfaite, on a droit à un petit moment d’accalmie, avec pour commencer la très douce Diamant, jouée juste par Oliver, Flake et Till en devant de scène avec briquets levés. On a ensuite ce fameux remix techno avec DJ Richard en haut d’un ascenseur qui nous fait faire des “wouh….wouwouwouh” Tandis que les autres membres dansent dans leurs combinaisons, donnant ainsi vie à des bonhommes bâtons lumineux. On est bien dans le Berlin contemporain là, on assiste à un happening d’une grande puissance ! Je sais pas ce qu’ils ont voulu exprimer là, mais si c’était pas un concert de Rammstein, ça finirait à 2H du mat’ sur Arte.

 

Tout le monde s’est bien reposé, on repasse aux choses sérieuses et Rammstein balance les deux premiers singles du nouvel album, Deutschland et Radio avant de nous envoyer de l’ultra hit à commencer par Mein Teil. Till nous refait ici le coup du “ho, mon lance flamme est trop petit” pour en prendre un plus gros, comme sur leur précédente tournée. Sauf que là Flake se fout encore un peu de sa gueule et c’est donc sur un putain de canon lance flamme que Till va allumer ce dernier, genre directos sur lui, le pauvre claviériste s’étant préalablement muni d’une tenue et d’un casque ignifugé. Ceci étant trop pour lui, il rampe au pied de Till, agitant drapeau blanc. Mais finalement, aussi taquin que furtif, il profite que Till est occupé à haranguer la foule pour le pousser hors de scène ! Bon, ça vaudra pas Tom Araya qui dégage un fan de la même manière lors du Unholy Alliance de 2004 à Bercy, mais on saluera l’effet théâtral.

Après ça, gros tryptique de classiques avec un enchaînement Du Hast/Sonne (meilleure chanson du groupe, faut-il le rappeler) et Ohne Dich pour finir. Après une courte pause, les membres de Rammstein réapparaissent sur la scène centrale accompagnés du Duo Jatekok afin d'interpréter une version d’Engel au piano. Le moment parfait pour chanter avec le groupe et d’ailleurs on a droit aux paroles sur l’écran de scène pour transformer un court instant le concert en karaoké géant. Dommage, vu ou je suis placé j’ai les paroles dans le dos quand je regarde la petite scène. S’ils sont apparus comme par enchantement sur la petite scène, c’est sur des bateaux pneumatiques que les membres du groupe vont rejoindre la principale. Si certains arrivent à voguer sur la foule d’un air flegmatique, comme Richard qui balance négligemment des photos fraichement dédicacées, Schneider lui se fait un peu malmener avant d’arriver à bord. C’est Till, qui a esquivé le petit voyage en bateau, surement victime du mal de mer, qui aide ses camarades à rejoindre la scène à l’aide de poignées de mains viriles. Profitant du lien que pose le clip, cette arrivée en bateau ouvre l’espace pour Ausländer, tu sais le morceaux où tu te demandais c’est quoi cette intro techno pourrie avant d’en faire ton titre préféré. Et on tient là un vrai futur hit du groupe à voir la réaction du public ! Ce premier rappel se conclut sur Pussy, où Till, en tant que mâle blanc hétéro cisgenre, va oppresser toute l’Arena en chevauchant un énorme phallus et en aspergeant les premiers rangs de mousse blanche et confettis. Mais son tour de force de masculinité toxique ne s’arrête pas là, car pour bien nous montrer sa domination patriarcale, il nous force ici à baisser la tête, car la mousse, ça pique les yeux.

Nouveau rappel avec Rammstein. Si j'apprécie moyen ce morceau, je trouve en revanche qu’ils sortent sur ce titre des effets pyrotechniques dingues. Ici on a le droit à un pack dorsal qui envoie directement du dos de Till des flammes dans 9 directions différentes. Effet hyper classe, mais qui ne durera qu’un cours instant car le matos a fait pffuit après deux coups. On voit à l’air bougon de Till qu’il se demande s’il plaquerait pas tout, là, pour rentrer à la maison et que surtout il ne vaut mieux pas être un des responsables pyro à cet instant. En ultime morceau, Rammstein joue un Ich Will, repris par le public comme il se doit. Après les salutations de rigueur, Rammstein prend l’ascenseur qui le fait monter jusqu’en haut de la tour avant de disparaître dans une explosion. Voilà ce qui conclut après plus de deux heures de spectacle, le deuxième concert Parisien du groupe le plus impressionnant en live. Et sans jouer Frühling in Paris, ce qui est un très bon point.

 

Was ich liebe
Links 2-3-4
Tattoo
Sehnsucht
Zeig dich
Mein Herz brennt
Puppe
Heirate mich
Diamant
Deutschland
Radio
Mein Teil
Du hast
Sonne
Ohne dich

Engel
Ausländer
Du riechst so gut
Pussy

Rammstein
Ich will