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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Avantasia

The Wicked Symphony

LabelNuclear Blast
styleOpera Metal
formatAlbum
paysAllemagne
sortieavril 2010
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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La perception sensorielle. L’attraction de nos sens avec le monde, nos repères avec le monde extérieurs, notre vision de l’espace vis-à-vis de notre propre conscience. Elle est unique, elle est propre à chacun et pourtant si semblable les unes des autres, presque un plagiat.
Cependant, imaginer un personnage ayant une conscience de la matière complètement différente des autres est difficilement imaginable et assimilable par la masse. Une difficulté de perception qui isolerait incontestablement l’homme de ses congénères, la différence étant bien souvent facteur d’incompréhension.

Transposé ainsi, les débats philosophiques qui peuvent en découler sont immenses, indépendamment du fait qu’une certaine transposition du mythe de Faust est perceptible, notamment lorsque le dit personnage se verra souffler les paroles de la tentation par Méphistophélès en personne.
Souvenez-vous…ce personnage…un brin autiste, dont la perception si unique le poussera à devenir musicien pour finalement se transformer en messie…ce personnage…"The Scarecrow". Créer de toute pièce par l’imagination fertile et sans limite d’un des derniers génies du power symphonique, le grand (enfin…) Tobias Sammet, lutin allemand ayant prouvé à maintes reprises son ascendant sur l’actuelle scène mélodique internationale.

Donnant suite au controversé troisième opus de l’ambitieux et démentiel projet Avantasia, Tobias a décidé de terminer le premier chapitre de son second concept sur un coup d’éclat. Ce sera finalement une trilogie conceptuelle que nous offrira le vocaliste/bassiste/claviériste/compositeur avec deux albums simultanément : "The Wicked Symphony" et le final "Angel of Babylon".
Faisant également le choix d’ajouter une logique chronologique dans ces deux nouveaux volets, le déroulement des protagonistes n’en devient que plus simple, et surtout le scénario se veut plus lumineux et facile à suivre.

Toujours armé d’une quantité incroyable d’invités, le concept voit l’arrivée de nouveaux chanteurs, notamment l’inspiration, symbolisée par Russell Allen (Symphony X), la furie par le génial Tim Owens (ex-Judas Priest, ex-Iced Earth, Beyond Fear), un démon envoyé par Méphistophélès incarné par Andre Matos ou encore la vision positive du futur par la légende Klaus Meine (Scorpions), ainsi que quelques autres rôles. Pléthores d’artistes également derrière les instruments, que vous retrouverez dans un petit bijou de packaging, formé dans un sublime coffret, livrant deux digibook (un par album) cartonnés ainsi qu’un troisième livret cartonné pour plus d’infos sur le projet, le concept ainsi que moult photos.

Néanmoins, aussi audacieux et démesuré le concept soit-il, ce que nous attendons tous, une nouvelle fois quasi-religieusement, face à un tel casting, est avant tout les morceaux, la composition pure et dure, que Tobias annonce grandiose depuis plusieurs mois.
La symphonie maudite entame donc son périple dès les premières secondes. Une chevauchée épique se prépare dès les premières secondes, les cuivres se font entendre au loin, un sentiment de grandeur envahit directement l’atmosphère, quelque chose de grand se prépare. Un premier riff très mélodique arrive, avant l’entrée en scène du maitre de cérémonie, toujours sous un coulis symphonique délectable et sublime. Rapidement rejoint par Russell et l’indispensable Jorn (Méphistophélès), ce titre fleuve de presque dix minutes délivre dès la troisième minute l’un des refrains les plus forts que Tobias ait composé sous Avantasia, pas forcément immédiat mais incroyable de densité et de beauté. Jorn est une nouvelle fois impérial, sa voix puissante et rauque emportant tout sur son passage, tandis que le chant si caractéristique et splendide de Russell se marie parfaitement avec celui de Tobias. Un superbe solo se pose ensuite pour voir venir un break au chant lointain et possédé, presque hanté de Tobias, hurlant comme un forcené avant de voir s’abattre un nouveau riff d’une épaisseur divinement jouissive, pour aboutir sur un nouveau solo et la reprise du refrain. Une première composition dantesque, intense, épique, monumentale…

Foncièrement heavy, cette seconde partie fait la part belle au morceau marquant de ce double disque, peut-être plus accessible mais au final plus magique, accentué par un nombre incalculable de solo (entre Sascha Paeth, Bruce Kulick et Oliver Hartmann…) et surtout trois batteurs (Eric Singer, Felix Bohnke, Alex Holzwarth) aux profils différents.
Du speed anthologique de "Wastelands" (évoquant le "Return to the Tribe" d’Edguy) partagé avec le magicien Michael Kiske au stratosphérique "Blizzard on a Broken Mirror", en duo avec Andre Matos pour rappeler le mythique "The Seven Angels" le temps d’un titre en passant par le déjà classique "Dying for an Angel" avec Klaus Meine pour un mid tempo ultra accrocheur, "The Wicked Symphony" brille par sa perfection dans chaque domaine.

"Scales of Justice" surprend par son riff des plus agressifs et les hurlements jouissifs du maitre Owens, incarnant avec maestria la furie. Cependant, dans cette déferlante quasi thrash, Tobias a composé un refrain terriblement mémorisable, à la mélodie acérée et scandée, dont le break minimaliste est un parfait tremplin pour le voir ressurgir à la fin du morceau. "States of Matter" se révèlera presque la perle du disque, en signant probablement l’une des plus belles performances vocales de Sammet dans toute sa carrière. Mid tempo imparable, à la mélodie épique (ces lignes de claviers splendides) entre Russell et Tobias, pour un refrain magique, enchanteur et qui ne quittera plus votre cerveau pendant un bon moment.

Mais la grande force de ce disque, c’est d’avoir fait de chaque composition une personnalité propre, les rendant tous passionnant et indispensable. Comment ne pas évoquer l’énorme et très original "Crestfallen", à l’intro plombée et saccadée, et notamment cette mélancolie sur les couplets. Mélancolie qui amènera à un refrain dantesque, grandiose (mon dieu ces chœurs) mais doublé par des lignes vocales de Tobias étonnamment violentes et hurlées, comme le génie allemand ne l’avait jamais fait, et comme peu devait se douter qu’il puisse le faire. Quand à "Runaway Train", passer sous silence cette merveille de huit minutes à quatre chanteurs relèverait de l’hérésie tant le morceau regorge de beauté et d’harmonies vocales, tout comme le très sombre et quasi malsain (ce break glauque et délectable…) "Black Wings".

"The Edge" termine une nouvelle partie de l’aventure, une autre page se tourne, une œuvre grandiose, inspirée (incontestablement la plus des trois) vient de se terminer. Peu de choses à dire tant le talent de Tobias force une nouvelle fois l’admiration…mais le personnage est quand à lui au bord de la rupture sur cet ultime morceau. La décadence est proche, la chute inéluctable…les anges de la tentation approchent…"Angel of Babylon" ouvre ses portes…


1. The Wicked Symphony 09:28
2. Wastelands 04:44
3. Scales of Justice 05:04
4. Dying for an Angel 04:32
5. Blizzard an a Broken Mirror 06:07
6. Runaway Train 08:42
7. Crestfallen 04:02
8. Forever Is a Long Time 05:05
9. Black Wings 04:37
10. States of Matter 03:57
11. The Edge 04:12

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