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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Six Magics

Behind the Sorrow

LabelCoroner Records
stylePower progressif
formatAlbum
paysChili
sortiefévrier 2010
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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Probablement peu de gens s’en souviennent, mais voilà six ans, de jeunes chiliens répondants au patronyme énigmatique de Six Magics avaient livrés une petite merveille de speed symphonique, épique, grandiose, inspiré, grandiloquente. Une petite merveille oui…mais sans aucun impact médiatique…

Le problème est inhérent et insatiable, l’Amérique du Sud et ses groupes s’opposent aux mêmes soucis que nos propres pays de l’est ; des salaires de misère, des instruments très cher, des tournées couteuses, et finalement une difficulté manifeste à décoller. Et pourtant, l’underground regorge de groupes au talent certains, talent si invisible aux yeux du monde. Animal sorti il y a deux ans avait été plongé dans un anonymat pesant et malsain avant-même sa sortie (malgré la réalisation d’un dvd peu avant). Mais la passion est restée présente, l’envie de composer, produire, jouer, créer est demeurée intacte. Aujourd’hui épaulé par Coroner Records, le groupe a les moyens de percer au grand jour…ou du moins l’espoir…

Mais les changements sont nombreux depuis The Secrets of An Island, à commencer par le départ de Sergio Domínguez (chant) laissant au chant la seule Elyzabeth Vasquez, éclipsant son timbre vocale si enlevé et épique. Mais Six Magics a tenu à frapper fort, et sous une pochette sombre et funeste se cache un album qui possède tous les atouts pour les faire littéralement exploser.
Produit par David Prater (les Images and Words et A Change of Seasons de Dream Theater sont de sa main), il bénéficie ainsi d’un son colossal, très puissant et léché. L’aspect symphonique si cher à Rhapsody of Fire s’est largement atténué, une personnalité s’est tissé chez les chiliens, plus puissante et progressive, à la technique instrumentale souvent déroutante et au timbre chaud et rock de la chanteuse qui, s’il parait défavorable au début, devient au fur et à mesure partie intégrante de la personnalité de ce Behind the Sorrow. Il n’y a qu’à écouter le break parfait de Run, à la narration évoquant un Megadeth, quelques arpèges mystérieux, mais surtout une énorme puissance provenant d’une batterie superbement mise en valeur dans le mix, et de guitares écrasantes au possible (l’influence Dream Theater est plus que perceptible). Les notes s’allongent puis le solo fait front, emplie de dextérité, de technique et de feeling, comme si la lourdeur des américains rencontrait la mélodicité d’Angra.

On sent une maitrise parfaite du sujet, à l’instar de cette ouverture lourde du titre éponyme, débouchant sur une superbe mélodie, puis une ligne vocale pleine d’introspection, posée sur une ligne de basse songeuse, et quelques nappes de claviers magnifiques. Un refrain hymnique et mid tempo, à la mélodie entêtante, et terriblement accrocheur, entre dans le crâne de l’auditeur alors que le morceau se fait plus puissant. Erick Avila et Gabriel Hidalgo derrière leurs six-cordes proposent de véritables pépites, toujours mélodique, mais souvent technique, d’où un sentiment de légèreté et de fluidité très agréable. All my Dreams, très mélodique également, ne choquerait pas réellement sur un album récent de Angra, autant dans la production très moderne que dans les riffs aussi incisifs que mélodiques, et ces claviers en toile de fond, discrets mais vitaux. Les refrains possèdent cette formidable capacité à se retenir très facilement, même si on regrettera une certaine pauvreté vocale de la demoiselle, manquant réellement de variation de timbre, souvent dans des gammes relativement graves ou medium.

Des morceaux aux riffs beaucoup plus plombés, tels que No Time to Grieve ou le taillé pour le live Lies and Rules, offre du volume et de l’épaisseur à l’album, tout en ajoutant constamment une touche épique. Lies and Rules, plus thrash dans l’âme, pêche en revanche une nouvelle fois dans les couplets de la miss, presque faux, alors que le riff en forme de rouleau compresseur est une merveille et que le refrain plein de grâce est une nouvelle fois une pépite. Léger sentiment de frustration qui vole en éclat sur le sublime They, sombre et solennel, au refrain hypnotique, à la mélodie centrale malsaine et répétitive, presque proche d’un Katatonia, dont les nappes de claviers renforcent la brume qui s’écrase sur l’auditeur. Une composition forte et émotionnelle, qui prend aux tripes et démontrent le travail avant tout artistique du groupe, sachant également composer dans la sobriété (ce solo déchirant).

Tout se termine sur un autre morceau au tempo plombé, I Remember, pour dévoiler sans complexe que Six Magics est aujourd’hui loin de la course à la performance, à la rapidité et aux orchestrations massives, mais bel et bien dans la recherche de compositions aussi élaborées que faussement simple, à la sophistication d’arrangements qui le rend très riche et intéressant.
Behind the Sorrow n’est pas parfait, mais il dispose de toutes les armes pour permettre au groupe d’aller de l’avant et de pourquoi pas le voir prochainement dans nos terres. Car finalement, les révélations progressives sont aujourd’hui très rares, dans un genre où les mastodontes règnent en maître et les autres se partagent les miettes, Six Magics offre une alternative intéressante, musicale et mélodique…


01. Run
02. Animal
03. Behind The Sorrow
04. Lies And Rules
05. Hands Of Time
06. All My Dreams
07. They
08. No Time To Grieve
09. It's Not The Way
10. I Remember