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Quand on a un petit peu d'expérience dans le monde du metal, on a eu du temps pour voir la naissance et l'avènement de certaines tendances ou de certains styles de façon inédite. En effet, en étant présent à ce moment-là, on ne vit pas la musique de la même manière qu'en l'écoutant de manière rétrospective, et on ne développe pas le même attachement à ce style. Pour illustrer mon propos, je vais prendre un exemple personnel. J'ai vu arriver dans le monde du metal les In Flames et autres Dark Tranquillity dès leurs débuts, leurs premiers sons et l'esprit que leur jeunesse leur conférait. Mon propos n'est ni de dire que c'était mieux avant qu'ils ne se vendent, ou que j'ai tout vu donc que je sais mieux. Loin de moi cette idée, en tant que chroniqueur, on se doit de rester humble. Je voudrais justifier l'impression que l'écoute de Transmutate de As Memory Dies m'a faite.
Ce groupe Italien est verni, ils sortent là leur premier album, et ils se font repérer par Niklas Sundin, qui leur propose une superbe illustration. Quelle plus belle manière pour se mettre en avant ?
Mais c'est au son de ce groupe inconnu que la différence s'est faite. Il ne faudra pas longtemps pour se rendre compte que celui-ci fleure bon l'old-school, ou le manque de moyen, selon le point de vue. Dès Eyeway to Identity, on se retrouve quinze ans en arrière aux temps des premiers In Flames ou At The Gates. Les guitares, la batterie et par dessus tout le chant sont un hymne aux Grands Anciens du melodeath. Le chant d'écorché vif est agressif à souhait, et il est agrémenté de quelques passages en voix claires plutôt bien rendus et tout aussi bruts que le reste de la musique. On ne ressent pas la couche de maquillage que les productions modernes s'autorisent.
Je ne voudrais pas vous laisser penser que Transmutate a été enregistré dans la cave des musiciens avec pour seul but, nous faire mal aux oreilles. Le tout n'est pas inaudible et les instruments sont clairement séparés et on distingue tout sans problème. Ce n'est pas du « true black metal tellement misanthrope qu'ils haïssent les ingénieurs du son », cela reste une manifestation de metal mélodique à consonance extrême. On retrouve même le gimmick qui va bien de l'instrumentale en acoustique avec arpèges et piano qui se répondent (Distress in a Velvet Room). Le tout sans oublier un petit côté folk sur Fifth Day, Leviathan et son break fort original. Cela permet au groupe d'apporter un peu de fraîcheur à une musique qui est marquée au fer rouge.
Pour accentuer le côté unique de leur premier album, les Italiens ont décidé de consacrer une grosse partie des cinquante minutes de l'album à un concept en trois parties. Ils se sont donc penché sur le cas du Docteur Faustus, personnage tiré d'une pièce de Christopher Marlowe, dramaturge anglais du 16è siècle. Le nom de l'œuvre est le nom du triptyque : The Tragical History of Doctor Faustus. Le tout s'étend sur une vingtaine de minutes et la durée des morceaux va decrescendo. On alterne entre passages atmosphériques et électriques, les deux parties n'étant pas particulièrement violentes, mais faisant plutôt la part belle aux mélodies et à une construction aérées, consistante et mid-tempo. La troisième partie se détache complétement avec un son très proche d'un black metal assez cru dans sa première partie. Le reproche que je leur ferait serait d'avoir composé ces trois morceaux sans leur donner assez de liant : les thèmes ne se retrouvent pas, il n'y a pas de transitions entre chaque passages qui nous donneraient une impression d'ensemble. De plus les meilleures idées et celles qui collent le plus à leur style sont dans la première partie qui est aussi la plus longue et qui parfois se perd dans ses méandres.
Globalement, on ressort de cette dernière partie avec une bonne impression, car As Memory Dies nous prouve qu'ils savent jouer sur plusieurs tableaux et se détacher (un petit peu) de leur carcan de prédilection : le death mélodique. On peut penser alors que cette même raison les a poussés à introduire une part de technique et de progressivité dans un morceau comme A Season Of Failures, avec des guitares qui se répondent avec des parties différentes, des rythmes syncopés à la batterie entre autres. En ne passant guère sous la barre des sept minutes, les Italiens se doivent d'introduire de la diversité dans leurs propos sous peine d'ennuyer l'auditeur exigeant que nous sommes. Pari plutôt réussi pour moi.
Transmutate est un très bon premier album pour As Memory Dies, il va sans aucun doute marquer les esprits pour plusieurs raisons : le son qui nous fait revenir au bon vieux temps des débuts du melodeath, son indéfectible allégeance aux fondamentaux du style qui, paradoxalement, apportent un peu de fraîcheur dans un style peu prisé aujourd'hui car les groupes phares ont pris une direction core, pop ou encore death. Reste à mûrir, approfondir son style, travailler encore sa personnalité se faire un nom.
1. Eyeway To Identity
2. Fifth Day, Leviathan
3. A Season Of Failures
4. Distress In A Velvet Room
5. The Tragical History Of Doctor Faustus - Act I
6. The Tragical History Of Doctor Faustus - Act II
7. The Tragical History Of Doctor Faustus - Act III





