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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Rage

Strings to a Web

LabelNuclear Blast
stylePower metal
formatAlbum
paysAllemagne
sortiefévrier 2010
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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Le cap fatidique des dix opus studio est toujours un cap et une preuve certaine d’une longévité et d’une carrière se créant dans le temps, également synonyme d’une passion intarissable avec le temps. Néanmoins, ce cap n’en est pas pour le moins peu présent sur la scène métallique actuelle…ce qui est en revanche beaucoup moins le cas du seuil du vingtième album studio, seuil que se prépare à franchir Rage en ce début d’année 2010. L’on parle bien ici de près de 250 compositions, de 25 ans de carrière, de presque autant de tournées à travers le monde et d’une passion et une ferveur sans précédent pour le power métal.

2010 prend donc la forme d’une année spéciale pour les allemands de Peavy Wagner, capitaine des troupes depuis le début, vocaliste illustre au timbre rauque et chaud ainsi que bassiste de son état depuis son plus jeune âge. Il est évident que ce n’est plus Rage qui révolutionnera la musique aujourd’hui, et Strings to a Web n’en a ni la prétention ni l’envie. A l’instar de leurs compagnons de Gamma Ray ou d’Iron Savior, Rage continu de tracer sa route et ajoute une nouvelle pierre à l’immense édifice qu’il a battit avec le temps et dans la douleur.
Malgré une pochette une nouvelle fois immonde (le retour de cette fameuse créature mécanique ayant ornée tant de pochettes…), Rage renoue avec l’exercice symphonique qui l’avait fait explosé avec Lingua Mortis, dans la continuité de Speak of the Dead, en y ôtant la niaiserie qui caractérisait parfois cet album.

Divisé en trois parties distinctes, le long passage symphonique de dix-huit minutes, exercice de style ambitieux mais ô combien réussi, est de loin le plus réussi de cette nouvelle cuvée d’une décennie à venir. Victor Smolski, guitariste virtuose à la scène et chef d’orchestre à la ville, a mis son entière expérience au profit du groupe et le résultat s’en ressent, même si, en toute honnêteté, il est parfois décevant qu’un véritable chef d’orchestre reste dans les poncifs du genre et n’utilise pas son talent pour plus de grandeur et de musicalité, Victor n’évitant pas, même s’ils sont rares, certains écueils clichés de superficialité dans son approche lyrique.

Néanmoins, il faut admettre que l’auditeur est embarqué dès les premières mesures Tim « Burtoniennes » de Empty Hollow, avant qu’un riff écrasant et proprement jouissif ne vienne lui rompre les cervicales. On pourra également reprocher le caractère trop synthétique de la production (très désagréable lors des premières écoutes mais le temps fait son œuvre…). Empty Hollow laisse planer une ambiance pesante, intrigante, très filmique (impossible de ne pas penser à l’univers gothique de Tim Burton et à l’œuvre musical de Danny Elfman) tandis que Peavy, de son timbre si caractéristique, pose un refrain entêtant, beau et s’envolant très rapidement dans les cieux pour ne plus quitter le crâne…refrain sur lequel un certain Hansi Kursch (Blind Guardian) se fait légèrement entendre. Parfaite entrée en matière dans le monde symphonique de Rage, l’éponyme Strings to a Web enfonce l’atmosphère onirique de la composition pour proposer le passage le plus magnifique de l’album. Instrumentale, cette partie laisse place au talent sans bornes de Smolski qui vient poser un très long solo de près de deux minutes, véritable modèle de beauté, d’intelligence musicale et de fluidité, le musicien jouant avec ses notes comme un enfant avec des gouttes. Une pluie de notes, superbement par un riff des plus couillus et surtout une grosse performance de Andre Hilgers, qui, sans être aussi démonstratif que Mike Terrana, démontre un grand savoir faire. Si l’on regrettera un aspect « conte de noël » sur l’intro Fatal Grace véritablement en dehors de l’émotion apportée par le solo, la douce montée en puissance de Connected ainsi que l’explosion du riff initial sur Empty Hollow Reprise achèvera (et ce refrain…) cette suite symphonique comme elle l’a commencée : grandiose.

Mais que dire du reste ? Qu’il s’agit simplement de Rage ? Oui un peu…
En toute sincérité, les morceaux ouvrant l’album (avant la suite symphonique) passent très bien pour peu que l’on apprécie ce power si caractéristique mâtiné de thrash et parfois de hard rock, notamment sur le refrain de The Edge of the Darkness (pourtant surmonté d’un énorme riff et d’une double pédale insatiable). Le travail de guitare est omniprésent, les riffs sont souvent aussi simples qu’ils ne se font tordus la seconde suivante, mais aucune originalité n’en ressort, le but est ailleurs. Un aspect techno / syncopé intervient dans The Edge of the Darkness (quel solo !) tandis que Hunter & Prey dévoile le visage le plus lourd cru des allemands où la voix rocailleuse de Peavy fait des merveilles. Mais justement, là où ces compositions se dégustent avec délectation pour débuter le disque, elles deviennent inintéressantes une fois Empty Hollow Reprise terminée…apparaissant comme si fade en comparaison de ce qui vient d’être écouté, et témoignant d’un certain remplissage pas forcément utile. Savior of the Dead est simplement soporifique, Hellgirl évoque plus un Lordi sous amphétamines que Rage (le choc est donc rude), Through Ages marque une pose de deux minutes sans grande inspiration…seul marque un Purified véloce et évoquant indéniablement les travaux speed les plus récents des allemands (Carved in Stone ou Unity notamment) avec ces refrains si mélodiques.

Que dire de plus ? Tout est dit…les admirateurs du groupe seront aux anges, les plus agressifs regretteront peut-être (quoique…) cette perte de vitesse sur la fin alors que les simples curieux pourront se délecter d’une longue compo symphonique qui vaut à elle seule l’écoute du disque…à boire et à manger en quelque sorte dans ce nouvel opus…bonne dégustation !


1 .The Edge of Darkness
2. Hunter & Prey
3. Into the Light
4. The Beggar's Last Dime
5. Empty Hollow
6. Strings to a Web
7. Fatal Grace
8. Connected
9. Empty Hollow Reprise
10. Saviour of the Dead
11. Hellgirl
12. Purified
13. Through Ages
14. Tomorrow Never Comes

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