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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Dream Evil

In the Night

LabelCentury Media
styleTrue heavy metal
formatAlbum
paysSuède
sortiejanvier 2009
La note de
U-Zine
3.5/10


U-Zine

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Il est parfois déstabilisant de passer de l’autre côté de miroir, d’observer la mentalité déviante de certains musiciens, ou simplement de se rendre compte de la crétinerie pure de quelqu’un d’entre eux. Dream Evil entre dans la catégorie des blagues « pipi-caca » à deux balles et des musiciens au second degré tellement ravageur que l’on s’attend à une musique complètement barrée et déjantée…mais l’on tombe sur Dream Evil.
Archétype d’un métal true, profondément ancré dans des valeurs ancestrales, les suédois, sous la houlette de l’un des meilleurs producteurs actuels (Fredrik Nordström, maître du Fredman), revêtant ici le rôle de guitariste, Dream Evil perpétue un genre que l’on commence à croire résolument appartenir au passé sous cette forme.

Les textes sont volontairement ridicules, les poses kitsch au possible, les concepts tous plus cinglés les uns que les autres (comparé à un certain Hammerfall se prenant complètement au sérieux), mais néanmoins, ce qui ressort de ce cinquième opus sobrement baptisé In the Night (original ? hum…), c’est une incroyable linéarité, une sensation de roue libre, d’arrêt dans le temps et par-dessus tout un ennui quasi léthargique.
Dream Evil n’a jamais inventé la poudre, mais force est d’admettre qu’un opus comme Book of Heavy Metal l’a faisait sacrément bien parler. Pour son nouvel opus, à la pochette splendide ceci dit, nous entrons dans le vif du sujet avec un titre très inspiré par leurs confrères suédois de Hammerfall justement. Les chœurs, la tessiture vocale de Niklas Isfeld, le final a capella renvoyant directement à l’époque de Renegade et son Templars of Steel, les riffs évoquant les galopades d’un chevalier près à combattre ; tout, absolument tout, renvoie ici à ceux qui sont devenu, malgré tout, l’étendard du true heavy metal (douces étiquettes…). Il restera un passage au tapping furtif mais très joli, avant de réentendre un « Immortal ! Forewer ! We are Immortal ! » des plus basiques et sans intérêts.

L’intérêt. C’est bien la question qui se pose lorsque l’on écoute et réécoute cet album. Comment le prendre. Les musiciens rient beaucoup ensemble, le fun est présent entre eux, aucuns doutes sur ce point, le son est impeccable, puissant et mesuré. Techniquement, tout est carré et tient fortement la route. La composition n’est pas plus mauvaise que les 1568456 autres groupes du genre…mais qu’elle est plate, sans saveurs et fade, stérile.
Rien ne ressort, les douze titres sont tous plus ou moins rigoureusement identiques (si l’on écarte l’inévitable ballade nommée pour l’occasion…The Ballad !), le chanteur s’évertue à plagier un certain Metal God (et le réussi bougrement bien), les guitares sortent des riffs linéaires et sans vie et hurlent un solo calibré et soigneusement millimétré après chaque série de deux couplets et refrains. La section rythmique ne respire aucune folie, aucune extravagance et ne véhicule que lassitude et langueur.

Là où la musique devrait transmettre le feu sacré, comme Judas Priest, Iron Maiden, Saxon ou Manowar en leur temps, le soufflé retombe ici sur chaque couplets et peine à décoller sur les refrains. Bang Your Head, au refrain où le mimétisme avec Rob Halford est confondant (ce qui n’est, intrinsèquement, pas rien), les couplets sont d’un terne effroyable, le riff n’ayant absolument aucune accroche rythmique, aucune mélodie. Restera un pont mélodique joli et des chœurs hurlant « Bang Your Head » pour finalement lasser, et nous imaginant bien peu secouer la tête lors des futurs concerts.
Le plus mélodique Evil Electric tranche par son refrain mélodique entêtant et très réussi, qui aurait pu en faire un titre réussi si l’intro n’était pas aussi ridicule et si Nicklas n’avait pas autant d’effets dans sa voix.

L’influence d’Accept se fera sentir sur un Kill Burn Be Evil une nouvelle fois accumulant les poncifs du genre, que ce soit les chœurs, le solo sans inspiration, la partie narrative infecte ou le chant haut perché.

On sauvera plus facilement The Unchosen One aux accents presque symphoniques à la Heavenly (pour la similitude vocale dans les aigues) et au refrain réussi, parachevé par un solo à la touche hard rock délectable. Idem pour un See The Light efficace, aux soli endiablés et à la carrure d’un véritable hit accrocheur, sans déchet, sans une once d’originalité mais très réussi.
Mais que reste t-il au final ? Bien peu de choses.

In The Night n’est ni plus ni moins qu’un énième album de heavy metal, peut-être avec second degré mais musicalement d’une pauvreté affligeante et d’une platitude extrême. Le temps des monstres sacrés du genre est loin, et à l’heure où chacun compte ses déniers pour acheter des albums qui valent le coup, dépenser son argent dans ce nouveau Dream Evil semble bien peu envisageable, même pour les vieux fans nostalgiques d’un temps révolu…


1. Immortal
2. In The Night
3. Bang Your Head
4. See The Light
5. Electric
6. Frostbite
7. On The Wind
8. The Ballad
9. In The Fires Of The Sun
10. Mean Machine
11. Kill, Burn, Be Evil
12. The Unchosen One

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