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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Iron Savior

Condition Red

LabelNoise records
styleHeavy Power métal
formatAlbum
paysAllemagne
sortiejanvier 2002
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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Initiateur malheureux d’un style, précurseur incompris et dégouté, Piet Sielck reste, avec Kai Hansen, l’un des fondateurs d’un power métal à la puissance écrasante et à la rapidité qui allait rapidement faire de l’ombre au prêtre du métal et à la vierge de fer à la fin des années 80.
Fondateur avec Kai de Iron First, il préféra quitter le navire face à l’incompréhension d’un public encore bien peu habitué à une telle rapidité d’exécution (les premières ébauches de Helloween et Walls of Jericho…). Mais alors qu’Helloween, puis Gamma Ray, et ensuite l’ensemble de la scène pris son envol, Piet resta volontairement hors de la masse, préférant se concentrer sur des travaux de production et de studio et délaisser la création pure.

Puis ce fut le chaos métallique, le death emporta tout sur passage, le black ravagea l’Europe, le néo remis les choses à plat, le heavy semblait mort. Mais la flamme naquit de nouveau, Hammerfall colla un grand coup de pied dans la fourmilière d’un genre dit traditionnel, Edguy le transcenda, Rhapsody le magnifia, Blind Guardian le conceptualisa et Iron Savior en profita pour le faire perdurer.

Sous la houlette de Piet Sielck et, tout d’abord de Kai Hansen et Dan Zimmermann (Gamma Ray, Freedom Call), le groupe enchaina un premier opus et l’explosif Unification qui mis tout le monde d’accord : la puissance de feu du groupe était sans commune mesure. Un heavy traditionnel dont l’aspect purement métallique inculquait une agression de tous les instants dans un style qui allait avoir tendance à devenir de plus en plus mélodique.
Quatrième opus de la bande, Condition Red continue dans une voie toute tracée que Piet ne semble de toute façon pas vouloir changer d’un iota, malgré le départ prévisible des nombreux autres cadres au profit de musiciens à plein temps.

Plus mature que ces prédécesseurs, on ressent plus de variété dans ce Condition Red, au fur et à mesure qu’un quelconque effet de surprise s’amenuise. Certes littéralement obsolète au niveau de l’originalité, les teutons maitrisent en revanche leur style avec une qualité que seul les maitres semblent pouvoir titiller, rejetant loin derrière les seconds couteaux que peuvent être Stormwarrior et consorts.
Un titre comme Protector, et ses chœurs virils, évoquant puissance divinement métallique et riff ultra heavy et lourd, mis en valeur par une batterie surpuissante et une double pédale savamment dosée, mettent la concurrence hors course. Le chant de Piet, dans une tonalité relativement éraillée, n’oublie jamais les envolées uniques d’un Ironbound, au refrain majestueux et fédérateur, que des milliers de poitrines n’oublieront pas de hurler lors des concerts. Sous couvert d’un riff monstrueux de puissance (l’aspect agressif d’un Ride the Sky d’antan se fait entendre) et d’une section rythmique métronomique, Iron Savior ne se charge d’aucune fioriture pour étaler son art et son talent.

A forte dominance rapide, les allemands n’oublient pas le mid tempo plus lourd d’un Warrior hymnique, digne d’un Manowar dans le fond, ancré dans une tradition d’outre Rhin que le chant parfait de Piet propulse en avant. Fortement mis en avant sur ce morceau (le pré-refrain à capella est juste sublime), il démontre toute la puissance de son timbre chaud et naturel, parfois mécanique mais plongé dans la marmite métallique qui semble tout de même s’amenuiser de plus en plus avec le temps dans la qualité (Primal Fear restant également d’une constante éclatante dans ce domaine).
Walls of Fire, dans un esprit très Maiden, continu de fracasser les cervicales de l’auditeur, tout en distillant des solis si agréables, tandis que I Will Be There, au feeling plus hard rock et dépouillé, démontre les qualités de chanteur de Joachim Küstner (guitare) dans un rôle plus mélodique, où les arpèges et son chant plus suave s’accouple parfaitement à l’envolée jouissive du refrain, mariant les deux vocalistes.
Thunderbird, à l’entame quasi symphonique, surprendra par cet évident besoin de variété et d’un ensemble homogène, contrebalançant avec les entêtants Condition Red ou Crazy.

Iron Savior livre un album quasi parfait dans le genre, dans ce heavy métal viril et guerrier semblant d’un autre âge, mais néanmoins toujours aussi attirant et puissant. Sachant pertinemment que plus rien ne pourra être créé dans ce créneau, Piet et sa bande ne font que rendre leur musique plus puissante et travaillée, finie qui, sans jamais être foncièrement indispensable à la scène, comblera les fans d’un true métal presque anthologique, semblant avoir toujours existé…back to roots !


1. Titans of Our Time
2. Protector
3. Ironbound
4. Condition Red
5. Warrior
6. Mindfeeder
7. Walls of Fire
8. Tales of the Bold
9. I Will Be There (bonuc track)
10. No Heroes
11. Paradies
12. Thunderbird
13. Crazy (bonuc track)