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Franchement comment voulez-vous qu'on prenne les femmes dans le métal au sérieux quand on regarde plus de deux secondes le cd d'Hysterica ? Je sais que juger un groupe sur sa simple apparence relève de l'erreur de débutant, mais là c'est le pompon. Imaginez cher lecteur, un croisement entre les Pussycat Dolls et Manowar, et voilà l'image qu'Hysterica donne de prime abord : des bimbos bien faites moulées dans du cuir et arborant quelques tatouages bien sentis. Mais si l'on est pris d'une soudaine crise d'honnêteté, on se dit que c'est exactement ce qu'une partie des métalleux attend depuis toujours devant son autel secret dédié à Lita Ford ou Doro Pesch. Hysterica n'innove pas mais s'enfonce sur un terrain miné puisque la gent féminine dans le métal est classée dans deux catégories : celles qui attirent par leurs performances : Angela Gossow par exemple et celles qui attirent par leur physique (voir les deux noms cités précédemment). Ce constat, tout comme mon introduction biaisée, est aussi peu pertinent qu'il est sexiste et c'est pour cela que j'arrêterai de faire parler l'homme et reprendrai mon rôle de chroniqueur objectif.
Metalwar annonce rapidement la couleur : armes en tous genres et paroles guerrières, le groupe n'est pas là pour prendre le thé et parler chiffon. Elles sont là pour vous botter le cul et vont déployer un heavy métal aussi épais qu'un parpaing de béton qu'elles vont vous lancer à la tête. Le titre le plus long Wreck of Society dépasse à peine les quatre minutes et demi. Le reste des onze compositions ne laisse pas de place à la fioriture ou au détail. Ici c'est brut ou ça n'est pas. Du coup, l'objet ne sonne pas tout neuf et si l'on devait placer une date de référence pour Metalwar, on retournerait allègrement au débuts des années 90 : pas de claviers, pas de mélange des genres, pas de côté progressif, des rythmiques accrocheuses. Seul le son nous raccroche au présent, sorti tout droit de l'Abyss studio. Sur ce point pas grand chose à ajouter, c'est propre, c'est du Tätgren.
Alors les plus machos d'entre nous ont déjà commencé à ravaler leur fierté de voir cette bande de filles écraser les plates bandes des gros muscles velus venus tout droit d'outre-Rhin ou du Grand Nord pour enfin jauger Metalwar à sa juste valeur : du tout bon. Pain in the Ass vaut bien un bon Edguy, le riff d'Halloween est efficace à mort. Et ce titre me permet de mettre en avant la performance de la chanteuse qui va du ton bien agressif au ton (trop) mélodique de groupe à chanteuse soupesque. Elle est bien possédée par l'esprit du heavy et sa voix se fait souvent râpeuse et pleine de la méchanceté qu'elle exhibe sur les photos du livret. C'est pour cela que le mix la met en avant, car il faut bien dire que c'est l'atout majeur du groupe, puisque le reste est bon sans pour autant révolutionner le genre. Sur l'album pas de balades, des chansons rapides (Girls made of Heavy Metal), denses (Bless the Beast) et un rythme plutôt posé pour le reste.
Les titres des chansons sont à mourir de rire : The Bitch is Back, Pain in the Ass, on peut penser que le concept est à pousser jusqu'au bout pour que cela fonctionne... Le tout donne un petit aspect parodique à leur musique, un indice qui montre que Hysterica ne se prend pas totalement au sérieux (et qui me rassure !). Et au bout des quarante minutes de musique, on se retrouve rassasié de heavy bien épais, bien conçu, qui ne souffre que des défauts intrinsèques au genre : rien de nouveau sous le soleil. Mais ici il n'y a aucune tromperie sur la marchandise, Hysterica a parfaitement compris les règles du heavy métal et les suit avec une attention sans défaut qui évite les surprises (bonnes ou mauvaises) et qui permet de construire une réputation solide à leur première œuvre : Metalwar.
1. We Are The Undertakers
2. Halloween
3. Bless The Beast
4. Girls Made Of Heavy Metal
5. Louder
6. Metalwar
7. Wreck Of Society
8. The Bitch Is Back
9. Got The Devil In Me
10. Heavy Metal Man
11. Pain In The Ass