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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Graves of Valor

Salarian Gates

LabelRelapse Records
styleDeath Metal de parade
formatAlbum
paysUSA
sortiejuin 2009
La note de
U-Zine
6/10


U-Zine

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Chevauchant leur fidèle destrier à l’image de la pochette de leur tout premier opus, c’est par la grande porte que les membres de Graves of Valor ont fait irruption. Celle de Relapse Records laissée grande ouverte à la formation de Caroline du Sud afin de gonfler les rangs du Death Metal enguirlandé censé concurrencer les méfaits de The Black Dahlia Murder ou de Job For A Cowboy tout en appuyant les récents et très bons efforts des Misery Index et autres Dying Fetus. Une invitation à double tranchant pour les deux parties sans que l’on sache vraiment si Graves of Valor saura contenter le label et récompenser une prise de risque entamée sur le long terme. Car si le quintette ne s’avère par manchot sur la piste, notamment grâce à l’expérience acquise par les ex-Trough The Eyes of The Dead que la formation compte en ses rangs, autant dire que Salarian Gate se contente du minimum syndical en matière d’innovation et de nouveauté.

Annoncé et vendu comme l’un des tout meilleurs albums de death-metal contemporain de 2009, il n’en reste pas moins que l’on aura à cœur de mettre des barrières à toutes formes de chauvinisme exacerbé par Relapse pour des poulains que la structure aurait (trop) vite fait de mettre en selle. Oui les Américains de Graves of Valor maîtrise leur sujet et leurs influences, à l’image de « Locusta » ou encore de la joyeuse mêlée formée au détour de « Pestilence », mais la masse compacte et charnue que forme l’album semble dès lors bien peu personnel et exclusive comparée au remue-ménage qu’a l’habitude d’imposer Misery Index ou The Black Dahlia Murder pour ne citer qu’eux. La scène regroupant déjà son lot pro-actif de groupes de death à tendance mélo-dramatique rocailleux, il est parfois difficile de rester scotcher face un énième revival de style. La piste éponyme est à ce titre un exemple frappant de rythmes, riffs et tapages nocturnes empruntés à moult groupes, même si Dayton Cantley est plus qu’à l’aise dans ses baskets en apportant une bonne dose d’agressivité et de dynamisme dans ses parties de batterie. « Suffocation of The Last King », « Bridles of Incitatus » ou encire « Sic Semper Tyrannis » finissent par se suivre sans trop apporter de l’eau fraîche dans le moulin pourtant bien huilé des cinq compères. Doté d’une bonne production et d’une maîtrise quasi-irréprochable de leurs instruments, Graves of Valor est pétri de bonnes intentions de compositions sans trop admettre que le champ de mines du voisin est souvent plus vert que leur petit coin de pâturages un poil artificiel. Car le chaînon manquant de ce premier opus est bel et bien l’absence d’authenticité et de chaleur humaine de ce 11 pistes qui semble avoir été enfanté sous couveuse dans les studios de Brian Elliott. Un fournil ayant oublié de mettre en avant un certain cachet organique que la formation aurait pu se doter notamment au travers de la voix de Damon Welch sur « Letter on The Blind » enregistré en apnée et entre potes au comptoir d’un bar mal famé. Si l’influence d’At The Gates est jugée manifeste sur ce premier numéro, on ne retrouve que très peu de similitudes avec la formation légendaire suédoise qui n’a désormais plus de compte à rendre avec une scène actuelle un peu en deçà de l’âge d’or d’un genre maintenant pris inévitablement d’assaut par toutes les guitares nerveuses du Nord de l’Amérique. Un contexte finissant par exercer une sélection drastique et un filtrage difficile de tous les électrons libre de la discipline de la part de l’auditeur.

Graves of Valor fait donc ici son premier saut dans la cour des grands, avec un petit pas de danse dans le death Metal guidé par le charisme autrement prégnant de groupe tels que Misery Index, Dying Fetus, Napalm Death ou Behemoth sur le plan d’une stylistique acerbe et exprimée sans langue de bois. Dans le cas présent, Graves of Valor passe quelque peu à côté de son discours pour peu qu’on lui reconnaisse des qualités évidentes d’interprétation et de mise en scène sans la nouveauté et le génie des formations précédemment citées.

1. Salarian Gate 3.26
2. Suffocation of the Last King 3.45
3. Pestilence 3.35
4. Bridles of Incitatus 3.27
5. Sic Semper Tyrannis 3.00
6. Letter on the Blind 1.03
7. To Breathe Blood 3.29
8. The Clever Ape 2.51
9. Diderot 1.21
10. Locusta 5.01
11. No Gods Left 4.36