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Album

03 octobre 2018 - S.A.D.E

Barùs

Drowned

LabelMemento Mori
styleDeath Metal Progressif
formatAlbum
paysFrance
sortieoctobre 2018
La note de
S.A.D.E
8.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Après un premier EP prometteur paru en 2015 via Emanations, la section consacrée aux découvertes du label Les Acteurs de L'Ombre, les Grenoblois de Barùs sont retour cette année avec un premier long format intitulé Drowned. Le groupe a entre temps signé avec le label Memento Mori, plutôt spécialisé dans le death metal classique voire old-school. Un choix quelque peu surprenant puisque, bien que bénéficiant d'une solide assise death, la musique de Barùs est tout sauf classique ou old school.

Leur premier EP donnait déjà une direction générale quant à leur style, un death metal grave et dense enrichi d'une approche progressive, avec des morceaux assez long et tortueux. Et sur Drowned, Barùs enfonce le clou dans cette veine en développant son style qu'on pourrait situer quelque par entre Gorguts, Deathspell Omega et Celtic Frost/Tryptikon. Des Canadiens, Barùs a absorbé la puissance de frappe et la masse sonore : Drowned est une mine de plans percutants taillés pour vous briser la nuque (si vous restez impassibles sur Graze, aux alentours des 5 minutes, je ne sais pas ce qu'il vous faut). Même si l'approche technique est moins marquée que chez Gorguts, les Français sont loin d'être des manches et on trouve quand même quelques moments bien chiadés. Mais cette approche technique n'est pas le cœur du propos de Barùs, la singularité du groupe tient à sa capacité à déployer une atmosphère incroyablement pesante et malsaine d'un bout à l'autre de l'album. Et pour s'attarder un peu plus sur ce point, je me permets de revenir aux deux autres références citées plus hauts : Deathspell Omega et Tryptikon. Bien que Drowned reste dans un territoire franchement marqué death metal, les dissonances deathspellienes ont la part belle dans les compositions du groupe donnant aux titres un côté toujours dérangeant et oppressant. Une oppression renforcée par l'épaisseur du son et les plans lorgnant vers une lourdeur que ne renierait sans doute pas Tom Fisher (Perpetrate, Descry).

Barùs offre également quelques passages aérés, nécessaires pour reprendre son souffle au milieu d'un tel océan de noirceur. Alors certes, on ne sort pas tout à fait de la noirceur, mais au moins on respire. La première occurrence de ce type de passage est ce pont calme sur Engorge, où le batteur s'autorise un touché un peu jazzy tandis que les guitares lâchent la disto et que le chant s'éclaircit. Mais cette brève accalmie n'est qu'un habile subterfuge pour vous en mettre plein les dents la seconde suivante, avec un retour brutal et sans préavis dans les profondeurs asphyxiantes. Et, vous l'aurez compris, il y a donc un peu de chant clair chez Barùs. Utilisé avec parcimonie, il complète la palette très impressionnante de K, aussi à l'aise dans le registre guttural que sur des cris plus écorchés ou les déclamations solennelles, sa voix étant clairement l'un des outils primordiaux participant à créer cette ambiance épaisse et opaque. Ambiance qui est bien évidemment le fruit de la production : un son de guitare lourd mais s'autorisant des leads dissonants bénéficiant d'un son plus clair, une basse bien ronde (qu'on aurait pu souhaiter un poil plus marquée) et une batterie bien équilibrée aussi efficace sur les passages blastés que sur les moments plus lents. Et toujours sur la batterie, une mention spéciale pour le jeu de cymbales : A s'en donne à cœur joie sur sa ride, alternant de manière toujours pertinente ses patterns entre la cloche et le corps.

Toujours mouvante et jamais prévisible, la musique de Barùs est immersive et prenante : une fois que vous avez lancé l'album, difficile d'en sortir avant la fin. Malgré ses quasis cinquante-cinq minutes, Drowned s'écoute sans un instant d'ennui, on est toujours à l'affût d'une nouvelle surprise ou de l'uppercut suivant. De l'artwork signé Timo Ketola à la production en passant bien sûr par la composition, tout sur ce premier album de Barùs indique un groupe déjà mature et à l'aise avec son univers.

Tracklist de Drowned :
01.Descry
02.Graze
03.Engorge
04.Amass
05.Dissever
06.Vitiate
07.Benumb
08.Perpetrate
09.Forsake

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