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Album

16 janvier 2019 - ZSK

Aurora Borealis

Apokalupsis

LabelCasus Belli Musica / Beverina Productions
styleBlack/Death/Thrash Metal
formatAlbum
paysUSA
sortiemai 2018
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Cela fait 24 ans qu’Aurora Borealis, et surtout sa tête pensante Ron Vento, traîne ses guêtres dans la scène extrême américaine. Sans jamais avoir eu le succès de certaines formations connexes comme Absu et Angelcorpse dont la musique est proche, car Aurora Borealis a choisi une certaine discrétion. De son premier (Praise The Archaic Lights Embrace, 1998) à son cinquième (Timeline : The Beginning And End Of Everything, 2011) album, Aurora Borealis était un groupe autoproduit par la propre structure de Ron Vento, NightSky Productions (et tout ça dans son propre studio, NightSky Studios). Mais Aurora Borealis a su se faire connaître. Notamment parce que Ron Vento a su s’entourer de batteurs de renom. Se sont donc succédés Derek Roddy (Malevolent Creation, Hate Eternal, Nile…) pour Praise The Archaic Lights Embrace et Northern Lights (2000), Tim Yeung (Decrepit Birth, Hate Eternal, Morbid Angel…) pour Time, Unveiled (2002), et Tony Laureano (Acheron, Angelcorpse, Nile, Dimmu Borgir…) pour Relinquish (2006) mais aussi à l’origine entre 1994 et 1998 pour se poser sur l’EP Mansions Of Eternity (1996). Du beau monde derrière les fûts qui a participé à la renommée toute relative d’Aurora Borealis, qui a pourtant pas mal d’arguments autour des talents de Ron Vento pour livrer un Black/Death/Thrash hyper efficace, sorte d’intermédiaire entre Absu et Angelcorpse donc, qui a souvent été plus mélodique que ses compatriotes. Depuis 2011 et la sorte de Timeline, Aurora Borealis a cependant choisi une voie différente, avec un line-up stabilisé autour d’un batteur moins connu, Mark Green, et du bassiste Jason Ian-Vaughn Eckert qui avait officié sur le tout premier album Praise The Archaic Lights Embrace, et avait accompagné Ron Vento au milieu des années 2000 sur l’étrange projet Imperial Crystalline Entombment. Et le groupe s’est donc trouvé un certain rythme de croisière, et même le temps ne semble plus avoir d’effet sur lui. Même si Ron Vento ne s’occupe plus des sorties (après Xtreem Music pour Worldshapers (2014), le voilà co-produit par les labels Casus Belli Musica et Beverina Productions, dont les rosters sont assez différents du style pratiqué par les Américains…), il est dépositaire du style Aurora Borealis Made In Son Propre Studio, et Apokalupsis, 7ème album de la formation, va le confirmer, s’il avait besoin de le faire.

Si l’on remonte un peu la discographie d’Aurora Borealis, on constate qu’il y a eu une légère rupture stylistique à partir de Relinquish, où le groupe a un peu tempéré ses ardeurs mélodiques pour devenir autrement plus incisif et efficace et se rapprocher ainsi encore plus d’un Absu, surtout avec un propos un peu mythologique. D’ailleurs Relinquish demeure pour moi ce que le groupe a fait de mieux, notamment grâce à son anthologique morceau d’ouverture "Myths of the Light". Depuis Timeline et la stabilisation du line-up autour d’un trio, Aurora Borealis n’a pas bougé d’un pouce, dans la lignée des particularités introduites par Relinquish. Dans le fond comme dans la forme, rien ne bouge, jusqu’aux thématiques qui flirtent avec la science-fiction (et on ne se trompera pas en regardant les pochettes). De la production sonore au chant de canard de Ron Vento, la mixture est toujours la même, du Black/Death thrashisant et légèrement mélodique à 100%. A tel point qu’avec Worldshapers, on se demandait si le groupe n’allait pas devenir le Motörhead, AC/DC ou Amon Amarth du Black/Thrash américain, à toujours faire la même chose pour ses fans, ou plutôt pour se faire plaisir car la renommée d’Aurora Borealis demeure toute relative. Mais tant que Ron Vento et ses camarades sont inspirés, ça fonctionne, même si Worldshapers n’était pas leur album le plus mémorable. Il ne faudra donc s’attendre à l’écoute de Apokalupsis à rien d’autre qu’un « nouvel album d’Aurora Borealis ». 9 nouveaux morceaux, une intro et un interlude, et l’affaire est pliée. Apokalupsis ne révolutionne rien, le groupe est bloqué dans ce qu’il faisait à la fin des années 2000, ce qui n’est pas vraiment un reproche car c’est tout ce qu’on attendait de lui. Même s’il a quelques petites marges d’évolution, on ne s’attend pas à ce qu’Aurora Borealis se réinvente totalement après 24 ans d’existence, et on peut se douter que le groupe n’évoluera probablement plus jamais. Aurora Borealis est Aurora Borealis et avec Apokalupsis, va nous balancer 41 minutes de pur Aurora Borealis.

On va donc, le plus simplement du monde, comparer cet album à d’autres ou partir à la recherche de nouveaux morceaux croustillants, même si Aurora Borealis n’a pas spécialement un grand catalogue de tubes à son actif, la plupart de ses œuvres se dégustant dans leur globalité. Après l’intro bien SF de rigueur, "And After", Apokalupsis démarre timidement avec un "Even Angels Sin" gentillet et juste correct. Mais laissons le temps à Aurora Borealis de redémarrer, quatre ans après son précédent méfait. Et Apokalupsis va alors monter crescendo avec les bien bons "Phlegethon" et "Arrival", qui nous amènent au meilleur morceau de l’album qu’est l’excellent "Sarkikos" aux riffs mortels. Qui finalement sera ex-aequo avec le très nerveux et parfaitement inspiré "Esoterica". Aurora Borealis est donc en forme et arrive à pondre quelques pistes assez mémorables et d’une efficacité imparable. "Magor Missabib", "The Great Expanse" et "Lo-Ruhamah" ne sont pas en reste, seul le plus vain morceau-titre me paraît en-dessous du lot, après ça sera à chacun de faire sa propre sélection. Et voilà, on a fait le tour de la nouvelle fournée de l’Aurore Boréale, il n’y a pas besoin d’en dire grand-chose de plus tant le groupe américain fait ce qu’il a l’habitude de faire, sans grand plus si ce n’est que l’on retrouve quelques effets d’ambiances « futuristes » ici et là (en témoigne encore l’interlude "Dozakh"). Après de menues écoutes, Apokalupsis m’apparaît meilleur que Worldshapers, au même niveau que Timeline mais encore en-dessous de Relinquish, voilà pour ma hiérarchie et ça sera à vous de faire la vôtre. Aurora Borealis fait du fan-service ou son propre service, c’est à prendre ou à laisser, et les fans seront quoi qu’il en soit contents d’avoir de nouvelles compos de la part de Ron Vento, qui ne semble pas perdre drastiquement sa force de frappe et c’est déjà un bon point. Le trio américain est toujours là, et continue à proposer son Black/Death/Thrash bien efficace qui meuble en attendant qu’enfin Absu sorte un nouvel album. Donc, Apokalupsis est un bon nouvel album d’Aurora Borealis, et tout est dit finalement.

 

Tracklist de Apokalupsis :

1. And After (0:48)
2. Even Angels Sin (3:56)
3. Phlegethon (3:52)
4. Arrival (4:25)
5. Sarkikos (4:25)
6. Dozakh (1:16)
7. Magor Missabib (4:04)
8. The Great Expanse (4:22)
9. Esoterica (4:09)
10. Apokalupsis (4:52)
11. Lo-Ruhamah (4:42)