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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Yuck

Do It Yourself

LabelPostghost Recordings
styleOld School : Death - Thrash - Black / Metal n'Roll
formatAlbum
paysRoyaume-Uni
sortiejanvier 2009
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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Yuck est un groupe normand qui a sorti sa démo Miscarriage en 2002. Après plusieurs changements dans leur line-up jusqu'en 2006, une évolution de style musical, les 2 membres fondateurs Jérémie et Julien et le groupe se sont lancés dans la conception de leur premier album, Do It Yourself.
Comme un message lancé à la tendance actuelle dans le Metal, le titre de l'album semble dire que chaque groupe doit acquérir sa propre identité et faisant ce qui lui plait : un gage d'originalité, un peu comme tous ces groupes pré-année 90, qui se concentraient uniquement sur leur musique (quelle musique !). Voyons maintenant si Yuck parvient à être authentique ?

A l'écoute de l'album, la première impression qui ressort est la vision d'une grande plage musicale sur laquelle marche Yuck : celà va du grunge au black en passant par du death, du heavy ou du thrash (mais aucun morceau ne possède qu'un style, c'est ça qui est bon !). Plus j'écoute Do It Yourself, plus je me dis que le groupe a réussi quelque chose de très difficile devant tant d'horizons si différents : construire un album cohérent. Transportés par les relents poussiéreux d'un "Ab Irato", d'un "Hermit" ou d'un "Denying The Three" complexes au niveau de la construction comme beaucoup d'autres morceaux à tiroirs de l'album; pressés par la lourdeur écrasante des couillus "Mine Is Bigger" (c'est le cas de le dire) et "Decline" (aux accents très heavy), agités comme une puce sur "Fury Rise", "Nunc Ri, Mox Gloria" (aux nombreux styles musicaux) ou "The Right To Live", nous ne pouvons qu'être séduits. De plus, tous les titres sont faits pour être interprétés en live, avec toutes ces ambiances différentes. Au niveau des influences, à plusieurs moments, vous aurez l'impression d'entendre Celtic Frost, Entombed, Dissection, et bien d'autres, sans pour autant aller dans la copie pure et simple, comme le font tant d'autres (Darthrone pour ne citer qu'eux). Enfin, Yuck, outre les parties précédemment décrites, y ajoute des parties rock n' roll ou tout en groove que je trouve énormes ! ("Virus", "Nunc Ri, Mox Gloria").

En ce qui concerne les individualités, je vais commencer par celui qui m'impressionne le plus : Jérémie, sous ses multiples voix, allant de l'écorché vif à la douceur caline (une très grande réussite cette voix, je suis bleuffé par son répertoire très étendu), nous sommes transportés là précisemment où le groupe veut nous emmener. Il utilise aussi la superposition de voix, la double voix pour instaurer des petits dialogues. Il faut ajouter surtout que Jérémie a LA voix old school qu'il faut, et qui rend bien quelque soit le style. Et puis ses "Hu" secs, puissants comme au bon vieux temps du père Thomas Gabriel Warrior... C'est si bon ! Bien aidé par le guitariste Julien, qui a construit ses morceaux sur des riffs qui font mouche à tous les coups, l'auditeur traverse les âges et les façons de headbanguer. Puis, il superpose souvent 2 guitares pour apporter un plus intéressant (rythmique obnibulante et petits riffs soli joueurs). Aussi, son utilisation à plusieurs reprises de la guitare acoustique est très judicieuses : une nouvelle ambiance se crée, avec un sentiment de nostalgique ("To Redemption"). Le bassiste Stéphane est très audible dans cette bonne production. De plus, il a un jeu très intéressant, n'hésitant pas à se démarquer des autres (tapping au début de "The Smell Of Cold", jeu dans "To Redemption", etc.). Enfin, Sébastien à la batterie rend une très bonne copie : ce qui n'est pas évident quand on doit interpréter des morceaux de styles aussi différents. Je précise juste qu'il ne faut pas s'attendre à du blast dans les parties rapides de black / death. Sébastien en fait abstraction pour aller vers un jeu plus old school, et c'est tant mieux ! Le meilleur exemple est sa partie de batterie dans "Hermit" (très Dissection d'inspiration, et c'est encore tant mieux. Il y a même un riff quasiment identique à un moment, qui est dans Storm Of The Light's Bane). Pour finir, je rajoute que 2 des membres font partie du très bon groupe de black Hyadningar, et que tous les membres ont d'autres projets musicaux en commun (voir Metal Archives).

Les seuls défauts que je trouve à l'album sont d'une part le riff de début de "Virus", que je trouve brouillon, mais la suite du morceau est magnifique. D'autre part, durant le premier morceau "The Smell Of Cold", il y a un passage vers le milieu que j'ai trouvé très longuet, qui, à la première écoute, a failli me faire enlever le casque des oreilles. Mais c'était gageons que la suite et les prochains albums seront encore meilleurs. Les 95% de l'album, qui sont excellents, sont là pour prouver que Yuck a de quoi faire.

Yuck est un groupe qui a beaucoup de potentiel et de larges horizons à explorer un peu plus à travers tous les styles parcourus. N'allez pas croire que le fait de présenter un projet avant tout old school fixe des limites. C'est justement le contraire, si on regarde un peu tout ce qui se fait actuellement dans le metal aseptisé. Pour un premier album, les normands ont frappé fort. Les 11 titres m'ont convaincu. Yuck, c'est la spontanéité, le caractère et l'originalité. Now, Do It Yourself !

1. The Smell Of Cold
2. Virus
3. Nunc Umbra, Mox Gloria
4. Hermit
5. Mine Is Bigger
6. Denying The Three
7. Ab Irato
8. Decline
9. Fury Rise
10. The Right To Live
11. To Redemption (titre avec Carol-Ann Croft)