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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Adagio

Archangels in Black

LabelListenable
styleExtreme Neo Classique
formatAlbum
paysFrance
sortiefévrier 2009
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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Adagio est un groupe qui à ses débuts avait pris le train du métal néoclassique en marche en sortant deux albums impressionnants de technique et emplis de l'esprit des grands anciens de la grandiloquence puisqu'à coups d'effets, d'orchestrations de soli le groupe nous en avait mis plein la vue et en avait même rendus certains complexes quant à l'accessibilité de leur musique. Puis le virage Dominate s'est opéré, comme une transformation, une maturation : après avoir démontré qu'il sait manipulé les arts classiques, Stephan Forté, compositeur principal et maître à penser du groupe s'est tourné vers les arts noirs de la musique extrême en incluant dans un bon nombre de titres des voix teintées black métal et quelques blasts. Archangels in Black vient confirmer cette théorie du changement et vient asseoir un groupe sur une position qu'ils sont presque les seuls à défendre et c'est tant mieux pour eux.

Avec du recul, les auditeurs avaient été impressionnés par Underworld et ses orchestrations interminables et mis sur le cul par la puissance de Dominate deux albums marquants de la carrière du groupe. Donc tout ce qu'il restait à faire au groupe c'était de faire un mélange homogène des deux. Et c'est ainsi qu'est né Archangels in Black, enfant légitime de ces deux passions. On voit dès le début du disque que l'on va se faire rentrer dedans, ce que veut faire la bande à Forté c'est impressionner, clouer au sol l'auditeur par la musique, sa densité, sa puissance, sa technicité. La guitare est clairement gonflée et les riffs sont heavy à mort, le headbanging est de rigueur presque tout au long du disque. Vamphiry ouvre le bal avec tous les éléments qui nous démontrent le talent d'Adagio et leurs nouvelles velléités : tempo élevé, cri bestial, des chœurs et l'intervention virtuose du guitariste. Pas vraiment original dans la construction, ce titre a le mérite d'ouvrir les débats de façon musclée.

Car ce qui va suivre sera du même tonneau, et sur les neufs titres de l'album seul un prend des proportions un peu plus allongées : Codex Obscura. C'est d'ailleurs cette composition qui rappelle le plus l'esprit d'Underworld par son introduction. Suit un enchaînement plus ou moins adroit de refrains plutôt convaincants et pêchus et un refrain assez plat et hasardeux dans les lignes vocales à mon goût. Profitons-en pour placer un mot sur Christian Palin, nouveau venu au poste de chanteur. Certains regretteront Gus Monsanto, mais il faut être honnête Palin est un remarquable musicien, et sa voix est en parfaite adéquation avec la musique d'Adagio : il maîtrise toute la palette qui lui permet d'assurer ce poste à haute exigence en matière de talent en terme de mélodie, écoutez le refrain d'Undead et vous serez convaincus.

Mais la mélodie chez le Adagio nouvelle formule, il n'y a pas que ça qui compte. Les ambiances, les sonorités empruntées au métal extrême sont présentes et disséminées tout au long du disque. Elles revêtent plusieurs formes : chant à mi chemin du grunt et de la voix black comme sur le refrain de Twilight at Dawn ou de Gentsu Senshi, blasts monstrueux dans Archangels in Black et ambiances qui feraient pâlir de jalousie certains groupes de black sympho (comme l'intro du titre éponyme). Plutôt judicieusement placées et surtout évitant soigneusement la saturation en prônant une certaine parcimonie, ces incursions donnent un caractère unique à la musique du groupe. La pochette et les photos promotionnelles sont marquées du sceau de l'obscur, une position assumée et recherchée, même si on ne peut pas parler d'une grande réussite en ce qui concerne l'artwork qui est sombre mais au graphisme particulier.

On finirait presque par en oublier qu'Adagio, c'est surtout un groupe de progressif croisé avec du bon gros heavy et une touche omniprésente de classique. Et quand on écoute Gentsu Senshi, on voit jusqu'à quel point ils sont prêts à aller. Le titre est tellement kitsch avec ses claviers d'intro et le petit cri de Palin en introduction que l'on se croirait de retour à la grande époque de Rhapsody of Fire. Quand on sait que ce titre était à l'origine un bonus japonais, on se dit qu'il aurait peut-être du le rester. Car le reste est autrement plus épais et consistant et remplis de soli de guitare et de claviers tous aussi démonstratifs les uns que les autres. Bon ce serait vous mentir que vous allez découvrir quelque chose de complètement nouveau mais par contre si vous connaissez déjà les frasques de la bande à Forté, vous ne serez pas déçus.

Listenable Records a fait une bonne affaire en recrutant ce groupe de qualité et Archangels in Black ne fait que confirmer sa tendance à mêler ce qu'il reste de ce style que l'on appelait le néo-classique avec des influences black symphonique. Tout y est carré et le son est une pure merveille dans le style car chaque musicien a la place nécessaire pour s'exprimer et ils en ont des choses à dire. La place d'Adagio dans le paysage du métal français, même s'il occupe un poste plus difficile à conquérir qu'une formation comme Gojira par exemple, ne demande qu'à évoluer vers les hauteurs qui sont les siennes, et ce disque fera partie sans aucun doute des albums à recommander en ce début d'année.

1.Vamphyri
2.The Astral Pathway
3.Fear Circus
4.Undead
5.Archangels In Black
6.The Fifth Ankh
7.Codex Oscura
8.Twilight At Dawn
9.Getsu Senshi

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