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Halte aux préjugés. Faisons barrage à toutes nos appréhensions concernant l’univers et la pochette de ce dernier album de My Minds Weapon, groupe au demeurant cliché par la simple énonciation des trois mots leur servant de patronyme. Enfanté dans la grande tradition du metalcore technique, cet album des Anglais sorti en juin et jouissant d’un sursis en novembre à travers toute l’Europe, outrepasse les clichés en proposant une version bien plus alléchante et attrayante de la simple levée de bouclier et toutes autres triturations de cordes surannée.
Sursis, car le groupe ne semble pas soulever les foules lors de la première sortie de l’album et aura tâche d’élever son style conformément à sa récente signature avec Drakkar Records. Et pour le coup, les petits gars semblent avoir ramer pour en arrive là, comme en atteste la dureté ambiante de ce The Carryon Sky et l’application semi-effective des riffs jonchant l’album de part en part.
Même si ce nouvel album des Anglais est encore loin d’ébranler le paysage musical et la communauté coreuse myspacienne, My Minds Weapon aura eu le mérite d’aller jusqu’au bout de ses idées en proposant 37 minutes d’un metalcore - style fourre-tout et aguicheur -, à la rencontre du technique et de l’âpreté tout en y incorporant une sauce mélodique faisant la demi-singularité du combo. Sans vouloir affirmer que les idées restent révolutionnaires, les débuts de la formation demeurent fortement louables après « The Karman Line », une intro humanoïde et n’étant pas sans rappeler certains accents de débuts du An Ocean Between Us d’As I Lay Dying, la vitesse en moins.
Le constat étant, la formation évolue davantage sur le terrain de la lourdeur déconfite à l’image du morceau « At Least You are not Dead» et ses changements harmoniques. « Silhouettes of Enemies » étant également d’un bon acabit en invitant certains passages Hardcore très peu déplaisants et bien mobiles.
Si les Anglais ne s’avèrent pas manchots, autant dire qu’au rayon de la diversité, tout reste à faire et à inventer. Certes, ils ont beau se démarquer des clivages locaux pour en adapter un style cerné entre le metalcore et le deathcore. Mais ces derniers n’arrivent pas à en retrouver leur équilibre, si bien que certains plans se répètent et ne font en aucun cas avancer la machine de guerre qu’aurait très bien pu être My Minds Weapon. Un titre tel que « Alpha Centauri » regorge de bonnes idées, mais débute le plus souvent par une batterie élimée sur la corde de la répétition. L’introduction de ces séquences, toutes de toms vêtues, finissant par laisser perplexe quant à l’application de toutes les forces du groupe.
Un Ben Timpson pourtant en grande forme lorsque survient l’heure d’en découdre avec l’auditeur (« Lucy Like Kokura »), avec une voix growlé particulièrement bien administré, davantage charismatique que les souffreteuses parties claires. Ou encore une paire de guitariste cul et chemise sur l’interprétation des morceaux et une attention toute particulière à la section rythmique, heurtée et bousculée, comme pourrait l’être la section d’un Parkway Drive ou d’un The Acacia Strain, littéralement enjoué. Les morceaux « Six-O-Two » et « Sense of Wonder » échappés du bas-ventre de la formation laissent finalement le soin au groupe de montrer son talent, latent jusque-là.
Sortant du carcan du simple groupe de metalcore aux noms d’oiseaux invraisemblables, My Minds Weapon choisit de satisfaire le plus grand nombre en mixant sa discipline de base d’avec quelques références Hardcore mélodique et de Deathcore. The Carrion Sky ne touche pas encore des étoiles, mais a au moins le mérite d’évoluer dans un propre univers et d'écarter en son sein toute guerre de styles. Plus metalcore que brutal ? Plus deathcore que death atmosphérique ? Une chose est sûre, les Anglais ont encore de la route à faire, mais ils semblent s’être trouvé ici sur le bon chemin.
1. The Karman Line
2. Silhouettes Of Enemies
3. At Least You’re Not Dead
4. Alpha Centaurii
5. Six-O-Two
6. Ex-Inferis
7. The Killing Horizon
8. A Sense Of Wonder
9. Lucky Like Kokura
10. Goodbyes
11. Lucky Like Kokura [Enhanced Videotrack]