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Estampillé « Pop-rock » par défaut sur les agendas du label Eyeball Records, An Albatross n’aura décidément jamais fini de déboussoler l’auditeur, voir le label lui-même en volant à la rescousse des égarés en manque de divertissement sonore. Entraînant dans son sillon bien plus qu’un style particulier et contraignant, c’est face à une véritable armada clownesque, burlesque, mais néanmoins riche de sens, que l’on se doit de composer. Après 2 albums passés sous silence, We Are The Lazer Viking daté de 2003 et Blessphemy (of the Peace-Beast Feastgiver and the Bear-Warp Kumite) leur échappatoire de 2006, le combo de Pennsylvanie nous revient en fanfare sur une palette stylistique dont on commence sérieusement à en saisir les contours outre-Atlantique.
Stolen Babies, The Fall of Troy ou encore Blue Cheers (pour ne citer qu’eux) forment en effet avec les présents disséqués, le noyau dur de ce que l’on pourrait qualifier de groupes mathrock, à la lisière de la déstructuration sonore et à la recherche de l’expérimentation tout azimut.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » évoquait Lavoisier dans ses grands travaux. Et sur ce point An Albatross semble avoir retenu la leçon en maltraitant, torturant avec véhémence ses nappes mélodiques et son sujet rythmique. On arrive même à se prendre la pomme de Newton en pleine poire, à l’approche de « And Now Emerges The Silver Pilgrim » ou encore « Neon Guru ». Deux morceaux de préambules pour ces funambules, diagnostiqués sous anabolisants et enchaînant les contrepèteries musicales. Vous l’aurez compris, à l’image des frasques des Stolen Babies, An Albatross est avant tout un état d’esprit plutôt qu’un groupe, un univers de cirque plutôt que cinq gaillards prêt à s’immiscer sur les grandes ondes.
La caravane passe avec secousses sur « The Hymn Of The Angel People », morceau-musette quelque peu répétitif, mais l’herbe finit toujours par repousser dans l’espace musical alloué au groupe. Chapiteau mouvementé à l’approche de « The Psychonaut and The Rustbel », tarte à la crème que n’aurait pas renié la grandiloquence d’Ozzy sur « Starving On Rabbit Meat », le combo offre, à l’heure actuelle, ce qu’il se fait de plus branché au pays de l’Oncle Sam. Pas de grande nouveauté musicale, mais une réelle marque de fabrique sonore que le groupe a su se façonner au fil des années grâce au travail de Mr Loyal aka Eddie B. Guida III (impérial sur « Floodgates Released ») et de sa bande de joyeux drilles, laissant derrière eux une bien aimable ménagerie.
Constamment en représentation sur une piste plus qu’animée, la formation finit par nous offrir un très alléchant tiercé de fin, (« The Electric Proletariat Rides A Velvet Chariot » ; " A Convivial Feast Of The Peace Beast » et " 3 000 Light Years By Way Of The Spacehawk ») aux noms aussi inspirés que leurs terrains d’activité et pour lesquels le groupe finit par faire exploser les ballons de baudruches et autres artifices présent autour d’eux en première partie d’album.
Sautant de trapèze en trapèze entre un psychédélisme affirmé et une empreinte sonore choyée, An Albatross jouit désormais avec ce The An Albatross Family Album d’une bonne place aux côtés de ces formations ayant choisi de se construire un univers décalé et franchement bien développé. Bâti autour d’un microcosme résolument déjanté et parfois clownesque, ce troisième album s’avère quelque peu répétitif, mais toujours sur la brèche de sonorités salvatrices et novatrices. Passant en revue le blues profond de l’Amérique jusqu’aux coups de fouet du mathcore, An Albatross semble désormais paré pour quitter le nid maternel et enfin voler de ses propres ailes.
01. Neon Guru
02. ...And Now Emerges The Silver Pilgrim
03. The Hymn of the Angel People
04. The Psychonaut & The Rustbelt
05. Starving on Rabbit Meat
06. A Convivial Feast of the Peace Beast
07. Floodgates Released
08. The Electric Proletariat Rides A Velvet Chariot
08. 3,000 Light Years By Way of the Spacehawk