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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Burn Down Rome

Devotion

LabelVisible Noise
stylePostcore ulcéré
formatAlbum
paysAngleterre
sortieseptembre 2008
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Du Colysée au Vatican, il aura bien fallu se résoudre à ranimer les flammes entretenues par le feu sacré de Burn Down Rome, Londoniens écharpés et restés sous silence depuis bientôt trois longues années. Leur récent combustible : un gros détonateur et un coup de génie que forme ce Devotion ; pour (enfin) passer la Manche et voguer secrètement sur le terrain du postcore alternatif, une espèce musicale en voie de raréfaction tant l’exercice de style apparaît complexe et exalté pour les tout nouveaux arrivants de Myspace.
N’ayant pour ainsi dire pas le vent en poupe, mais un cyclone à leurs basques, les Anglais délivrent une musique brute et charnelle empruntant les meilleurs ingrédients de Thursday ou d’Envy pour un résultant haut en couleurs et d’une étonnante franchise solennelle. Prenant un malin plaisir à faire grincer leurs guitares où à alambiquer les structures, torturant les verbes et balayant toutes commodités d’un revers de manche, ce Devotion marque l’entrée en piste de musiciens intelligents et d’une papillote savoureuse dans tous les linéaires.

Ayant traîné ses guêtres sur un style déjà bien azimuté sur Faith In Liars, Faith In Thieves, un premier EP déjà bien rafraîchissant et excentrique, Burn Down Rome repousse les limites du conventionnel en dévoilant une palette de style épars, mais parfaitement bien imbriqués. À l’image du titre « Temperance » exécuté sur la brèche, le groupe bouscule le musée du Capitole et les conventions musicales. Bien loin de s’en remettre à un unique style, la formation s’éclate parmi le rock, le mathcore ou encore la noise, sabotant ses références pour en développer autant d’univers oniriques (« Devotion » et sa graduation mélo-dramatique) que de secousses, à l’instar des premiers titres « Debauchery » et « XO » coulé dans le béton.
Bien sûr, la voix de Jake Cade irritera vraisemblablement votre enceinte, mais c’est aussi ça la force de ce chansonnier toujours sur le rasoir. Celui de ne laisser personne indifférent et de cahoter on ne peut plus un auditeur déjà bien submergé d’émotions.
La force du combo Londonien est également de ne jamais céder à la surenchère d’effets et encore moins à la superproduction. Guitares froides et élancés sur scène, chant venimeux dans l’urgence et une batterie forgeant proprement et sans grande folie, un son travaillé dans les mines de charbons de Hatfield. L’évocation du labeur bien fait et la sincérité apparente de ces quatre garçons passionnés par leur instrument, lorsque les excellentes nappes mélodiques côtoient la puissance et les passages lourds de considération. Pensée pour le forçat « 11.11 » ou encore les morceaux « Penitent » et « Apathy » sortis du formol et avoisinant parfois dans leur approche certaines métriques de Led Zeppelin … la rage et la vigueur en plus. Parachevant son album par la dernière piste « Daniel », simple miroir du titre d’entrée « Daniel », Burn Down Rome finit de sonner ses cloches sur un style fait main et étonnamment bien exécutée.

Formation revancharde et bagarreuse, Burn Down Rome n’en reste pas moins une entité émotionnellement captivante et épatante. Armées de 16 bras et autant de pieds, les Londoniens arrivent à franchir le pont de la facilité pour exprimer leur rage et l’expression d’une nation biberonné au rock. Nul doute que l’on ré-entendra sous peu leur accords déchiquetés et leurs mélodies intimistes, baignés dans une trame froide et intimiste. La chaleur du cœur et l’esprit de synthèse en plus.

01. Michael
02. Debauchery
03. Temperance
04. XO
05. Devotion
06. Apathy
07. Penitent
08. 11.11
09. Daniel