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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Akphaezya

Anthology II : Links From The Dead Trinity

LabelAscendance Records
styleAvant-garde – Progressif – jazz metal
formatAlbum
paysFrance
sortiejuillet 2008
La note de
U-Zine
8.7/10


U-Zine

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Akphaezya, groupe orléanais, projet de Stephan H (guitare), avait sorti une démo en 2004 du nom d'Anthology II : Links From The Dead Trinity. Ils reviennent en 2008 avec leur premier album du nom de… Anthology II : Links From The Dead Trinity.
Quoi ? La même chose ?
Pas tout à fait ! Cet album a été réenregistré avec des mises à jour de chaque morceau. Comme s’ils avaient voulu faire vieillir leur CD comme un bon vin. N’ayant pas la démo, je ne peux pas trop comparer avec cette nouvelle version. Tout ce que je peux dire, c’est que la durée totale de l’album a été bien diminuée (d’1 heure 7 minutes à 49 minutes). Ne pensez pas que chaque titre de l’album a été raccourci : pour certains, c’est le cas, et pour d’autres, leur durée s’est vue prolongée. Il semble donc que ce soit une profonde refonte qu’a opéré Akphaezya.

La pochette, conçue par Wizp auprès de Stephan H. Je la trouve réussie dans le choix des couleurs, le dessin des personnages, mais je me heurte à une vision clichesque qu’on a de la musique : j’ose le dire, mon regard obtus sur la pochette qui illustrerait la musique d’Akphaezya au mieux n’irait pas dans le sens de celle-ci, qui paraît vraiment décalée. Il en va de même pour le logo du groupe, que je trouverais brillant si c’était celui d’un groupe de black metal… Enfin, toujours cette histoire de goûts et de couleurs.

L’album Anthology II est annoncé par Akphaezya comme étant un album d’un ensemble de 5 CDs, le tout étant proposé dans un ordre asynchrone (d’où le Anthology II et pas I). Nous allons voir si cette première offrande en appelle d'autres très passionnantes ou pas.

Le CD est en route dans mon lecteur, et là, c’est la claque ! Une pépite à écouter. Akphaezya nous propose une musique unique, puisant dans des sources aussi diverses que riches. Les principales sont le metal symphonique à chanteuse, le jazz, le death (plutôt technique que brutal), le blues. Mais là où ils font fort, c’est qu’il y en a des dizaines d’autres injectées minutieusement à petite dose. Ce qui est remarquable dans cet album, c’est que d’une part, il nous emmène dans un univers parallèle magique. Le titre « The Golden Vortex Of Kaltaz », est très impressionnant : un début en tango au piano subtil, un enchaînement mystique nous mystifiant. Après j’ai l’impression d’écouter la B.O. d’un film de Tim Burton ! Puis, arrive… Arch Enemy plus Anathema etPain Of Salvation (le tout en mieux).
Vous ne croyez pas cela possible ? Et bien écoutez l’album et ouvrez grand votre bouche de stupéfaction. Ensuite, nous sommes transportés dans un autre monde psychédélique, mais tout en gardant un fil conducteur intense durant une grosse quarantaine de minutes. Enfin, les transitions entre les morceaux, leur placement sur le CD ont été très bien gérés. Ce serait très difficile de faire plus instinctif et plaisant.
Alors, parlons maintenant de la performance des musiciens :
Tout d’abord, commençons par Madame : j’ai nommé Nehl Aëlin. Dire que je suis resté scotché en écoutant sa voix (ses voix) est un doux euphémisme tellement j’en suis devenu accroc ! D’une diva à une charmeuse de music hall, en passant par une Angela Gossow (Arch Enemy) en puissance et sans artifices de studio (ce qui n’est pas le cas de la blonde allemande…), Nehl livre là un sans faute. Elle sublime chaque passage avec sa voix unique et nous caresse constamment. En plus, la superposition de plusieurs plages de voix en accord, l’emploi d’une « voix d’enfant » par moments, montre qu’Akphaezya a été jusqu’au-boutiste dans son désir de nous charmer (sa voix la plus aigue sur le morceau bluesy « Reflections » est tout simplement inouïe !!!). Mission réussie, et il me tarde d’entendre ça sur scène. Aussi, Nehl s’occupe des claviers, et là encore, ses choix sont judicieux et ne vont pas dans la surenchère émotionnelle (c’est le juste dosage et l’usage du piano bar... Que dire... hummmmm…).
Stephan H est lui aussi remarquable. Ses compositions excellentes nous touchent par leur groove, leur technique, leur portée céleste (les exemples sont nombreux). On croirait par moment entrer dans un firmament (« Awake », avec son voyage en guitare tapping - piano). Il fait l’usage d’une Cithare et de violons (ou violoncelles, je ne sais pas, dans « The Secret Of Time »). Ces instruments vont dans le sens du reste : ils nous transportent loin de nos bases. Enfin, ses jeux (notamment sur « Trance : H.L. 4 » qui est une véritable surprise, tout en restant dans la lignée de l’album) sont très prenants. Je me suis surpris à trouver des rapprochements dans ses solos avec ceux de Bart Frydrychowicz (Quo Vadis) : ils sont tous les deux planants, atmosphériques. Et il y a un point commun entre les 2 musiciens : ils adorent Chuck Schuldiner (Death). Ce qu’il y a de fort, c’est que je connais la musique de Death sur le bout des doigts, mais je ne parviens pas à trouver de lien avec leurs solos. Je dois passer à côté de quelque chose guitaristiquement parlant...

Stéphane Béguier a lui aussi rendu une copie qui recueille une note excellente à la basse. Il participe grandement lui aussi en nous emmenant avec ses petits passages jazzys, funks, solos, ses slaps. Sa partie rythmique est elle aussi un bel exemple de savoir-faire. Enfin, le batteur Loïc Moussaoui est d’une justesse bleuffante, donnant un rendu progressif, jazzy ou groovy particulièrement réussi. Il a aussi des passages en blasts, type black metal sur plusieurs morceaux, dont "Chrysalis" (en même temps que la guitare et la basse). Tout ceci pour dire que l’homme est très complet.
Bref, après avoir fait l’état des troupes, Akphaezya est remarquable sur tous les plans.
Enfin, j’ai envie de parler du bijou « Beyond The Sky ». C’est un sublime titre en acoustique avec une exploration des sonorités japonaises et un voyage dans le moyen-orient. Il s’agit du seul où l’emploi de la guitare électrique n’est pas effectué. Le rendu et la portée spirituelle sont étonnants.
Si je devais choisir un morceau parmi tous, je pense que ce serait « The Golden Vortex Of Kaltaz », tellement c’est un savant mélange de style, une mixture qui semble non comestible sur le papier, et qui devient un vrai régal à écouter.

Mes seuls regrets, oui, il y en a, sont d’une part, de ne pas trop apprécier le son de la guitare dans ses graves, que je trouve trop acide (surtout pour ce genre de musique. Mais ceci est pardonné par les sons jouissifs qu’elle nous fournit dans les aigus). Et d’autres part, je n’ai pas réussi à accrocher sur l’ultime morceau « The Bottle Of Lie », qui est un mix de salsa, de funk, avec un passage avec accordéon, un peu de Mr Bungle (que j’adore pourtant), du reggae, avec un zest de musique africaine. Je trouve que ce morceau est trop déstructuré et qu’il manque de cohésion. Enfin, la « piste cachée » à la fin du titre est bien obnibulante (je vous laisse la découvrir), sorte d’invocation orientale manipulatrice.
Mais tout ça ne va pas entacher mon bilan final puisque auparavant, je viens de me prendre 41 minutes de bonheur musical.
Il me tarde de découvrir le groupe sur scène, et ça sera chose faite en novembre. Je pense que je ne serai pas déçu ! Akphaezya = un groupe à suivre de très très près.

1. Preface
2. Chrysalis
3. Beyond the Sky
4. Khamsin
5. Reflections
6. Awake
7. The Golden Vortex of Kaltaz
8. The Secret of Time
9. Stolen Tears
10. Trance: H.L.4
11. The Bottle of Lie