Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Immortal

Blizzard Beasts

LabelOsmose Productions
styleNebular Black Metal
formatAlbum
paysNorvège
sortiemars 1997
La note de
U-Zine
10/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Le temps est venu pour moi d'évoquer, pour les 4 ans D'U-Zine, l'album qui a marqué mon histoire metallique, et ma vie en général. Compte tenu de ma signature sur le forum le mystère n'est pas bien grand quant au groupe qui a ma préférence, ni quant à l'album de sa discographie qui m'a la plus marqué, ni quant à LA chanson qui tel un vent mauvais a déchiré mon âme pour la jeter, vaincue, aux pieds des "Bêtes du blizzard". "Nebular Ravens Winter" est directement à l'origine de mon pseudo, de ma persévérance dans l'art sombre et extrême, tout autant qu'elle est liée à certains moments importants de ma petite vie ... mais assez parlé de moi: parlons de LUI plutôt.

Nous avons ici certainement la plus impressionnante des sorties du combo qui venait du froid et du metal extrême en général bien que les membres du groupe eux-mêmes aient affirmé dans des interviews qu’ils considéraient cet album comme leur sortie la plus faible … est ce dû à la pression énorme qui s’est abattue sur Immortal suite au succès de « Battles in the North » ? Pression qui a d’ailleurs contraint Demonaz, victime du syndrome de la page blanche à faire appel à un intervenant extérieur pour l’aider dans l'écriture de ses textes les rendants à la fois plus clairs et plus ésotériques qu’à l’accoutumée; est ce dû au traumatisme lié au fait d’avoir du laisser ce même Demonaz sur la touche suite à l’enregistrement de l’album, du fait de la sérieuse tendinite dont il a été atteint, l’existence même du groupe ayant alors été en question (la perte de cet extraordinaire guitariste, membre fondateur et ami d' Abbath s’étant également fait sentir sur la suite de la discographie) ; est-ce dû au fait que l’ingénieur du son est parti plus loin dans le "trip blizzard" que le groupe ne l’aurait souhaité … toujours est-il que l’auditeur, détaché de ces considérations, se doit de jeter une oreille attentive à cette pure merveille, qui renferme certains des morceaux les plus aboutis de la carrière d’ Immortal.

Album concept si il en est "Blizzard beasts", s'ouvrant par le titre éponyme et s'achevant sur "frostdemonstorm", était présenté à sa sortie dans un boîtier sur lequel était gravé le logo du groupe, un étrange papier style buvard donnant une impression entre la glace fondue et la vitre gelée (et ruinait les yeux pour qui tentait d’y lire les paroles), le logo du groupe ayant été spécialement réinterprété pour l'occasion et la traditionnelle photo de classe moins rigide que par le passée puisqu’en adéquation totale au concept, comprenait une nouvelle tête que l’on aurait dite toute droite sortie de « From the Pagan Vastlands » de Béhémoth : le charismatique Horgh, auquel l’album est d’ailleurs dédié « For His Brilliant Strenght and Will » … tu m’étonnes !!! dès ses premières parties de batteries, cette machine à double faisait étalage de son talent en alternant blast violents, double dominatrice et passages martiaux. Horgh était vraiment LE batteur qui manquait à Immortal, bien que le travail d’Abbath ait été jusque là bluffant. Ses parties sont d’une brutalité et d’une sauvagerie inouïe, bien que ternies par le rendu anémique des toms et des cymbales, seule la double ayant été épargnée par la prod'.

L’intro de "Blizzard beasts " ressemble à celle de l’EP de 92 ( « Diabolical fullmoon mysticism » ) mais passée dans une « machine à blizzard » :effets sur la voix, sons cristallins, bourrasques … on est tout de suite dans l’ambiance : le froid nous saisi et l’on a l’impression que la température a brusquement chuté en quelues instants.

Pour la suite, même en ayant été habitué au son « Battles… », force est de constater que là il paraît particulièrement brut et rêche … mais paraît uniquement car au fur et à mesure des écoutes, armé de patience et d’un équaliseur, le travail de recherche de l’ingénieur du son prends tout son sens : le rendu volontaire est le Blizzard, la batterie est donc étouffé, la guitare est agressive et incisive, le chant est tantôt cristallin, tantôt lointain, de nombreux effets et passages viennent renforcer l'impression d'être pris dans une tempête de glace et les basses sont étonnamment mises en avant. Si il semble dans un premier temps que rien de distinct ne puisse être précisément audible dans ce maelström sonore, l’oreille attentive et entraînée percevra un son de basse vrombissant, une caisse claire étonnamment sèche, un son de double précis et puissant et les leads et solos véritablement « spatiaux » de Demonaz, le compère de toujours du terrible Abbath, qui a perdu un bras dans cette tempête musicale ce qui n’est pas étonnant vu la vitesse d’exécution des certains passages et le caractère haché de riffs, qui donnent d’ailleurs une surprenante coloration death à l’opus … mais la voix rapelle qu’ il s’agit bien de black même si la technique de placement ( essayez de chanter sur un titre ) et la variété de celle-ci, renforcée par des effets aux moments les plus dramatiques, sont hors norme eu égard à l'exercice proposé.

Malheureusement les délires sonores, qui maintenaient l’idée de Blizzard dans l’esprit de l’auditeur, perdent de leur rigueur et de leur cohérence sur les derniers titres : guitares saturants les enceintes, basses fondues dans le mix et son de cymbales « criquets ». Ce n’est plus du blizzard, c’est du brouillard givrant : épais, froid, moite et désagréable. Ce petit défaut est véritablement regrettable compte tenu du fait que "Blizzard beasts" est un album avec un line up magique (quelle nouvelle recrue !), des riffs inoubliables, des passages à la fois bien Evil et froids, montrant néanmoins une autre facette du talent du groupe, des solos absolument inimitables ( surtout en live ), dont la bizarrerie distille un sentiment diffus de gêne. Une vivifiante demi-heure qui semble éternelle tant les morceaux sont compacts, regorgent de talent et d'idées. Une éternité qui se serait bien passée toute seule si la faible qualité du son des morceaux épilogues ne l'avait pas dissipée en nous sortant de notre hypothermie au moment où le sommeil éternel commençait à s’emparer de nous.


1. Blizzard Beasts
2. Nebular Ravens Winter
3. Suns That Sank Below
4. Battlefields
5. Mountains Of Might
6. Noctambulant
7. Winter Of The Ages
8. Frostdemonstorm

Les autres chroniques