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Pas forcément du goût de ce très cher Kofi Annan et de ses Nations Unis - formation à coup sûr rejetée par tous les colloques en faveur de la paix, United Nations n’en demeure pas moins un groupe discret, mystérieux et n’ayant finalement de grandiloquent que la portée significative de son nom. Une entité à part entière, un trublion sonore sorti un beau jour de sa boîte sans crier gare, mais également une réunion inopinée de membres talentueux doués de leur dix doigts, où il n’est alors pas étonnant de constater que ce fin colloque ravive la flamme du Screamo dans ces meilleurs jours : ceux des années 90, macéré dans le formol de la Californie.
Trois années auront suffi à United Nations pour inventer et triturer les guitares qui ont fait de cet album éponyme un excellent revival de l’âge d’or du Screamo et du post-core aérien. Trois années, malgré les calendriers chargés, pour réunir quelques collègues de soirée autour d’un buffet sucré/salé, pour donner vie à un univers râpeux et à une pléiade de titres que cet album réussit à parfaitement synthétiser.
Autour de 11 titres, dont la majeure partie restent sans grande prétention, ce n’est rien de moins que les membres de Glassjaw, Thursday et Converge qui articulent avec soin les ficelles et les rouages de cette mécanique coordonnée, un tantinet rouillé mais toujours bien rôdée. (« Resolution = 9 » ; « No Sympathy For A Sinking Ship »). Un engrenage écrasant de vitalité, plus qu’entraînant, où Dr Jekyll (aka. Daryl Palumbo) et Mr Hyde (aka. Geoff Rickly) se renvoient la pareille. Épisodique dialogue de sourd sur « Model Un », n’oubliant pas pour autant les très malignes lignes mélodiques ponctuant l’album, le duo engraîne et n’oublie pas de frapper intelligemment et en profondeur par l’alternance de leurs deux voix hurlés et dialogués comme sur « The Spinning Heart of The Yo-Yo Lubby », rappelant le balancier du fameux jouet pour enfant.
Seulement tout n’est pas rose au royaume du racolage de membres aussi talentueux qu’imprévisible. Daryl en première position, l’homme à tout faire de Glassjaw et d’Head Automatica ayant également fourré son nez dans tous les projets à haute valeur ajoutée, ne ressort que très peu grandi de ce premier rôle derrière le masque de Ronald Reagan (les membres apparaissant grimés par obligations contractuelles et paperasse encombrante). On aurait aimé plus de folie dans le jeu de Daryl, tout comme l’on aurait apprécié plus de jeu de jambes chez Ben Koller de Converge. « Revolution In Graphic Design » ou « Filmed In Front of A Live Studio Audience » approchent certes le Grindcore mais restent bien trop conventionnelles pour l’esprit des deux bonshommes.
Même si United Nations n’est pas Botch et encore moins Converge, reste que la formation approche tout de même les meilleurs accents de Pelican, voir de Nation of Ulysses, groupe de post-hardcore de Washington ayant dû hanter les murs des studios d’enregistrement de cet éponyme. Thursday s’invite même à la fête, parfois un peu à l’image de « The Shape of The Punk has Never Came », où le bébé de Geoff, aussi excellent soit-il, ressurgit et cannibalise un iota ce projet de haute envergure. Un déploiement d’ailes sur le Screamo, le Power et parfois le Grind comme aime le mentionner le groupe, avec des morceaux de fins aussi sublimes que puissants, aussi raffinés qu’excessifs dans leur approche. « I Keep Living The Same Day » ou le « Say Goodbye to General Figment of the USS Imagination » pointilleux et marqué par des éclats de cuivres restent les tous meilleurs morceaux intimes de la rondelle, que l’on aurait aimé poursuivre.
Geoff Rickly, Daryl Palumbo, Ben Koller, Eric Cooper et bien d’autres mécènes de l’ombre nous gratifie d’un album mature et bien ficelé compte tenu du CV de ces principaux protagonistes et de leur attachement à la scène émotive des années 90. Et même si l’on attendait 200% du Palumbo nouvelle génération, toujours redevable d’un nouvel album, cet éponyme s’avère être un juste milieu entre l’univers des deux belligérants nommés, marqués par les guitares omniprésentes de Thursday et de Pelican réunis. Le temps en moins et l'opportunisme de leurs débuts en plus.
01. The Spinning Heart of the Yo-Yo Lobby
02. Resolution #9
03. No Sympathy For A Sinking Ship
04. The Shape of Punk That Never Came
05. My Cold War
06. Model UN
07. Filmed In Front of A Live Studio Audience
08. Revolutions In Graphic Design
09. I Keep Living The Same Day
10. Subliminal Testing
11. Say Goodbye to General Figment of the USS Imagination





