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Petit mais costaud du haut de ses 22 minutes, intense et abrupte, le tout premier effort des Américains de Hero Destroyed n’en demeure pas moins un vil condensé de tonicité et de dérèglements en tout genre. Anti-héros par définition, castagnant la boutique Marvel avec classe et frénésie, Hero Destroyed marque des points stratégiques pour ses premiers pas au micro de l’écurie Relapse. Marchant sur les plates-bandes d’un noisecore intempestif et parfois déstructuré, la formation s’intègre parfaitement à la bibliothèque du label. Librairie musicale ne jurant d’ailleurs plus que par les assauts sonores azimutés et peu conventionnels de groupes ayant fait le pari de suivre en chœur The Dillinger Escape Plan ou encore The Red Chord.
Bien loin d’êtres de parfaits suiveurs, Hero Destroyed pioche ça et là quelques ingrédients des groupes susnommés, tout en restant dans une approche écrasante et lourde de sa musique. Un chavirage musical sur un navire solide comme un roc, mais assurément brinqueballé par les piolets de cinq musiciens bien habille de leur 10 doigts.
La dextérité étant le maître mot de cette représentation, la formation s’engage directement dans la danse sur le morceau « Cause of Cancer ». Un démarrage furibond bien négocié sous les feux d’une batterie intempestive et faisant du contretemps son cheval de bataille (dixit la pochette aux allures déstructurées). Plutôt étonnant et peu conventionnel dans ce genre de configuration un brin folle, tous les instruments se détachent allègrement les uns des autres, conférant aux vases communiquant de l’album un univers assumé, cohérent et foncièrement salvateur. Mention spéciale à la production tout en finesse et en délicatesse, permettant la ventilation de tous les instruments et la parfaite union d’une rythmique sans failles notoires. A l’image du titre « Flasher », déroulé à toute vitesse devant l’auditeur, le groupe mutualise et milite en faveur de la synergie des cordes, en assenant solis, puissante lignes de guitares et issues de secours sortis de nulle part. Même « Bloody Hand » y met son grain de sel en ré-invoquant The Dillinger Escape Plan sur les premiers passages à tabac entretenus avec le morceau. Impeccablement désordonné dans son approche, mais néanmoins perfectionnisme, le groupe enchaîne convenablement les parties sur sa bonne lancée et se permet même quelques excentricités, ravivant la flamme d’un Mastodon ou d’un The Red Chord. Le balancier « Head In The Noose », accompagnant à juste titre les petits bonds de nos chères têtes blondes.
Et que dire de « Code Of Arms », véritable magma en fusion ou encore de « Texas Heart Shot », entraînant le groupe en plein éveil sur un territoire plus brut et charnu, en injectant une bonne dose d’adrénaline à toutes les mauvaises langues, qui avait imaginé que ces ex-Commit Suicide ne se relèveraient pas. Non, les Américains font mieux, ils bondissent à la gorge de l’auditeur sur sept morceaux de qualité et d’adresse, démontrant une agilité à tout va sur le dernier morceau de leur premier album. Plus fourni et plus hardcore que le reste de la galette, « Thin White Line » se permet d’invoquer un Ion of Dissonance sous les effets d’une canicule bien senti.
Hero Destroyed marque les premiers pas d’une formation du même nom que nous n’avons pas encore fini d’apprivoiser et de dompter. Malgré un chant quelque peu lassant et des compositions fondées sur une base, en béton armée mais parfois redondante, le groupe réussit convenablement son premier plongeon synchronisé avec Relapse Records. Si l’on en vient à juger la qualité des compositions et l’administration de chaque instrument dans le corps du CD, le ciel semble doucement s’éclaircir du côté de Pittsburgh et renouer avec les talents et la créativité de leurs voisins. On ne s’en plaindra, tant que le noisecore et le mathcore ne deviennent pas de véritables couloirs musicaux convoités et embouteillés.
1. Cause for Cancer
2. Bloody Hand
3. Flashers
4. Texas Heart Shot
5. Code of Arms
6. Head in the Noose
7. Thin White Line