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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Oakenshield

Gylfaginning

LabelEinheit Produktionen
styleViking Atmosphérique
formatAlbum
paysRoyaume-Uni
sortiejuin 2008
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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Tout adolescent qu’il était, le jeune Ben Corkhill faisait déjà montre d’une passion pour les contes et légendes de la Mythologie scandinave, ayant choisi de les évoquer non pas par l’approche, musicalement, guerrière d’un Amon Amarth ou d’un Enslaved de la première époque mais par le biais des atmosphères que son premier groupe, où il officiait déjà seul, nommé Nifelhel lui permettait de distiller bien que les textes soient orientés sur les aspects les plus belliqueux de ces fables. Quelques quatre ans plus tard et fort d’un nouveau patronyme, Oakenshield, marquant non pas un virage mais un léger changement de cap stylistique et textuel, ce projet d’un seul homme a donné naissance a un nouvel album baptisé Gylfaginning : il est ici question de mettre en musique des thèmes abordés par les fameuses sagas islandaises, contes millénaires que les Hommes du Nord se transmettaient oralement, entre deux raids, jusqu'à ce que l’idée vint de les transposer sur un support solide, ce que fît ( entre autres ) Snorri Sturluson dont la première partie de son Edda en prose, Gylfaginning, est ici l’objet des attentions d’Oakenshield.

La pochette donne le ton par son aspect sombre, relativement froid mais serein, contemplatif, et duquel toute vie n’est pas exclue, évoquant ainsi la pureté originelle de la création du monde. Si la pochette est basée sur l’un des splendides paysages immortalisé de Maciej Duczynski ( je vous encourage fortement à parcourir son site), les clichés en noir et blanc du livret ayant quand a eux été pris par Athelstan du duo britton Forefather.

Pour mettre en musique cette saga des plus connues, puisqu’elle aborde les mythes scandinaves majeurs de la création à la destruction des neufs mondes induit par le parjure des dieux, que Loki leur fît payer au prix fort en provoquant la mort de Baldr et le Ragnarök, Ben Corkhill en suit d’une part les développement chronologiques, et d’autre part pose des ambiances, tantôt joyeuses et fraîches comme le lever du jour, tantôt mélancolique et froides comme comme une nuit sans lune; basées sur un tempo relativement lent qui permet de souligner de quelques accélérations les moments les plus dramatiques. Ce qui frappe l’auditeur dès la première écoute, outre l’utilisation d’une boite à rythme et la voix agressive mais maîtrisée, c’est la qualité de composition de cette oeuvre solitaire, qui est également très cohérente : guitares et plages de synthétiseur s’entremêlent pour créer une base atmosphérique propice a se plonger dans les paroles, la basse étant très présente sur ses parties propres et n’intervenant pas qu’ en simple soutient rythmique ; les leads sont exécutés avec à-propos comme, également, les quelques touches de flûte et de violon (seul incartade d’un intervenant étrangers), toujours avec une vision du rythme et des effets assez impressionnante pour un solitaire ... se permettant d’effectuer quelques cœurs du plus bel effet.

Malheureusement, comme toute projet a la tête duquel un seul homme préside à la destinée, Oakenshield souffre, bien que dans des proportions moindres à bon nombre d’autres essais de ce style, des défauts inhérents à de telles pratiques : les parties de flûte apportent certes un petit quelque chose mais ne sont hélas pas du niveau de maîtrise des autres instruments pratiqués et l’on a parfois plus l’impression que Ben Corkhill s’époumone qu'autre chose, ces parties manquant véritablement de nuance. La batterie, programmée, pêche également par manque de naturel puisque le son d’une boite à rythme ne colle pas vraiment au sujet traité, ce qui est d’autant plus dommage qu’elle est relativement bien mise en place, certains morceaux étant plus variés que d’autres, et que les structures élaborées sont suffisamment complexes pour faire regretter que le sieur Corkhill n’ait pas tenté un passage derrière les fûts.

Toujours est il qu’il s’agit là d’un album plaisant mais qui, par son côté très atmosphérique ( entendons nous bien ça reste tout de même du métal : ce ne sont pas que des plages de synthés non plus ), sa durée (1 heure tout de même) et le fait que les paroles soient indissociables de leur illustration sonore, requiert LE moment où il doit être écouté. Ici pas d’écoute entre amis autour d’une bière mais une manière originale d’ entrer dans l’univers complexe de la mythologie scandinave sans le côté trop bourrin de certains groupes, ni le côté sirupeux ou chansons à boire de certain autres … une démarche relativement proche de l’oeuvre originale somme toute.

1. Gunningagap
2. The Sons of Bor
3. Idavoll
4. Yggdrasil
5. The Aesir
6. Fenris
7. Valhalla 05
8. Utgarda-Loki
9. Hymir
10. The Death of Baldr
11. Vigrid