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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Zozobra

Bird of Prey

LabelHydra Head Records
styleMetal progressif baveux
formatAlbum
paysEtats-Unis
sortieaoût 2008
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Étrange nom que celui de Zozobra, né dans les alcôves de Santa Fe au Nouveau Mexique et réunissant pour le coup Caleb Scofied de Cave In – ayant déjà plusieurs dossiers musicaux sous le coude – et Aaron Harris, tambourineur en chef d’Isis. Déjà remarqué au travers de leur Harmonic Tremors de 2007, le groupe remet sa créativité à profit pour nous cracher à la face un Bird of Prey. Ingénieux nouvel album, secrètement malmené dans les bafonds du postcore d’Isis et flirtant délicatement avec les accords de Mastodon, rencontrés aux premières lueurs de l’album Remission.
Ce Bird of Prey réalisé, sur le pouce et entre deux digestifs, n’a d’ailleurs de coloré que sa pochette, aux allures venimeuses et calomnieuses. Car la nouvelle mouture de Zozobra emprunte ce qu’il faut de noir au métal et de décadence pour empaqueter sans fébrilité son dernier-né.

Première partie sous les feux d’une rythmique baveuse et nonchalante, Zozobra arrose sur « Emanate », ses compositions d’un métal lourd aux accents Mastodoniens, servi par une basse saturée largement mise en avant. Bardée de boucles de guitares illustratives dans un champ miné de décibels, la formule de Zozobra n’a pas bougé d’un poil, en référence au déjà encensé Harmonic Termors. Délibérément froide et ténébreuse sur « Heavy With Shadows », foncièrement lourde de sens et cradingue sur le poisseux « Tracherous », la formation a pris les mêmes et s’est amusée à recommencer, la technique et l’expérience en plus.
Armé d’une production cafardeuse et parfaite pour ce genre d’implosion sonore, Aaron Harris ne s’est pas contenté de mettre en valeur chaque instrument, mais s’est chargé de développer un véritable océan synthétique, obscur, mer de glace parmi les hommes. Beaucoup moins mélodique que son prédécesseur Bird of Prey se révèle bien plus intimiste et moins accessible à l’image de « Heartless Enemy », corridor sonore et tunnel étroit posant les bases d’une marche funeste orchestrée par Caleb Scofield du haut de sa voix écorché.
Greffée au tympan de l’auditeur, la voix du frontman n’a cessé de prendre de l’assurance tout au long de l’enregistrement, assurant au groupe une parfaite assise dans le développement de ses 8 titres. Parfaite pour les atmosphères étouffantes de « Big Needles » et son détournement de rythmiques assoiffés, idéale pour compresser et triturer les cerveau sur « In Jet Streams », Zozobra berce l’auditeur toujours près du mur et assure largement sa part de boulot. Invoquant vers les morceaux de fins Isis et Mastodon, pour un banquet célébrant l’ascension du post-core organique, la formation finit, sans jamais s’essouffler, par des morceaux bien plus travaillés et bien plus ambiancés. « Sharks That Circle » interlude énigmatique et tout particulièrement un « Laser Eyes » impérissable. Véritable quart d’heure américain Sludge mid-tempo, doté d’un environnement suffocant, le groupe achève son album de la plus belle des manières avec des accords de guitares sirupeux et une rythmique quasi-martiale, où se greffe organiquement la voix enveloppante d’un Caleb décidément bien inspiré.

Bien plus side que projet, Zozobra s’est entiché d’un second album concis, puissant et sachant battre le fer quand il est chaud. Nonchalante à souhait et dotée d’une rythmique roulant des mécaniques, la formation n’a pas hésité à réactiver l’essence même d’un post-core végétatif et les valeurs saines d’un Harmonic Tremors déjà bien repéré dans les tabloïds. Scindé en deux et mi-ambiant, ce nouvel album ne fait que confirmé le talent et les multi-facettes d’un groupe bien plus important qu’il n’y paraît. Recueil conquérant de 2008, Bird of Prey, élevé sous les lances de la horde de Zozobra, est un album à ne surtout pas laisser passer.

1. Emanate
2. Heavy With Shadows
3. Treacherous
4. Heartless Enemy
5. Big Needles
6. Sharks That Circle
7. In Jetstreams
8. Laser Eyes