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Il y a un certain nombre de données qui ont aguiché ma curiosité avant même de commencer l'écoute de cet album : entre autres les musiciens et le nom de leur groupe. En effet si on regarde Hackneyed sur le net, on trouve de longues explications sur la race de chevaux anglais appelé les Hackney et comment ce mot en est arrivé à désigner quelque chose de banal, sans intérêt puisque déjà vu et entendu depuis longtemps. Humm c'est une façon assez peu commune de nommer son groupe, et je dirai même que c'est une prise de risque car pour tout auditeur anglophone, on fait face à un groupe qui affiche le mot « banal » tout en haut de sa pochette, de sa scène ou de son myspace. Imaginez alors le sticker collé par Nuclear Blast : « l'album que vous avez déjà écouté mille fois ! Du brutal death comme on sait bien le faire ailleurs ! ». Espérons que l'écoute viendra tromper cette prophétie de mauvais augure. Venons en aux musiciens maintenant car au rang du peu commun ce groupe se tient là : voyez plutôt des gamins de quatorze ans qui jouent du brutal death ! Non vous ne rêvez pas, la moyenne d'âge du groupe est hallucinante puisqu'elle est de seize ans. A quand des 6e qui jouent du black symphonique ? Et ce miracle vient d'Allemagne et je ne sais pas s'il doit servir d'exemple, mais il mérite d'être signalé et pris en considération dans ces lignes et dans votre écoute.
Un dernier paragraphe de critique et après on passe à la musique. C'est bien d'appartenir à une grosse machine comme Nuclear Blast : ça vous peaufine le son et la promo, on met toutes les chances de sont côté. Mais attention, ces messieurs pourraient avoir le bon sens de ne pas laisser la banalité dont parle leurs nouveaux protégés s'installer avant que le disque soit lancé. J'en veux pour preuve le titre de l'album : Death Prevails, mort de rire tellement c'est cliché. En plus le dernier Kataklysm s'appelle Prevail alors merci le parallèle. En plus les pochettes des deux albums ont un air de famille, pas des plus réussis au demeurant. Rien qui n'annonce la tempête brutal death dont nous parle le promoteur. Alors on s'accroche au désincarné, tout ce qu'il nous reste au final c'est la musique.
Et là surprise, malgré leur jeune âge on sent une certaine maturité dans leur musique. Hackneyed ne se contente pas de dérouler un death brutal qui tape sans nuances ou sans variations, bien au contraire. Ils font certes la part belle au rythmiques rapides et aux riffs bien acérés et bien typés mais on déborde parfois vers des rivages un peu plus thrash et des titres comme Ravenous, sans être la copie du même titre par Arch Enemy en a quelques traits, ce qui prouve que les influences ont été digéré et que la partie la plus complexe qui est de réutiliser ces acquis sans en faire une pâle copie est plutôt réussie. Mais n'exagérons rien, je préfère préciser qu'il n'y a pas grand chose de nouveau, c'est juste bien fait. L'atout principal de cet album est sa fraîcheur, son énergie et son incroyable esprit death métal. On a rarement vu ces derniers temps, un groupe qui colle autant aux standards (et en plus les défend bien) porté aux nues. L'air du temps aime plutôt les croisements, les mix de tous genres. Et bien Hackneyed a décidé de laisser la masse loin derrière et de tenir fièrement la bannière du métal de la mort et s'enfonce dans ses rails pour ne pas en dévier.
L'enchaînement des morceaux ne laisse guère de répit aux auditeurs et il semble que les jeunes Allemands n'aient prévu qu'une courte pause de deux titres sur les neuf que composent cet album. Elle se situe au milieu et constitue une des seules chansons où règne le mid tempo et se nomme Worlds Collide. On peut dire que c'est le miroir des autres titres : globalement c'est lent avec un tout petit passage énervé. Tout le contraire du reste de l'album qui donne dans le bourrin à outrance et sans ambages. Pour finir sur ce titre, on sent de loin une petite pointe de Gojira, mais je pense être victime du syndrome de « il voit du Gojira partout ». En plus ils se sont même permis de rajouter des nappes de claviers, ce qui renforce cette impression d'étrangeté au milieu de cet océan bouillonnant. D'ailleurs Symphony of Death, le titre suivant, est là pour nous rappeler qu'ici on ne rigole pas, on blaste ! Mais on garde quand même en fond une ambiance (pour coller au concept de symphonie il faut bien se donner les moyens). Celles ci seront présentes sur la quasi totalité des titres de la deuxième partie de cet album.
Omniprésent aussi est le chanteur. Au fur et à mesure de l'écoute on se rend compte qu'il ne lâche presque jamais le crachoir. Alors ça c'est du chanteur rentabilisé. Son timbre est super grave et très death et parfois on sent quelques petits gruiks mais rien de bien méchant. Sa présence dissimule le fait que les guitaristes ne s'embêtent pas à faire de soli mais qu'ils sont capables de travailler certains enchaînements de fort belle manière. En gros, ils sont bons mais pas mûrs. D'ailleurs on pourrait dire cela de tout l'album, c'est du tout bon, mais Nuclear Blast s'est jeté sur l'occasion sans laisser au groupe le temps de mûrir encore un peu plus. Certes ils sont excellents pour leur âge et on sent qu'ils sont imbibés de cet esprit musical du métal extrême mais il leur manque quelques années et des pintes de bière, l'homogénéité de l'apporte de leurs influences et tout ce qui fait qu'on dit souvent d'un premier album ou d'une démo (qu'ils n'ont sûrement pas eu le temps de faire) qu'elle est pleine de promesse et qu'on attend une vraie sortie avec impatience. Mais voilà, là c'est une vraie sortie, sans passer par la case expérience. Résultat j'ai peur que cet excellent groupe pourrisse sur pied. Car à un certain moment ils n'auront plus 16 ans et ils perdront leur atout majeur et par là même l'intérêt du public. Car on ne s'y trompe pas Death Prevails vaut le détour mais aura la durée de vie d'un tube de l'été.
01. Unseen Enemy
02. Gut Candy
03. Ravenous
04. Axe Splatter
05. Neon Sun
06. Worlds Collide
07. Symphony Of Death
08. Bone Grinder
09. Again






