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vendredi 19 janvier 2018

SepticFlesh + Inquisition + Odious @ Toulouse

Le Metronum - Toulouse

Shawn

Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.

La nouvelle saison est désormais bien lancée, et l’année 2018 débute donc pour l’association SPM Prod avec cette date aux doux relents black metal. Place donc à une curieuse affiche de nature à satisfaire tant les puristes venus pour le stratosphérique set d’Inquisition, que les autres venus pour le set de SepticFlesh.

ODIOUS

Venue tout droit d’Egypte, la formation Odious sera en charge d’ouvrir la soirée. Bien planqué dans l’underground d’Alexandrie, Odious se démarque par une histoire peu commune. Fondé en 1998, il faudra attendre 2007 pour voir sortir leur premier album, Mirror of Vibrations, et il faudra patienter 8 autres années pour que Skin Age puisse voir le jour en 2015. Curieux donc de voir un groupe en tournée sans nouvelle galette à proposer. Et malheureusement, ces craintes ont vite été confirmées. C’est ici un problème typique des groupes ouvrant pour ce genre de tournée : la plupart des créneaux sont payants et seuls les groupes ayant le budget nécessaire décrochent leur sésame. Et si on a parfois quelques bonnes surprises, on a en réalité bien trop souvent des déceptions. Odious sera de ceux-là.

Pas de backdrop, pas de décors de scène, pas de costume ou de mise en scène particulière : la formation égyptienne fait dans la simplicité. Scéniquement, le groupe semble vissé au sol et se montre fort peu dynamique. Cette apparente mollesse se ressent dans le public, où l’audience se montre très attentiste et peu mouvante. Musicalement, on navigue en pleine méditerranée, à l’image d’un Melechesh ou d’un AlNamrood, avec des compositions très marquées par la culture orientale. Leur dernier album regorgeait ainsi de quelques pépites telles que All the Evidence (malheureusement pas jouée ce soir). En revanche, si sur album les passages orientaux sont cohérents et apportent un véritable plus, sur scène, ils sont lancés par des samples, cassant souvent l’effet voulu. Dommage de ne pas avoir le moindre instrument traditionnel sur scène. Bref, même après intense réflexion, on ne comprend pas bien la logique de Odious : les Egyptiens semblent pourtant prendre le temps dans leur évolution, mais leur set, manquant cruellement d’implication et de dynamisme, révèle en fait un groupe plus que banal.

Setlist Odious : 
Dungeon Keys
A Picture Of Dead Art
New Mystery
Crystal Clear
Alzar
Hot Blood Fumes

INQUISITION

Place ensuite à Inquisition, formation majeure de la scène black metal depuis 1989. Le combo Colombo-américain défend ce soir son septième album, Bloodshed Across the Empyrean Altar Beyond the Celestial Zenith, sorti en aout 2016. On avait par ailleurs déjà vu le duo dans la même salle un an et demi plus tôt en headliner, sur une date organisée par Noiser. C’est d’ailleurs en relisant la biographie du groupe pour vérifier quelques détails que je réalise que Dagon (Jason Weirbach de son vrai nom), guitariste/chanteur d’Inquisition a vécu une très large part de son adolescence à Cali (Colombie) en pleine période Pablo Escobar. Les fans de Narcos feront le lien ! Il n’en demeure pas moins un coté insolite entre un groupe ayant un son reconnu pour son extrême froideur, provenant d’un pays au climat agréable (même si la formation s’est depuis relocalisé à Seattle).

Bref, Inquisition, c’est un peu comme Krisiun : c’est toujours à peu de choses près le même set mais à chaque fois c’est la branlée cosmique. Et cette fois n’a pas dérogé à la règle. On a beau les avoir vu et revu, le duo me scotche littéralement à chaque prestation. Comment deux personnes, un batteur et un guitariste chanteur, peuvent réussir à créer une ambiance aussi froide, aussi riche musicalement et aussi spectrale ? Car c’est bien là le fond de commerce d’Inquisition : une plongée crue et glaciale sur une planète au paysage désertique, où le permafrost n’a d’égal que le scintillement de lointaines galaxies. Bien évidemment, scéniquement, Dagon ne bouge que peu et interagit à minima avec le public, mais cette froideur apparait cohérente avec l’aspect du show. Comme toujours, mention spéciale à Desolate Funeral Chant et son ambiance à la Immortal.

Setlist Inquisition :
Intro: The Force Before Darkness
From Chaos They Came
Hymn for a Dead Star
Dark Mutilation Rites
Ancient Monumental War Hymn
Song played from tape
Command of the Dark Crown
The Realm of Shadows Shall Forever Reign
Vortex From the Celestial Flying Throne of Storms
Embraced by the Unholy Powers of Death and Destruction
Astral Path to Supreme Majesties
Desolate Funeral Chant
Infinite Interstellar Genocide
Outro of Infinite Interstellar Genocide

SEPTICFLESH

C’est lors du changement de plateau que l’on a pu voir une nette fracture au sein du public. Pour certains fans, Inquisition représentait LE groupe à voir ce soir, SepticFlesh ne présentant pas d’intérêt particulier. Et pour d’autres, ayant patiemment attendu tout le set des Colombiens, le plaisir ne fait que commencer. Quoi qu’il en soit, SepticFlesh était déjà passé l’été dernier dans le coin avec une prestation sur la scène de l’Xtreme Fest. Le show, millimétré, manquant sérieusement de spontanéité et d’authenticité nous avait fait tiquer tant la distance entre le groupe et son public était grande. Aucun mot pour le public, leur show plus qu’impersonnel avait gêné. C’est ici que la formation hellène s’égara.

Qu’importe, les Grecs sont ici pour présenter 10ème album, sorti en septembre dernier sur le label français Season Of Mist. Et il faut reconnaitre que depuis leur retour gagnant en 2007 après 4 ans de break, SepticFlesh n’a pas chômé. Et ce soir, c’est une prestation nettement plus agréable que celle de l’Xtreme Fest qui nous sera offert. Spiros Antoniou (basse/chant) semble insondable sous ses yeux Persans, mais à Toulouse l’homme a semblé un peu plus affable qu’à l’accoutumée, partageant avec le public entre les titres ou haranguant ce dernier lors des breaks.

Au niveau de la setlist en revanche, le changement est profond. Alors que cet été le groupe n’avait lâché aucun titre de leur album à sortir le mois suivant, ici Codex Omega tient une place centrale avec pas moins de 5 titres (dont Martyr qui a été clipé en ce début d’année). Bien entendu, leur album « du retour », Communion, n’est pas oublié avec les compositions devenues incontournables à l’image de Anubis. Sur scène, outre l’imposant guitariste Christos Antoniou et ses longues dreads, c’est surtout son grand frère Spiros qui attire les regards, l’homme ayant une aura particulière.

En bref, une setlist renouvelée, une formation légèrement moins en pilote automatique que sur d’autres prestations récentes. Pour ma part, l’intérêt de la soirée résidait dans un seul groupe : Inquisition, qui a clairement été stratosphériquement au-dessus du reste. 

Setlist Septicflesh :
Portrait of a Headless Man
The Vampire From Nazareth
Martyr
Prototype
Pyramid God
Enemy of Truth
Communion
Prometheus
Dante's Inferno
Anubis
Dark Art

Merci à SPM Prod pour cette date ! On retrouvera l'association avec Korpiklaani, Heidevolk, Arkona et Trollfest au Bikini le 22 février.

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