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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Pharaoh

Be Gone

LabelCruz Del Sur
stylePower Metal
formatAlbum
paysUSA
sortiemai 2008
La note de
U-Zine
6/10


U-Zine

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Quand on s'appelle Pharaon, il faut un peu avoir les mesures de son patronyme. C'est vrai on ne peut pas impunément se donner nom de l'autorité suprême des égyptiens (de l'époque antique, bien sûr) et se la jouer petit bras côté métal. Alors pour cela quoi de mieux que de se payer une des pointures de l'illustration pour faire sa pochette? Jean Pascal Fournier réalise ici une œuvre dont seul lui a le secret, à la fois bucolique et mystérieux. D'ailleurs on peut se poser la question du lien entre cette illustration et le titre de l'album Be Gone, qui signifie quelque chose du type « va-t-en ». Mais le plaisir d'avoir un cd promo coupe toute possibilités d'en savoir plus, donc on en restera là pour aujourd'hui. On précisera tout de même qu'au chant se trouve Tim Aymar que certains d'entre vous auront eu l'occasion d'apprécier sur l'album de Control Denied, le projet heavy de feu Chuck Shuldiner. Ceci laisse présumer de la qualité du chant qui est un des points forts de l'album.

Si on rentre plus directement dans la musique, la première et non moins persistante impression que l'on a est celle d'une influence prépondérante du power à l'américaine. Pharaoh a parfaitement digéré ses influences et les reproduit avec fidélité et un certain talent. Parmi ces influences on pourrait citer Iced Earth ou encore Jag Panzer, pour le côté quasi épique de certains titres et un effet sur la voix, ce chant un peu aigu, doublé sur une musique qui ne fait pas forcément la part belle à la vitesse mais plutôt à l'écrasante lourdeur des rythmiques et ce sentiment de rouleau compresseur qui écrase tout sur son chemin, tout en prenant son temps. En fait, on ne retrouvera que deux titres où le tempo change et est un peu plus élevé: Rats and Ropes et Telepath, le reste est plutôt un enrobage pour les mélodies. Car on a compris que les Américains veulent mettre en avant leur guitariste et leur chanteur, et pour cela ils sortent le grand jeu côté six cordes, chaque titre a son solo, et la distorsion est reine: à part sur Cover your Eyes and Pray, les arpèges et la guitare acoustique ne sont pas vraiment à la fête.

Tout est travaillé à l'extrême, prenez Red Honour en exemple, derrière le chant se trouve une rythmique assez peu commune: elle change, est pleine de petits détails techniques, et surtout bien sentie, car elle passe légèrement et naturellement, ils ont su trouver la limite entre peaufiner et exagérer. Et surtout Matt Johnsen a doublé ses guitares intelligemment, là encore dans la plus pure tradition du power à l'américaine. On regrettera juste que le son ne soit pas un peu plus gonflé, il est un peu en dessous de ce que l'on pourrait attendre d'un tel groupe. Surtout que ce dernier ne comporte pas de maillon faible et que chacun tient sa place de manière carrée et avec pertinence.

Mais au bout d'un moment, après toutes ces éloges, on arrive à un mur: celui du déjà entendu. Cet album tout bon soit-il, n'a pas forcément une durée de vie extraordinaire car comme je l'ai précisé plus haut, il reprend les canons du genre, de fort belle manière, mais sans leur apporter quoi que ce soit. Surtout quand le chant est connu dans un autre groupe; il lui faut une forte personnalité pour tirer son épingle du jeu. Dans le cas de Tim Aymar, on ne pourra pas nier qu'il est très fort, mais parfois on se laisse emporter par la musique et on est bercé par son côté « je recrache mes influences » et il ne peut rien faire pour nous sortir de notre torpeur. En gros, on décroche. La sensation la moins agréable a été que, sans me considérer comme un blasé de la musique, on a aucun mal à anticiper ce qui arrive sans même l'avoir écouté: la composition est téléphonée ce qui n'engage guère à ré écouter. Pour moi il n'y a rien à dire, l'interprétation est excellente et les musiciens sont fantastiques mais leurs titres sont déjà en partie présents dans nos esprits, qu'ils viennent des influences citées plus haut ou d'autres groupes similaires (Telepath a des relents de Persuader pour ne citer qu'une chanson). Chacun retrouvera des riffs, des breaks, un refrain qui le fera tilter et dire: « tiens, là il va faire péter un solo! » ou « je connais ce morceau... » et vous aurez raison.

Et c'est pour cela que je ne peux pas vraiment faire monter la note. Je vous encourage vraiment à écouter cet album, Pharaoh vaut le détour, mais quelques tours dans le lecteur cd et puis s'en va. En clair, l'interprétation vaut la note maximum, l'originalité la note minimale; d'où une note finale assez moyenne.

01. Speak to Me
02. Dark New Life
03. No Remains
04. Red Honor
05. Buried at Sea
06. Rats and Rope
07. Cover Your Eyes and Pray
08. Telepath
09. Be Gone

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