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Album

30 décembre 2017 - Pamalach

Converge

The Dusk In Us

LabelEpitaph Records
styleHardcore
formatAlbum
paysUSA
sortienovembre 2017
La note de
Pamalach
7.5/10


Pamalach

"Les vrais savent, les vrais font".

"All We Love We Leave Behind", le précédent album de Converge, m'avait beaucoup plu. Des titres comme "Sadness Comes Home", "Predatory Glow" et bien sûr l'impitoyable "Trepasses" étaient tout autant de bourrasques de torgnoles ravageuses que des "classiques" à la hauteur des meilleurs titres du combo comme "Concubine", "No Heroes" et tant d'autres. Plus abouti que "Axe To Fall" (trop limite pour être un Converge digne de ce nom) il ouvrait tout un champ de possibles sur l'évolution du groupe avec plus de nuances au niveau des sonorités, des passages plus mélodiques et toute une charrette d'expérimentations diverses et variées. Sans se vendre, Converge évoluait. Attention, je sais pertinemment que les fans de Converge ne sont pas tous du même avis et que pas mal considèrent que le groupe a perdu son mojo depuis longtemps. Pour eux, peu de doutes quand au verdict de cet album... ce qui est dommage car il a recelé de nombreux trésors à découvrir, et est moins "Metal" que "All We Love..." spécificité assez peu appréciée de certains amateurs de la première heure. "The Dusk In Us" suit assez logiquement la même direction que son prédécesseur et propose, à peu de choses près, un univers assez similaire à "All We Love...". De gros morceaux de violence débridée, des passages mélodiques à la limite de l'atmo/planant et des mid tempos ultra lourds et granuleux. Mais si ce mélange n'a, en apparence, rien de vraiment révolutionnaire, on sait qu'avec Converge, les choses ne sont jamais aussi simples que lorsqu'on les perçoit au départ. En effet, plus j'écoute cet album et plus il me semble porter en lui une lourde charge mélancolique, toujours palpable malgré les débordements de violence et les instants plus feutrés. Bienvenue aux portes d'un album complexe, fruit de la conception d'un groupe qui n'a jamais eu peur de partir dans de nouvelles directions.

Pas de réel danger si le risque de se casser la gueule n'est pas tangible n'est ce pas ? Si la flamboyance de Converge lui a rarement fait défaut, elle a mis en lumière ses moments moins inspirés plus que ne l'aurait fait un groupe moins habitué à la grandiloquence de ses compositions (certains combos n'ont pas ce luxe car trop habitués à faire de la merde). Tant que la qualité reste une dominante des chansons, l'inéluctable érosion de la rage et de la folie passe plus facilement... et on finit par revenir à cette formule éculée, mais ô combien vérace, à savoir qu'il vaut mieux des albums différents et honnêtes qu'une suite sans fin de photocopies sans saveur. Si l'effet de surprise était vraiment manifeste sur le précédent album, Converge a cependant toujours laissé entrevoir des pistes d'évolution tout au long de ses albums alliés à une curiosité musicale lui ayant fait souvent prendre des chemins biscornus. Le groupe s'aventure donc sans peur sur divers sentiers et s'en sort comme d'habitude avec les honneurs, sa créativité offrant quelques pièces incroyablement racées et surprenantes.

A ce titre, le morceau le plus surprenant de cet album est sans contexte pour moi "Reptilian", incroyable bestiole aux confins du Stoner, du gros Heavy et du Hardcore qui se métamorphose peu à peu en une saloperie vicieuse, alimentée par un son démentiel et un feeling renversant. Moins évident mais terriblement mémorisable est "The Dusk In Us", curieuse mélopée voilée de mystère qui fait tour à tour penser à du Deftones ou A Perfect Circle. Difficile de nier la beauté du titre et le coté entêtant du riff surtout quand la fin se radicalise en dérapant avec les crises de nerfs habituelles du groupe. "Under Duress", quasi dans le même style, traine sa lourde charge émotionnelle à travers de gros accords massifs mâtinés de disharmonies familières au combo. Rien qu'avec ce trio de chansons particulières, Converge remporte une première manche, montrant qu'ils peuvent toujours proposer des titres singuliers et passionnants.

Plus classique mais bien sûr pas dénué d'une redoutable efficacité, "Eye of the Quarrel" défonce tout sur son passage tandis que le gueulard et saturé "I Can Tell You About Pain" montre que le groupe aime toujours quand la musique fait beaucoup de bruit. "Murk and Marrow" montre lui aussi que le groupe garde ce côté noisy bien chevillé au corps, la guitare faisant tellement rugir les larsens qu'elle finit par nous faire péter la boîte à synapses. Je n'oublie pas l'impérial et énigmatique "Trigger" remplissant encore la besace des bons titres de ce skeud. D'autres morceaux entretiennent bien le rythme en se rangeant dans le côté classique et efficace de l'identité la plus frontale de Converge quand d'autres se font hélas vite oublier car un peu trop automatiques ou stéréotypés. Et c'est comme vous l'aurez compris la limite de cet album, inégal dans la pertinence de ses chansons. Avec le temps, "All We Love..." me semble lui aussi souffrir de cette problématique quand les vieux albums étaient eux cohérents de bout en bout. Gageons néanmoins qu'en presque trente ans de carrière et neuf albums, Converge continue à évoluer, à proposer une majorité de titres explosifs et passionnants par albums et garde son intégrité créatrice intacte. Tout le monde ne peut pas en dire autant...

 

Tracklist :

1 - A Single Tear
2 - Eye of the Quarrell
3 - Under Duress
4 - Arkhipov Calm
5 - I Can Tell You About Pain
6 - The Dusk in Us
7 - Wildlife
8 - Murk and Marrow
9 - Trigger
10 - Borken by Light
11 - Cannibals
12 - Thousands of Miles Between Us
13 - Reptilian

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