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Album

24 décembre 2017 - ZSK

Anima Damnata

Nefarious Seed Grows To Bring Forth Supremacy Of The Beast

LabelGodz Ov War Productions / Malignant Voices
styleBrutal Death/Black Metal
formatAlbum
paysPologne
sortienovembre 2017
La note de
ZSK
7/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Hé bien, ça ne chôme pas du côté de la Pologne, et en particulier du côté du chanteur et musicien Marek « Necrosodom » Lechowski. A peine a-t-il quitté Azarath que nous apprenons que Deus Mortem va enregistrer son deuxième album et aussi, que Anima Damnata est de retour. Après 10 ans d’absence discographique, le groupe formé en 1996 autour du batteur Łukasz « Master of Depraved Dreaming and Emperor of the Black Abyss the Great Lord Hziulquoigmzhah Cxaxukluth » Boguszewicz revient donc se rappeler à notre bon souvenir. Necrosodom ou plutôt « Archangel of Evil Spells, Morbid Priest of Arcane Perfection vel Necrosodom », qui a rejoint Anima Damnata en tant que guitariste/chanteur en 2000 (donc encore bien avant d’intégrer Thunderbolt puis Azarath) a donc décidé de réactiver la formation en tant que duo avec… euh, le batteur pour un nouveau méfait. Méfait composé entre 2009 et 2015 qui devait donc un peu traîner dans les cartons mais soit. Si le groupe est complété par le guitariste « Apocalyptic Profanator of the Holy Laws, The Supreme Ruler of Abominations » (Devilpriest avec… euh, le batteur) et le bassiste « The Mighty Initiatior of Barbarous Rituals, Herald of Heathen Fire » (Genius Ultor, Stillborn, mais aussi Azarath en Live), c’est bien le duo entre Necrosodom et… euh, le batteur qui a enregistré Nefarious Seed Grows To Bring Forth Supremacy Of The Beast, troisième full-length d’Anima Damnata qui succède à Agonizing Journey Through The Burning Universe And Transcendental Ritual Of Transfiguration (2003) et Atrocious Disfigurement Of The Redeemer's Corpse At The Graveyard Of Humanity (2007). Voilà, ça fait beaucoup de mots et enlevez les pseudos et noms d’albums et ce paragraphe introductif ne devrait pas dépasser une poignée de lignes. Je ne vais pas l’allonger davantage d’ailleurs…

Bon, derrière cet étalage de mots bien evil, il y a quoi ? De la bonne brutalité, à la polonaise finalement, mais dans une version bien crade et très Satan. Sans rien révolutionner, Anima Damnata pratique depuis ses débuts un Death/Black bien brutal et rentre-dedans, sans concessions ni pitié, cracra mais bien puissant. Ses deux premiers albums étaient peut-être un peu noyés dans la masse mais la réputation acquise par Necrosodom avec Thunderbolt, Azarath et Deus Mortem a probablement permis d’exhumer un tantinet les deux premiers albums du groupe. Maintenant que Thunderbolt a splitté et que Necrosodom a quitté Azarath, Anima Damnata va pouvoir revenir près du devant de la scène et véritablement y prendre place. Si l'on juge les deux premiers albums à leur stricte valeur, il n’y aura cependant pas de grosse surprise vu que Nefarious Seed Grows To Bring Forth Supremacy Of The Beast reprend globalement les choses là où elles s’étaient arrêtées avec… heu, l’opus précédent. Mais l’expérience acquise par les musiciens pendant 10 ans a permis à Anima Damnata d’évoluer un peu sur la forme, le son est un peu plus propre mais encore plus puissant, assuré par M. de Mgła et Kriegsmaschine s’il vous plaît. Qu’on se rassure, Anima Damnata n’est pas devenu un Vader ou un Behemoth et l’ensemble demeure bien sûr brut de décoffrage, plus proche des origines underground mais qui ont su évoluer avec leur temps. Le chant de Necrosodom est peut-être légèrement moins glaireux qu’à l’époque, plus proche de ce qu’il fait (enfin faisait) dans Azarath. D’ailleurs la « Necrosodom touch »  de ces dernières années va quand même fatalement ressortir sur Nefarious Seed Grows To Bring Forth Supremacy Of The Beast d’autant qu’il en a signé toutes les parties de guitare et de basse. Aussi, ce troisième méfait d’Anima Damnata sonne souvent comme le Azarath de Blasphemers’ Maledictions qui aurait retrouvé la pure violence des opus sortis avant Diabolic Impious Evil, croisé avec le Thunderbolt le plus bourrin c’est-à-dire celui de Inhuman Ritual Massmurder. Cela fait plutôt de Anima Damnata un condensé de ce que les groupes de la « galaxie Necrosodom » ont composé de plus brutal ces derniers temps, le chanteur/guitariste/bassiste ayant vraiment repris la formation à bras le corps mais ma foi, ça reste du Anima Damnata avec son penchant bien Satan, donc ça ne rigole pas et ça blasphème allègrement pendant 41 minutes.

Et il n’y a finalement pas grand-chose à dire de plus sur cet album très dense et condensé qui n’y va pas par 4 chemins et qui déglingue tout droit sans trop se poser de questions. Les blasts assassins et les patterns percutants, les riffs rangés et tranchants, les leads et solos destroy, le chant agressif et monolithique, de légers ralentissements pour mieux appuyer les accélérations, tout y est le plus souvent exécuté sous une certaine pointe de vitesse. Il ne fait nul doute que Anima Damnata fait partie des formations les plus brutales en matière de Death-Metal polonais et Nefarious Seed Grows To Bring Forth Supremacy Of The Beast ne déroge pas à la règle voire lui fait honneur. Difficile de ne pas taper du pied lors des compos les plus jouissives de morceaux comme "Praise the Fall of God", le très violent "Uprising Lucifer" et son départ en trombe, ou encore "Your Life Is Cursed" et l’hyper expéditif "His Light Shines Upon Me". Mais bon, il faut tout de même avouer que si on connaît la scène polonaise sur le bout des doigts et ce qu’a fait Necrosodom dans ses autres groupes en particulier, on fait vite le tour de Nefarious Seed Grows To Bring Forth Supremacy Of The Beast, album tout de même assez linéaire et répétitif, dont l’inspiration des musiciens s’effiloche petit à petit avec des longueurs à la clé, même s’ils sont en forme de compétition dès que la vitesse et la force de frappe s’emballent (notons encore à ce titre les accélérations sauvages de morceaux comme "Through Abomination ‘Till Ecstasy", "I Hail His Name" et "Blend into Satan"). 10 ans après, Anima Damnata fait donc un retour sans prétention avec un album indéniablement efficace, c’est tout à leur honneur mais on attendait peut-être un peu plus, l’ensemble étant trop classique et ressemblant effectivement un peu trop à du Azarath/Thunderbolt sous speed, l’originalité n’étant c’est sûr pas franchement de mise ici. Anima Damnata aurait peut-être pu faire quelque chose de grand, surtout qu’au final je trouve le dernier Azarath en date un peu anecdotique (de même que le dernier EP de Deus Mortem au passage), mais ça sera peut-être pour plus tard après tout. Même s’il tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, le retour d’Anima Damnata est remarquable même s’il n’intéressera probablement que ceux qui décortiquent de près les line-up des groupes et suivent les formations connexes de près, la patte Necrosodom récente marquant très voire trop Nefarious Seed Grows To Bring Forth Supremacy Of The Beast qui, au minimum, fait tout de même du bien par où il passe et effectue un nettoyage en règle de vos tympans avec une recette 100% polonaise.

 

Tracklist de Nefarious Seed Grows To Bring Forth Supremacy Of The Beast :

1. The Promethean Blood (4:39)
2. Praise the Fall of God (3:46)
3. Uprising Lucifer (4:02)
4. Through Abomination 'Till Ecstasy (4:32)
5. I Hail His Name (3:15)
6. Your Life Is Cursed (3:50)
7. Numinous Ascension into a Black Hole (4:48)
8. His Light Shines upon Me (2:21)
9. Blend into Satan (5:04)
10. Void of the Abyss (4:59)