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On croyait le néo-métal éperdu et définitivement perdu dans la jungle des nouveaux styles fleurissant à tout va, mais une poignée d’irréductibles semblent vouloir se raccrocher à la barre souffreteuse du style des années 90.
Alors que nous nous remettons à peine de la disparition de la Team Nowhere (qui en son temps portait haut et fort les couleurs du style), voici venir les Américains de Ekotren, que l’on aurait très bien pu apprécier dans un tel groupuscule, visière baissée et adolescentes à leurs pieds.
Établis par pure coïncidence forcée à la fin des années 2000, à l’apogée du genre dit Nu-metal par les spécialistes, Ekotren nous propose à l’écoute son premier album, Light The Fire, préparé sagement dans leur coin. Et quelle écoute pour une toute première galette fadasse, pénible et poussive.
Pochette bricolée façon « Loisirs et créations », Light The Fire ne brille pas de milles feux. Ce n’est d’ailleurs pas une lumière d’inventivité et d’originalité, pour le débarquement d’un groupe immergé dans les eaux troubles du revirement metal opéré du début du siècle, à l’actualité qu’on lui connaît. Dépassé et vieux jeu sur l’intégralité de son œuvre, que dire des morceaux « Tranqualized » ; le trop efficace « Paper Within » ou encore la bande originale adolescente « Falling », ponctuant l’album de ces cinq gaillards, restés sur leurs acquis.
Si tenter était que le groupe ait eu l’intelligence de nous délivrer un minima d’émotions, nous en aurions eu au moins pour notre argent. Seulement le chant clair de John Sheldon et les mélodies faciles de deux guitares se répondant, par un jeu de cache-cache enfantin, n’arrivent même pas à développer un quelconque univers.
À la rencontre d’un Trust Company (si, rapellez-vous !), d’un Lostprophets (le dynamisme en moins), d’un Nickelback copulant avec Saliva, on peine à parcourir en intégralité la rondelle et à se laisser guider par 11 chansons de midinettes bien peu aventureuses. Loin de blâmer les goûts et les couleurs de la formation - le groupe devant y trouver son compte (en banque) - on pointera du doigt le manque cruel de prise de risques et de créativité. « Needed your more » en tête, où l’on se rappellera vaguement combien nos années collèges étaient ponctuées de groupes sirupeux, plus aptes à montrer leurs gueules d’ange, que de restituer leurs tripes à travers un micro.
On soulignera malgré cela la volonté singulière du groupe d’incorporer par rapport à ses EPs précédents, plus d’agressivité, voir d’énergie, comme sur le titre de fin « Chupacabra », dont on ne sait toujours pas si le groupe en est l’investigateur. Trop de plans, trop d’excentricité, trop de décibels pour le groupe, il nous aura fallu attendre l’« Happy End » libérateur, pour constater la fin d’un long tunnel conventionnel. On ne saura d’ailleurs probablement jamais si le groupe est près à se lancer dans un style plus charnu, à l’image de ce titre ou de « Tables Have Turned », véritable balle au bond métal, tirant davantage sa source la pure veine du néo, contrairement aux sommaires ballades électrifiés proposés en parallèle par la formation de Floride.
Nous ne savons toujours pas qu’elles ont été les motivations à l’achat d’Ekotren par Blind Prophecy Records. Tout semble s'être monnayé en costard-cravatte, sous-couvert de gros biftons et d'un oncle bien implanté dans le label depuis fort longtemps. La nostalgie d’une époque fertile censée contrecarrer le metalcore ? Un simple caprice de la maison de disque ? L’espoir de les voir dépoussiérer l’identité de toute une génération ? L’histoire ne nous le dit pas, mais le récit, que l’on pourrait tisser autour du groupe semble tout aussi sommaire et sans grand intérêt, à l’image d’un album que l’on vous déconseille vivement.
1. Light The Fire
2. Paper Thin
3. Become
4. The Tables Have Turned
5. Tranquilized
6. Nothing Left
7. Falling
8. Death Blanket
9. Point of View
10. Needed You More
11. Chupacabra