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Album

04 novembre 2017 - ZSK

MagnaCult

Infinitum

LabelGraviton Music Services
styleThrash/Death Metal
formatAlbum
paysPays-Bas
sortiemai 2017
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Si je vous dis Pays-Bas et Metal, vous allez me citer les vieux croûtons comme Asphyx Pestilence ou Thanatos, Textures Exivious et compagnie, la nouvelle scène Black avec Dodecahedron et Ulsect si vous avez bon goût et suivez mes publications, Within Temptation After Forever et consorts si vous avez mauvais goût (cartouche totalement gratuite), ajoutez à cela quelques formations plus ou moins extrêmes de renom (Carach Angren, Cirith Gorgor, Gnaw Their Tongues, God Dethroned, Legion Of The Damned, Prostitute Disfigurement, The Monolith Deathcult, Urfaust…) ou encore quelques newcomers croustillants comme Bodyfarm ou AntropomorphiA, ainsi que ce qui tourne autour de The Gathering et Ayreon et on a presque fait le tour. Il y a de quoi faire, même si les formations bataves ne sont pas spécialement légion. Aujourd’hui, parlons un peu d’un groupe noyé au milieu de tout ça, MagnaCult originaire d’Amsterdam et qui sévit depuis 2005. N’appartenant pas à un courant particulier, le quintette déroule son Thrash/Death depuis 2007 et son premier album Synoré. Patient et pas spécialement actif (un album tous les 5 ans, c’est un rythme soutenu !), le groupe ne s’était pas spécialement fait remarquer jusque-là, son second album Insua EnVenom sortira même en autoproduction en 2012. Rien n’est pourtant disposé à arrêter le groupe même s’il prend son temps. Maintenant niché chez Graviton Music Services, MagnaCult est prêt à délivrer son troisième album, Infinitum, où il va démontrer une évolution fulgurante et peut-être réussir à se faire vraiment remarquer.

Bon il faut dire que la qualité relative des deux premiers albums n’incitait pas jusque-là à s’intéresser de plus près au groupe, avec un Thrash/Death assez commun, aux vocaux assez rebutants. MagnaCult va mettre un coup de balai à tout ça dès le début de "Righteous Murder". Le groupe hollandais nous balance à la tronche un Thrash/Death très vénère, d’obédience scandinave, à la Hateform et The Resistance (quand chacun était au top de sa forme, s’entend). Un départ en fanfare porté en sus par une prod qui défonce, ce qui sera d’ailleurs un des points forts de ce Infinitum, sans avoir eu recours à de grands studios. Une mosh-part bien voyou plus tard et on comprend que MagnaCult ne plaisante plus, et semble bien déterminé à sortir de la seconde division en taclant et en balançant devant. La formation dégueule un Thrash/Death plutôt moderne, avec un chant oscillant entre gueulé et crié et s’aventurant parfois dans des terres Metal-Hardcore (de même que la musique par moments), sans concessions même si en 46 minutes, le jeu aura le temps de varier. Tantôt bien groovy ("I’m Chosen" et son riffing complexe, "Be Freed Be Death" et ses excellents riffs, le très puissant morceau-titre) ou sortant de sa poche les bons gros riffs (le final de "Holy-Um", "Thou Shall Trust No One", le massif "Schwatt Matt"), tantôt plus mélodique (le très scandinave "Scars" -ben tiens, c’est le nom d’un album de The Resistance…- avec ses ambiances sombres, "Holy-Um", "Thou Shall Trust No One"), Infinitum prend le temps de faire le tour de tout ce qui peut se faire autour du Thrash/Death et se pose, écoute après écoute, comme un album assez intéressant, inspiré et bien composé dans l’ensemble.

Et l’on aura même le droit à des morceaux de premier choix, au premier abord c’est le tubesque "Liberate" qui retient l’attention mais "Righteous Murder" et "Schwatt Matt" tirent très vite leur épingle du jeu, et que dire du final bien cossu qu’est "Trash". Il y a vraiment de quoi faire sur Infinitum qui se pose bien vite comme quelque chose de plus travaillé et convaincant que n’importe quel album de Thrash/Death de seconde zone. Il y a certes des petites longueurs ("Thou Shall Trust No One", suivi de l’interlude "8" plutôt dispensable) et les influences ressortent pas mal à certains endroits (Gojira sur la fin de "Be Freed Be Death" et sur "Holy-Um", Pantera sur "I’m Chosen") et je ne suis vraiment pas convaincu par l’original "Holy-Um" qui ose les grattes acoustiques et le chant féminin au milieu de tout ce Thrash/Death très fleuri. Mais dans sa globalité, Infinitum est vraiment une bien bonne surprise. Il est déjà à des années-lumière au-dessus des deux premiers albums et pour un groupe très connoté seconde division, MagnaCult fait plus que bien le taf, pour un album réussi dans le fond comme dans la forme, surtout la forme avec cette prod décapante. The Resistance faiblit et Hateform a splitté après un troisième et décevant album (j’attire le chaland, mais foncez sur Origins Of Plague si ce n’est pas déjà fait), du coup on peut aisément se rabattre sur les Pays-Bas même si le spectre musical de ces bataves est un peu plus large. Quoi qu’il en soit, si vous cherchiez du Thrash/Death moderne mais pas trop, suffisamment groovy et un peu mélodique, qui latte bien mais qui sait réfléchir, tentez ce troisième opus de MagnaCult qui est un bon petit album de Metal vénère mais contrôlé, pour un groupe qui dévoile enfin son plein potentiel. Confirmation de tout ça en… 2022 ?

 

Tracklist de Infinitum :

1. Righteous Murder (3:02)
2. I'm Chosen (4:17)
3. Scars (4:34)
4. Liberate (4:36)
5. " (1:01)
6. Be Freed by Death (4:31)
7. Holy-Um (4:23)
8. Infinitum (4:35)
9. Thou Shall Trust No One (3:50)
10. 8 (3:04)
11. Schwatt Matt (4:41)
12. Trash (3:15)